đŸ„Œ Bertrand Russell Eloge De L OisivetĂ© Pdf

LEloge de l'oisivetĂ© est une pĂ©pite dĂ©nichĂ©e dans l'oeuvre immense et protĂ©iforme de Bertrand Russel. Dans la grande tradition des essayistes anglais (Swift, Stevenson), il manie le paradoxe pour s'attaquer aux fondements mĂȘmes de la civilisation moderne. DerriĂšre l'humour et l'apparente lĂ©gĂšretĂ© du propos se cache une rĂ©flexion de

Travail forcĂ© et Ă©thos du travail Claus Peter Ortlieb* Voir le Fichier C_P_Ortlieb_Travai Les mĂ©thodes de production modernes ont rendu possibles le confort et la sĂ©curitĂ© pour tous ; Ă  la place, nous avons choisi le surmenage pour les uns et la famine pour les autres. Jusqu’à prĂ©sent nous avons continuĂ© Ă  dĂ©ployer la mĂȘme activitĂ© qu’au temps oĂč il n’y avait pas de machines ; en cela nous nous sommes montrĂ©s stupides, mais rien ne nous oblige Ă  persĂ©vĂ©rer Ă©ternellement dans cette stupiditĂ©. » Bertrand Russell, Eloge de l’oisivetĂ©, 1932 Quatre-vingt ans et une crise Ă©conomique mondiale plus tard, notre intelligence n’a manifestement guĂšre progressĂ©, au contraire si depuis lors la productivitĂ© du travail dans l’industrie et l’agriculture s’est vue grosso modo dĂ©cuplĂ©e, on ne peut pas dire qu’elle ait apportĂ© Ă  tous confort et sĂ©curitĂ©. L’Europe, qui certes, pour le moment, s’est sort encore relativement bien, assiste Ă  une hausse record de son taux de chĂŽmage. Quant aux quelques Ăźlots qui demeurent compĂ©titifs au plan global, ils luttent depuis des annĂ©es dĂ©jĂ  contre les nouvelles pandĂ©mies provoquĂ©es par la contraction progressive de l’offre de travail du burn-out-syndrom[1] Ă  la mort subite due au surmenage en passant par la consommation routiniĂšre de produits psychopharmaceutiques. Gardons-nous cependant d’imaginer que cette ardeur excessive au travail constatĂ©e par Russell ne serait rien d’autre qu’une habitude devenue obsolĂšte et qu’il nous suffirait de laisser tomber – une habitude hĂ©ritĂ©e du temps oĂč il n’y avait pas de machines. Au Moyen Age, oĂč le travail comme fin en soi Ă©tait chose inconnue, on travaillait en fait moins qu’aujourd’hui. La raison en est simple le travail tel que nous l’entendons, c’est-Ă -dire la dĂ©pense abstraite d’énergie humaine indĂ©pendamment de tout contenu particulier, est historiquement spĂ©cifique. On ne le rencontre que sous le capitalisme. Dans n’importe quelle autre formation sociale, l’idĂ©e aujourd’hui si universellement rĂ©pandue selon laquelle un travail, quel qu’il soit, vaut mieux que pas de travail » aurait paru, Ă  juste titre, complĂštement dĂ©lirante. Ce dĂ©lire est le principe abstrait qui rĂ©git les rapports sociaux sous le capitalisme. Si l’on fait abstraction des activitĂ©s criminelles, le travail – qu’il s’agisse du nĂŽtre ou de l’appropriation de celui d’autrui – est pour nous l’unique moyen de participer Ă  la sociĂ©tĂ©. Mais, en mĂȘme temps, il ne dĂ©pend pas du contenu de l’activitĂ© en question ; que je fasse pousser des pommes de terre ou que je fabrique des bombes Ă  fragmentation n’a aucune importance, du moment que mon produit trouve un acheteur et transforme ainsi mon argent en davantage d’argent. Base de la valorisation de la valeur, le travail constitue une fin en soi et un principe social contraignant dont l’unique but consiste Ă  accumuler toujours plus de travail mort » sous forme de capital. Une contrainte Ă  laquelle tout est soumis dans la mĂȘme mesure ne se maintiendra durablement qu’à condition que ceux qu’elle ligote apprennent Ă  aimer leurs chaĂźnes. En cela aussi la sociĂ©tĂ© bourgeoise se distingue des prĂ©cĂ©dentes. D’Aristote Ă  Thomas d’Aquin en passant par Augustin, les philosophes de l’AntiquitĂ© et du Moyen Age ont cĂ©lĂ©brĂ© l’oisivetĂ© – et surtout pas le travail – comme la voie menant Ă  une vie heureuse Au dire de la plupart des hommes, le bonheur ne va pas sans le plaisir. » Aristote 384 – 322 av. Ethique Ă  Nicomaque L’apprentissage de la vertu est incompatible avec une vie d’artisan et de manƓuvre. » Aristote, Politique Quittons ces vaines et creuses occupations abandonnons tout le reste pour la recherche de la vĂ©ritĂ©. » Augustin 354 – 430 ap. Les Confessions Absolument et de soi la vie contemplative est plus parfaite que la vie active. » Thomas d’Aquin 1125 – 1274, Somme thĂ©ologique D’autres ne seront pas du mĂȘme avis, tels par exemple les fondateurs de certains ordres monastiques qui verront dans le travail un moyen d’atteindre l’ascĂšse et l’abstinence. Mais c’est seulement au protestantisme qu’il reviendra d’en faire un principe Ă  grande Ă©chelle, appliquĂ© Ă  l’ensemble de la population L’oisivetĂ© est pĂ©chĂ© contre le commandement de Dieu, car Il a ordonnĂ© qu’ici-bas chacun travaille. » Martin Luther 1483 – 1546 Et les LumiĂšres n’auront de cesse d’élever l’éthos du travail, autrement dit l’obligation morale de travailler, au rang de fin en soi Il est de la plus haute importance que les enfants apprennent Ă  travailler. L’homme est le seul animal qui doit travailler. » Kant, RĂ©flexions sur l’éducation, 1803 La plus grande perfection morale possible de l’homme est de remplir son devoir et par devoir. » Kant, Principes mĂ©taphysiques de la morale, 1797 Il n’existe qu’une seule Ă©chappatoire au travail faire travailler les autres pour soi. » Kant, Critique du jugement, 1790 De ces trois vices la paresse, la lĂąchetĂ©, la faussetĂ©, le premier semble ĂȘtre le plus mĂ©prisable. » Kant, Anthropologie d’un point de vue pragmatique, 1798 Que l’on s’informe tout particuliĂšrement sur les personnes qui se distinguent par une conduite indigne ! On dĂ©couvrira invariablement soit qu’elles n’ont pas appris Ă  travailler, soient qu’elles fuient le travail. » Fichte, Discours Ă  la nation allemande, 1807 Comme il apparaĂźt dĂ©jĂ  dans les derniĂšres citations, l’amour du travail s’avĂšre Ă©troitement liĂ© Ă  la haine des oisifs Chacun doit pouvoir vivre de son travail, dit un principe avancĂ©. Ce pouvoir-vivre est donc conditionnĂ© par le travail et n’existe nullement lĂ  oĂč la condition ne serait pas remplie. » Fichte, Fondement du droit naturel, 1796 Dans les pays chauds, l’homme est mĂ»r plus tĂŽt Ă  tous Ă©gards mais n’atteint pas la perfection des zones tempĂ©rĂ©es. L’humanitĂ© dans sa plus grande perfection se trouve dans la race blanche. Les Indiens jaunes n’ont que peu de capacitĂ©s, les Noirs leur sont bien infĂ©rieurs encore, et au plus bas de l’échelle se placent certaines peuplades amĂ©ricaines. » Kant, GĂ©ographie physique, 1802 Le barbare est paresseux et se distingue de l’homme civilisĂ© en ceci qu’il reste plongĂ© dans son abrutissement, car la formation pratique consiste prĂ©cisĂ©ment dans l’habitude et dans le besoin d’agir. » Hegel, Principes de la philosophie du droit, 1820 Ces propos excluants et racistes sous la plume des philosophes des LumiĂšres ne sont nullement de simples accidents de parcours mais relĂšvent au contraire de l’essence mĂȘme de l’idĂ©ologie du travail. Parce que ce courant de pensĂ©e transfigure le travail en vĂ©ritable but de l’existence de l’homme », tous les dĂ©sƓuvrĂ©s se voient par contrecoup exclus de la race humaine » l’homme est tenu de travailler ; partant, celui qui ne travaille pas ne peut prĂ©tendre au statut d’ĂȘtre humain Ă  part entiĂšre. Ce qui s’exprime ici, c’est la colĂšre du bourreau de travail blanc envers la pression qu’il s’est lui-mĂȘme imposĂ©e, une colĂšre qui prend pour cible tout ce qui fait mine de ne pas se soumettre Ă  ladite pression et de mener une existence oisive les femmes, en charge de la vraie vie » au sein de la sphĂšre privĂ©e – dissociĂ©e du travail – de la famille bourgeoise ; toutes sortes de peuples les attributions sont, cette fois, plus variĂ©es vivant, sans travailler, d’amour et d’eau fraĂźche ; ou encore le capital accapareur[2] », qui s’approprie sans travailler la survaleur créée par d’autres. Les idĂ©ologies modernes du sexisme, du racisme, de l’antitsiganisme et de l’antisĂ©mitisme sont fondĂ©es, elles aussi, sur l’éthos du travail. A partir des annĂ©es 1970, en faisant disparaĂźtre du procĂšs de production des quantitĂ©s toujours croissantes de travail, le potentiel de rationalisation de la microĂ©lectronique a plongĂ© le capitalisme dans la crise. Pour autant, la pression intĂ©rieure et extĂ©rieure qui pousse les hommes Ă  travailler n’a pas diminuĂ© mais s’est mĂȘme au contraire accentuĂ©e Ă  mesure que se rarĂ©fiaient les emplois ». Pour les laissĂ©s pour compte, les conditions se sont durcies ils sont dĂ©sormais trop nombreux pour que leur entretien humain reste longtemps encore compatible avec le maintien de la compĂ©titivitĂ© au plan global. La nĂ©cessitĂ© incontournable de ramener les hommes au travail » Angela Merkel ne fait qu’obscurcir la perception du problĂšme la responsabilitĂ© du chĂŽmage ne serait plus imputable Ă  la disparition progressive du travail mais aux chĂŽmeurs eux-mĂȘmes, qu’il faudrait par consĂ©quent ramener, par tous les moyens de coercition dont on dispose, Ă  un travail qui n’existe plus. Quelque chose de semblable se dĂ©roule Ă©galement au niveau europĂ©en on impose aux pays en faillite » restĂ©s Ă  la traĂźne de l’Europe des politiques d’austĂ©ritĂ© grĂące auxquelles ils sont censĂ©s, une fois cette pĂ©nible Ă©preuve traversĂ©e, redevenir compĂ©titifs. C’est aussi crĂ©dible que si la FĂ©dĂ©ration allemande de football prĂ©tendait, par un entraĂźnement appropriĂ©, hisser tous Ă  la fois les dix-huit clubs de la Bundesliga[3] aux quatre places possibles en Ligue des champions[4]. Il n’y a manifestement d’issue que dans l’abolition du travail, mais cela implique bien sĂ»r d’abolir Ă©galement le capitalisme. S’y oppose en outre notre Ă©thos du travail, fruit de plusieurs siĂšcles de dressage D’aucuns diront qu’il est certes agrĂ©able d’avoir un peu de loisir, mais que les gens ne sauraient pas comment remplir leurs journĂ©es s’ils n’avaient Ă  travailler que quatre heures par jour. Dans la mesure oĂč cela est vrai dans le monde moderne, cela constitue un reproche adressĂ© Ă  notre civilisation ; Ă  toute autre Ă©poque antĂ©rieure, ce n’aurait pas Ă©tĂ© le cas. » Bertrand Russell, Eloge de l’oisivetĂ©, 1932 Le sort que Hegel assignait aux barbares » nous revient donc celui qui est sans emploi n’a plus qu’à rester plongĂ© dans son abrutissement ». Autrement dit si le sujet bourgeois rĂ©pugne tellement Ă  imaginer sa vie sans le travail, c’est aussi parce que derriĂšre son Ă©thos du travail rĂŽde la peur panique de sa propre vacuitĂ©. Version augmentĂ©e du texte publiĂ© dans Konkret, n°5, 2012 Traduction de l’allemand SĂźnziana [1]Ndt Syndrome d’épuisement professionnel. [2]Ndt Allusion Ă  la vision nazie mais qui est aussi celle d’une partie de la gauche opposant un bon capital crĂ©ateur schaffende Kapital Ă  un mauvais capital accapareur raffende Kapital. [3]Ndt Le championnat fĂ©dĂ©ral allemand. [4]Ndt Le championnat europĂ©en.

Letexte au format EPUB Ă  tĂ©lĂ©charger (Un fichier de 164 K.) Une Ă©dition Ă©lectronique rĂ©alisĂ©e Ă  partir du texte de Bertrand Russell, Éloge de l’oisivetĂ©. PremiĂšre Ă©dition, 1932, Routledge and The Bertrand Russell Peace Fondation. Paris: Éditions Allia, 2002, pour la traduction française, 40 pp. Traduit de l’anglais par Michel Parmentier.
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Editeur Les Belles Lettres Parution 2017-08-04 Collection Le goĂ»t des idĂ©es Formats ePub sans DRM 20,99 € Bertrand Russell IdĂ©aux politiques Dans cet ouvrage de philosophie politique Ă©crit dans le tumulte de la PremiĂšre Guerre mondiale, le cĂ©lĂšbre mathĂ©maticien et philosophe anglais Bertrand Russell avance que l’humanitĂ© court Ă  sa perte et qu’il est impĂ©ratif de modifier en profondeur notre maniĂšre de... Editeur ÉcosociĂ©tĂ© Parution 2016-09-13 Collection Retrouvailles Formats PDF sans DRM, ePub sans DRM 10,99 € PDF sans DRM ePub sans DRM Bertrand Russell Eloge de l'oisivetĂ© L’Éloge de l'oisivetĂ© est une pĂ©pite dĂ©nichĂ©e dans l’Ɠuvre immense et protĂ©iforme de Bertrand Russell. Dans la grande tradition des essayistes anglais Swift, Stevenson, il manie le paradoxe pour s'attaquer aux fondements mĂȘmes de la civilisation moderne. DerriĂšre... 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travaillebeaucoup trop de par le monde, que de voir dans le travail une vertu cause un tort immense, et qu’il importe Ă  prĂ©sent de faire valoir dans les pays industrialisĂ©s un point de vue qui diffĂšre radicalement des prĂ©ceptes tra-ditionnels. Tout le monde connaĂźt l’histoire du voyageur qui, Ă  Naples, vit douze mendiants
En fait, c'est dans son incertitude mĂȘme que rĂ©side largement la valeur de la philosophie. Celui qui ne s'y est pas frottĂ© traverse l'existence comme un prisonnier prisonnier des prĂ©jugĂ©s du sens commun, des croyances de son pays ou de son temps, de convictions qui ont grandi en lui sans la coopĂ©ration ni le consentement de la raison. Tout dans le monde lui paraĂźt aller de soi, tant les choses sont pour lui comme ceci et pas autrement, tant son horizon est limitĂ©; les objets ordinaires ne le questionnent pas, les possibilitĂ©s peu familiĂšres sont refusĂ©es avec mĂ©pris. Mais [...] Ă  peine commençons-nous Ă  philosopher que mĂȘme les choses de tous les jours nous mettent sur la piste de problĂšmes qui restent finalement sans rĂ©ponse. Sans doute la philosophie ne nous apprend-elle pas de façon certaine la vraie solution aux doutes qu'elle fait surgir mais elle suggĂšre des possibilitĂ©s nouvelles, elle Ă©largit le champ de la pensĂ©e en la libĂ©rant de la tyrannie de l'habitude. Elle amoindrit notre impression de savoir ce que sont les choses; mais elle augmente notre connaissance de ce qu'elles pourraient ĂȘtre; elle dĂ©truit le dogmatisme arrogant de ceux qui n'ont jamais traversĂ© le doute libĂ©rateur, et elle maintient vivante notre facultĂ© d'Ă©merveillement en nous montrant les choses familiĂšres sous un jour inattendu. Mais Ă  cĂŽtĂ© de cette fonction d'ouverture au possible, la philosophie tire sa valeur - et peut-ĂȘtre est-ce lĂ  sa valeur la plus haute - de la grandeur des objets qu'elle contemple, et de la libĂ©ration Ă  l'Ă©gard de la sphĂšre Ă©troite des buts individuels que cette contemplation induit ». Bertrand Russell. ProblĂšmes de philosophie. 1912 Payot 1989, p. ThĂšme La philosophie. Questions Qu'est-ce qui fait la valeur de la philosophie ? N'a-t-elle pas plusieurs vertus ? Lesquelles ? ThĂšse La valeur de la philosophie ne tient pas Ă  sa capacitĂ© Ă  rĂ©pondre aux questions qu'elle affronte. A l'inverse de la science qui parvient Ă  des rĂ©sultats positifs, la philosophie ne construit pas de savoirs positifs. Les questions qu'elles posent demeurent ouvertes car son champ de rĂ©flexion est le problĂ©matique. Il s'ensuit qu'elle cultive l'incertitude mais c'est largement» ce qui fait sa valeur. Celle-ci se dĂ©cline de deux maniĂšres D'une part le doute philosophique est ouverture au possible. D'autre part il Ă©largit des frontiĂšres du Moi en le dissolvant dans la contemplation de l'infinitĂ© de l'univers. Il est ainsi le vecteur d'une sĂ©rĂ©nitĂ© et d'une libertĂ© intĂ©rieure que seul peut connaĂźtre un spectateur dĂ©sintĂ©ressĂ© du monde. Eclaircissements Ce texte propose un Ă©loge de la philosophie car ce qui a de la valeur, c'est ce qui inspire le respect ou l'estime. Or paradoxalement, la valeur de la philosophie ne tient pas Ă  ce qu'elle fait grandir la science des hommes et comble l'esprit dans son dĂ©sir de savoir. Sa valeur rĂ©side dans son incertitude. Notons que la prĂ©cision "largement" contient une rĂ©serve. L'incertitude n'Ă©puise pas la valeur de la philosophie mais elle en est une dimension essentielle. Qu'est-ce donc que l'incertitude et en quoi est-ce une vertu ? L'incertitude est le propre d'un esprit qui ne peut pas adhĂ©rer Ă  un contenu de pensĂ©e parce qu'il a conscience de sa faiblesse thĂ©orique. Ne satisfaisant pas aux exigences rigoureuses de la vĂ©ritĂ©, celui-ci demeure douteux. Etre incertain consiste donc Ă  ĂȘtre travaillĂ© par le doute. En ce sens, l'esprit philosophique est le contraire d'un esprit dogmatique. Il s'Ă©tonne, interroge et cherche une vĂ©ritĂ© capable de rĂ©sister aux objections des sceptiques. Bertrand Russell montre que cette attitude est Ă  l'opposĂ© de l'attitude spontanĂ©e. Aussi dĂ©crit-il, en termes quasi platoniciens, les caractĂ©ristiques de l'homme Ă©tranger au questionnement philosophique. Celui-ci est un prisonnier. L'auteur Ă©numĂšre la nature des chaĂźnes le retenant prisonnier et nous apprenons que ce sont Les prĂ©jugĂ©s du sens commun. Les croyances de son temps et de son pays. L'habitude qui rend familier le monde environnant. Au fond, Russell pointe les mĂȘmes pesanteurs que celles que Platon indique dans l'allĂ©gorie de la caverne. AntĂ©rieurement Ă  l'Ă©veil philosophique, l'esprit est le jouet de divers conditionnements. Il a une passivitĂ© propice aux redoutables sĂ©ductions du doxique. Les choses lui semblent aller de soi, et il croit tellement qu'elles sont comme on les dit couramment qu'il oublie de se demander si on les dit comme elles sont. Russell insiste sur ce carcan des convictions qui ont grandi en lui sans la coopĂ©ration ni le consentement de sa raison ». Comme Platon et Descartes, il Ă©pingle la fatalitĂ© de l'enfance qui fait qu'on a absorbĂ© avec le lait maternel et l'apprentissage d'une langue, quantitĂ© de croyances Ă  l'Ă©laboration desquelles la raison n'a pas concouru. Il s'ensuit que l'esprit est toujours dĂ©jĂ  vieux de ce qu'il a inconsciemment incorporĂ© de telle sorte que penser revient Ă  se rĂ©veiller de cette somnolence et Ă  dire non Ă  un impensĂ© se donnant Ă  tort pour une pensĂ©e personnelle. Car l'inertie intellectuelle a ceci de prĂ©judiciable qu'elle confĂšre l'autoritĂ© d'Ă©vidences aux prĂ©jugĂ©s les plus dĂ©nuĂ©s de fondement rationnel. L'Ă©vidence est le caractĂšre d'Ă©noncĂ©s dont la vĂ©ritĂ© saute aux yeux. DĂšs lors comment douter de ce qui paraĂźt Ă©vident ? Le sentiment de l'Ă©vidence rend impermĂ©able au doute. Et l'inaptitude au doute va de pair avec l'Ă©troitesse d'esprit car tant qu'on est persuadĂ© de possĂ©der la vĂ©ritĂ©, on n'est pas enclin Ă  remettre en question ses certitudes. Les convictions opposĂ©es sont d'emblĂ©e disqualifiĂ©es. L'esprit passif est adhĂ©rent et bornĂ©. Il adhĂšre tellement qu'il est indisponible Ă  d'autres maniĂšres de penser que les siennes au point de leur opposer une fin de non recevoir mĂ©prisante. Manque d'imagination. Que l'on puisse avoir tort n'effleure mĂȘme pas. Suffisance et sottise du dogmatisme. La philosophie affranchit de cette misĂšre intellectuelle et morale. Elle suggĂšre des possibilitĂ©s nouvelles, elle Ă©largit le champ de la pensĂ©e en la libĂ©rant de la tyrannie de l'habitude ». Il n'y a rien de pire qu'une Ăąme habituĂ©e affirme Russell en Ă©cho Ă  PĂ©guy. Une Ăąme habituĂ©e est une Ăąme morte. Elle est tellement victime de la familiaritĂ© des significations dont elle est la caisse de rĂ©sonance qu'elle a perdu toute capacitĂ© d'Ă©tonnement et toute libertĂ© de faire surgir des significations ayant leur source dans sa propre activitĂ©. Or qu'est-ce que la pensĂ©e en l'homme ? C'est la fonction du possible. Le possible c'est ce qui n'est pas mais peut ĂȘtre. C'est ce qui existe dans la reprĂ©sentation avant de l'ĂȘtre dans la rĂ©alitĂ© si d'aventure l'homme se mĂȘle de faire exister ce qu'il a commencĂ© Ă  imaginer ou Ă  projeter. La reprĂ©sentation du possible est donc capacitĂ© de s'affranchir des limites du rĂ©el pour se projeter vers ce qui a son principe dans l'esprit humain. Tout contexte culturel est ainsi structurĂ© par un imaginaire propre Ă  un peuple donnĂ© et l'expĂ©rience montre que les imaginaires sont multiples et divers. Etre habituĂ© consiste Ă  ĂȘtre prisonnier d'un imaginaire singulier au point d'avoir perdu la possibilitĂ© de le confronter Ă  d'autres imaginaires et d'en interroger la valeur de vĂ©ritĂ©. A l'inverse, philosopher c'est faire retour sur l'esprit pour dĂ©voiler le monde comme un esprit ou une libertĂ© peut le faire. C'est par exemple opposer Ă  l'ordre de l'ĂȘtre celui du devoir-ĂȘtre et cela consiste Ă  juger le monde auquel on appartient, en substituant aux normes sociales convenues, les normes spirituelles et morales. C'est envisager d'autres significations et d'autres valeurs que celles qui sont, elles aussi, convenues. Cette libertĂ© n'est rendue possible que par un effort d'affranchissement de la tyrannie de l'habitude ». Avec le mot tyrannie », l'auteur insiste sur la force et l'arbitraire du pouvoir qui asservit l'esprit Ă  son insu. Comme Platon, il fait gloire Ă  la philosophie de dĂ©stabiliser le dogmatisme arrogant de ceux qui n'ont jamais traversĂ© le doute libĂ©rateur » et de promouvoir ainsi une vĂ©ritable libĂ©ration intellectuelle et morale. Mais ce n'est pas tout. La philosophie a encore un mĂ©rite plus grand, une valeur plus haute. Non seulement elle fait respirer l'air de la libertĂ© intellectuelle et morale mais elle a encore l'avantage d'Ă©largir les intĂ©rĂȘts du Moi Ă  une dimension telle que ceux-ci perdent toute consistance. Russell dĂ©crit ici l'ascĂšse des prĂ©occupations du Moi individuel que produit la philosophie par la seule efficacitĂ© de la contemplation de son objet. Son objet est la vĂ©ritĂ©, l'Etre dans sa totalitĂ© et ces objets sont proprement infinis. Dans la lumiĂšre de cet horizon, le Moi individuel se dĂ©leste de la fonction centrale qu'il occupe dans l'existence Ă©gotiste du sujet non pensant. Les intĂ©rĂȘts privĂ©s sont remis Ă  leur place. Non point qu'ils soient sans intĂ©rĂȘt mais enfin leur caractĂšre dĂ©risoire dans l'infinitĂ© de l'univers apparaĂźt au grand jour. Et il y a dans cette dĂ©couverte une libĂ©ration inouĂŻe des soucis qui empoisonnent d'ordinaire la vie des hommes. Vus d'une certaine hauteur ceux-ci se relativisent et l'agitation inquiĂšte des existences quotidiennes bornĂ©es, l'angoisse s'apaisent, laissant place Ă  la sĂ©rĂ©nitĂ©, au dĂ©tachement et Ă  l'impassibilitĂ© d'une existence consacrĂ©e Ă  la recherche de la vĂ©ritĂ© impersonnelle. Il y a lĂ  une expĂ©rience attestĂ©e par de nombreux grands penseurs et savants. Je commençais Ă  m'apercevoir, avouait dans le mĂȘme esprit Einstein, qu'au-dehors se trouve un monde immense qui existe indĂ©pendamment de nous autres ĂȘtres humains, et qui se tient devant nous comme une grande et Ă©ternelle Ă©nigme mais accessible, au moins en partie Ă  notre perception et Ă  notre pensĂ©e. Cette considĂ©ration me fit entrevoir une vĂ©ritable libĂ©ration et je me rendis bientĂŽt compte que les hommes que j'avais appris Ă  estimer et Ă  admirer avaient trouvĂ©, en s'abandonnant Ă  cette occupation, la libĂ©ration intĂ©rieure et la sĂ©rĂ©nitĂ© ». De mĂȘme FrĂ©dĂ©ric Joliot disait que La pure connaissance scientifique nous apporte la paix dans l'Ăąme en chassant les superstitions, en nous affranchissant des terreurs nuisibles et nous donne une conscience de plus en plus exacte de notre situation dans l'univers ».Conclusion La philosophie peut s'honorer par sa fonction critique d'affranchir de l'arrogance du dogmatisme et de l'Ă©troitesse d'esprit de l'attitude commune. Mais plus fondamentalement la libĂ©ration qu'elle promeut opĂ©re une transformation radicale de l'existence. Elle permet Ă  celui qui s'y adonne de conquĂ©rir la paix de l'Ăąme et la sagesse qui sont la rĂ©compense Russell dit "l'effet induit" d'un amour dĂ©sintĂ©ressĂ© de la vĂ©ritĂ©. 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Leprogramme de l’Seneca adopter. TĂ©lĂ©chargez gratuitement le livre Eloge de l’oisivetĂ© – Suivi de cinq Lettres Ă  Lucilius sur l’otium, publiĂ© le 16/09/2015 par l'Ă©diteur Mille et une Nuits en format .epub ou .pdf. Le fichier a

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Russell Éloge de l’oisivetĂ©. Routledge and The Bertrand Russell Peace Fondation, 1932. Traduction française: Éditions Allia, Paris, 2002. britannique nĂ© en 1872 et mort 1970. Il est issu de la petite noblesse anglaise et a Ă©tĂ© Ă©levĂ© dans le respect de la tradition, le goĂ»t de la culture et la recherche de la connaissance. Il mĂšne une vie extrĂȘmement riche et

Bertrand Arthur William Russell 18 May 1872 – 2 February 1970 was a British philosopher, logician, mathematician, historian, and social critic. Subjects Accessible book, Philosophy, Protected DAISY, History, Political science, Mathematics, Theory of Knowledge, Socialism, Science, Social problems, Education, Philosophie, Russell, bertrand, 1872-1970, Politics and government, Philosophy, british, Philosophers, Knowledge, theory of, Free thought, Metaphysics, Philosophy, modern, 20th century, Skepticism, Civilization, Liberty, Psychology, Social ethics Places Europe, United States, Great Britain, China, England, Soviet Union, Germany, etc Pictures, illustrations, Cuba, France, Grande-Bretagne, Hamilton, New Delhi CJI justice scrapping Article 497, New York USA, Ontario, Russia, URSS, Westerse wereld, xi fang guo jia, ying guo People Bertrand Russell 1872-1970, Gottfried Wilhelm Leibniz Freiherr von 1646-1716, Gottfried Wilhelm Leibniz 1646-1716, Henri Bergson 1859-1941, Karl Marx 1818-1883, Louis Couturat 1868-1914, Ludwig Wittgenstein 1889-1951, Alfred North Whitehead 1861-1947, Ernest F. Everett, Gilbert Murray 1866-1957, Gottfried Wilhelm von Leibniz, Henri Louis Bergson 1859-1941, John Foster Dulles 1888-1959, John Stuart Mill 1806-1873, Luo su Russell, B. 1872-1970, Nikita Sergeevich Khrushchev 1894-1971, Ralph Schoenman, William Shakespeare 1564-1616 Time 1789-1900, 19th century, 20th century, 1955-, 1900-, 1912-1928, 1918-, 1955-1965, 17th century, 1912-1949, 1917-1936, 1918-1945, 1926-1945, 1945-1955, 1957, 1965-, 20e siùcle, Geschichte, xian dai ID Numbers OLID OL112912A Amazon ID B000AP6YJG GoodReads 17854 ISNI 0000000121006514 LibraryThing russellbertrand VIAF 36924137 Wikidata Q33760 Alternative names Bertrand Arthur William Russell, 3rd Earl Russell Bertrand A. W. Russell Bertrand Bertrand Arthur William Russell Earl Bertrand RUSSELL
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Difficile de prĂ©dire ce que sera le travail Ă  horizon 15 ou 20 ans dans un contexte de transformation numĂ©rique. Tout l’enjeu consiste Ă  adapter les modes d’organisations des entreprises Ă  ces ruptures technologiques qui modifient la nature mĂȘme du pu Ă©crire Bertrand Russel 1872-1970 en ces temps de campagne Ă©lectorale oĂč le mot travail » se trouve projetĂ© au centre des dĂ©bats ? En faisant paraitre, en 1932, Eloge de l’oisivetĂ© », le mathĂ©maticien-philosophe, par ailleurs membre de l’aristocratie britannique tout en ayant militĂ© de nombreuses annĂ©es au Parti travailliste, n’avait alors qu’une idĂ©e, certes polĂ©mique promouvoir la baisse du temps de travail au profit d’un temps libre consacrĂ© aux loisirs studieux ». En ces annĂ©es de taylorisme triomphant oĂč les idĂ©ologies socialistes et capitalistes s’opposaient frontalement, Russel choisit d’inscrire sa rĂ©flexion iconoclaste dans une problĂ©matique sociale pour comprendre l’origine des inĂ©galitĂ©s et imaginer une nouvelle organisation politique de la sociĂ©tĂ©. Pour lui, pas de doute, la cause des grands maux dans le monde moderne» provient de l’association malheureuse entre travail » et vertu ». En clair, la glorification de la sueur n’étant destinĂ©e qu’à entretenir une morale d’esclaves » et d’en dĂ©duire qu’à l’ùre de l’abondance » rendue possible par l’industrialisation, la valeur travail se doit d’ĂȘtre le philosophe utopiste, la source du bonheur universel » ne peut advenir que par une baisse significative du temps de travail il va mĂȘme jusqu’à recommander 4 heures par jour
, condition pour que le bonheur et la joie de vivre prennent la place de la fatigue nerveuse, de la lassitude et de la dyspepsie. » Si un tel dĂ©tour philosophique n’a d’autre intĂ©rĂȘt que de rappeler que la question du travail reste plus que jamais au centre des enjeux Ă©conomiques et politiques de nos sociĂ©tĂ©s, le travail », tantĂŽt facteur d’épanouissement personnel ou vu comme enjeu d’aliĂ©nation, n’en finit pas d’évoluer du fait de la diffusion de nouvelles technologies et d’un environnement Ă©conomique mondial du travailEntre ceux qui prĂ©figurent la disparition du salariat et d’autres, plus radicaux, qui annoncent la fin du travail, il est bien sĂ»r impossible de prĂ©dire la future nature de ce que sera le travail dans les 10, 20 ou 50 prochaines annĂ©es. Une chose semble nĂ©anmoins certaine le numĂ©rique, la robotique et l’intelligence artificielle, souvent annoncĂ©s comme destructeurs d’emplois par quelques techno-prophĂštes », devraient ĂȘtre Ă  l’origine d’une mutation et non une disparition du travail. En la matiĂšre, chaque fois que le progrĂšs et les innovations remettent en cause les habitudes, dont celles sur le travail, un discours anxiogĂšne se rĂ©pand, sapant les espoirs placĂ©s dans le progrĂšs technologique. Il y a dĂ©jĂ  plus de vingt ans, l'Ă©conomiste amĂ©ricain Jeremy Rifkin prophĂ©tisait la fin du travail» suite Ă  l’arrivĂ©e massive des robots et de l'informatique. Plus proche de nous, en septembre 2013, les universitaires Carl Benedikt Frey et Michael Osborne faisaient paraitre une Ă©tude alarmiste concluant que prĂšs de 47% des emplois amĂ©ricains Ă©taient potentiellement automatisables Ă  une Ă©chĂ©ance non spĂ©cifiĂ©e, peut-ĂȘtre une dĂ©cennie ou deux ». Depuis, d’autres Ă©tudes plus nuancĂ©es avançant qu’à peine 10% mĂ©tiers seraient en danger du fait de l'automatisation. Comme souvent, bon nombre d’études qui paraissent sur ce sujet se focalisent presque exclusivement sur le passif » en omettant de mettre en lumiĂšre l’actif », en l’occurrence les crĂ©ations d’emplois issues de ces mutations. En suivant ce raisonnement manichĂ©en, il y a fort Ă  parier que nous en serions Ă  encore recenser le millier d’ouvriers soudeurs, forgerons et autres architectes de marine ayant disparu de la construction navale en omettant de citer les millions de nouveaux emplois créés du fait de l’émergence de nouveaux moyens de transport aviation civile et automobile.Quelles futures organisations du travail ?S’il est Ă©vident que l’actuelle rĂ©volution technologique sera source de crĂ©ation et de destruction d’emplois, l’important est de pouvoir comprendre comment ces emplois de demain s’intĂ©greront aux organisations du travail mis en place dans les entreprises et les administrations. C’est tout le pari du dernier rapport de France StratĂ©gie, Imaginer l’avenir du travail - Quatre types d’organisation du travail Ă  l’horizon 2030. Ce document prospectif met en avant 4 pistes d’évolutions des modes d’organisation du travail Il y a d’abord l’hypothĂšse d’un fort dĂ©veloppement des organisations apprenantes » dans lesquelles le travailleur est largement autonome tout en bĂ©nĂ©ficiant d’un cadre managĂ©rial participatif. DĂ©centralisation des dĂ©cisions, autonomie, enrichissement du travail, apprentissage, travail en Ă©quipe
 sont les maĂźtres mots de cette forme d’organisation ».Dans le mĂȘme temps, et afin de s’adapter Ă  un contexte concurrentiel toujours plus marquĂ©, les entreprises continueront Ă  privilĂ©gier des modes d’organisation souples, flexibles et connectĂ©s capables de gĂ©nĂ©rer rapidement des produits et des services innovants et de qualitĂ© pour se diffĂ©rencier sur le marchĂ© mondial ». Bienvenue dans l’ùre des plateformes collaboratives virtuelles » ! Comme le prĂ©cise Gilles Babinet dans son dernier essai consacrĂ© Ă  la transformation digitale des entreprises et Ă  l’avĂšnement des plateformes, les entreprises, quelles qu’elles soient, ont vocation Ă  devenir des plateformes, c'est-Ă -dire Ă  ĂȘtre au cƓur des interactions fournisseurs, clients, salariĂ©s
 qui leur permettent de remplir leur mission au mieux. »Enfin, et pour les deux derniĂšres formes explorĂ©es, le modĂšle du super-intĂ©rim » et le taylorisme new age », l’étude avance que ces autres formes d’organisation ultra-flexibles, appuyĂ©es sur des rĂ©seaux de communication trĂšs rapides, pourraient faire disparaitre le modĂšle par ailleurs dĂ©jĂ  largement Ă©cornĂ© d’employeur et de contrat de travail travaillerons-nous demain ? Cette question continue de hanter les rĂ©flexions philosophiques, Ă©conomiques et politiques dans un contexte oĂč, nous dit-on, nos emplois seront peut-ĂȘtre tous remplacĂ©s par des robots Ă©quipĂ©s d’intelligences artificielles. Pour l’heure, et s’il n’est pas facile de se frayer un chemin entre prophĂ©ties techno-alarmistes et appels Ă  la raison au nom du progrĂšs Ă©conomique et social, il est certain que de profonds changements s’annoncent. A coup sĂ»r, ils transformeront notre rĂ©alitĂ© du travail comme la rĂ©volution industrielle l’a fait en son temps. Face Ă  cela, il reviendra Ă , chaque acteur concernĂ© de remodeler sa façon de produire, repenser sa façon de travailler, réécrire le droit du travail et de la protection sociale pour s’adapter Ă  ces nouvelles formes d’emplois. Autant d’enjeux que Russel aurait peut-ĂȘtre pu nous aider Ă  dĂ©crypter s’il s’était lui-mĂȘme penchĂ© sur cette question en ce dĂ©but de XXIĂšme Nos rĂ©alitĂ©s virtuelles », mon nouveau livre paru aux Editions Kawa
Chroniquedu 30.07 dans le 6h-9h de la PremiĂšre (RTS). Le travail est l’opium du peuple et je ne veux pas mourir droguĂ©. Boris Vian Le travail constitue une valeur fondamentale dans notre sociĂ©tĂ© moderne. Aujourd’hui, il n’est plus un moyen pour obtenir le nĂ©cessaire vital, il est ce qui permet l’accumulation et la domination. Il devient une obligation et une façon naturelle de s’épanouir. La sociĂ©tĂ© a fait de ce qui n’était qu’un moyen de subvenir Ă  ses besoins, une finalitĂ© Ă  part entiĂšre. Et si la recherche du bonheur, la dĂ©couverte de soi, l’épanouissement, la culture, les Ă©tudes, la recherche, la rĂ©flexion, l’amitiĂ©, l’amour, la crĂ©ation
 passaient par le loisir, l’otium, la flemme, l’oisivetĂ©, la paresse
 peu importe le nom que l’on veut lui donner, le rĂ©sultat Ă©tant le mĂȘme, un temps Ă  soi mis Ă  profit pour le loisir. J’entends par loisir cet hĂ©ritage lointain de la skholĂš grecque, de l’otium romain, de la vita contemplativa chrĂ©tienne. Celui qui ne dispose pas des deux tiers de sa journĂ©e pour lui-mĂȘme est un esclave, qu’il soit d’ailleurs ce qu’il veut politique, marchand, fonctionnaire, Ă©rudit. Friedrich Nietzsche – Humain, trop humain, 1878 La valeur travail Dans l’antiquitĂ©, l’idĂ©al de vie Ă©tait un corps sain et un esprit sage qui se consacre Ă  la Culture et aux Ɠuvres de l’esprit. Les Romains divisaient la vie en deux activitĂ©s. L’otium que l’on traduit par le loisir et le negotium neg, otium par le travail. Le loisir n’était pas oisivetĂ©, il n’était pas improductif. Il Ă©tait avant tout libertĂ©. Le travail Ă©tait considĂ©rĂ© comme source de dĂ©gradation de la nature humaine et comme perte de temps pour les activitĂ©s sociales et citoyennes. Le travail n’était bon que pour les esclaves, les hommes libres ne devaient se consacrer qu’à ce qui Ă©tait considĂ©rĂ© comme la valeur de l’existence proprement humaine la vie publique, les sciences, les arts
 RaphaĂ«l – L’Ecole d’AthĂšnes 1509-1512 – Chambre de la Signature – MusĂ©es du Vatican – Chapelle Sixtine Il ne s’agissait pas de mĂ©priser le travail, mais d’éliminer des conditions de vie l’activitĂ© de satisfaire aux besoins matĂ©riels et aux besoins de survie. Ces besoins n’étaient pas valorisĂ©s ni valorisant car ils Ă©taient aussitĂŽt consommĂ©s dans un cycle de re-production, consommation. Dire que le travail et l’artisanat Ă©taient mĂ©prisĂ©s dans l’antiquitĂ© parce qu’ils Ă©taient rĂ©servĂ©s aux esclaves, c’est un prĂ©jugĂ© des historiens modernes. Les Anciens faisaient le raisonnement inverse ils jugeaient qu’il fallait avoir des esclaves Ă  cause de la nature servile de toutes les occupations qui pourvoyaient aux besoins de la vie. C’est mĂȘme par ces motifs que l’on dĂ©fendait et justifiait l’institution de l’esclavage. Travailler, c’était l’asservissement Ă  la nĂ©cessitĂ©, et cet asservissement Ă©tait inhĂ©rent aux conditions de la vie humaine. Hannah Arendt, Condition de l’homme moderne, Paris, Ed. Calmann-LĂ©vy, 1961, pp 95. Peu Ă  peu, au fil des siĂšcles, l’otium est affublĂ© et assimilĂ© Ă  de nombreux synonymes paresse, oisivetĂ©, dĂ©lassement, divertissement
 La paresse remplacera mĂȘme l’acĂ©die ou la paresse spirituelle pour devenir l’un des sept pĂ©chĂ©s capitaux et ĂȘtre rĂ©vĂ©latrice de la civilisation du travail comme valeur centrale de notre sociĂ©tĂ©. La crise morale française porte un nom c’est la crise du travail. Nicolas Sarkozy – Extrait du journal Le Monde – 23 Janvier 2007 On ne doit pas oublier que les concepts qui ont mis en mouvement le monde moderne et bouleversĂ©s notre conception viennent du loisir. L’otium Ă©tait vantĂ© par les philosophes, notamment SĂ©nĂšque, Montaigne ou encore Nietzsche. Pour ces philosophes le travail allait Ă  l’encontre du dĂ©veloppement de la raison les facultĂ©s intellectuelles, de la libertĂ© de conscience et empĂȘchait d’accĂ©der Ă  une rĂ©flexion originale et personnelle. Il ne faut pas oublier que, ne pas travailler, n’est pas nĂ©cessairement synonyme de paresse. Notre rapport au loisir est complexe, et dĂšs notre enfance, la sociĂ©tĂ© nous rĂ©pĂšte que la paresse est mĂšre de tous les vices, et le loisir est souvent vĂ©cu comme une absence. Une absence de travail, une absence de remplissage du temps qui passe. Mais si cette paresse pouvait sauver le monde ? Nous conduire vers les chemins du bonheur ? Gravure de Bonaventure-Louis PrĂ©vost – Frontispice de l’EncyclopĂ©die de Diderot et d’Alembert reprĂ©sentant la Raison et la Philosophie arrachant son voile Ă  la VĂ©ritĂ© rayonnante de lumiĂšre, gravĂ© en 1772 d’aprĂšs le dessin de Cochin datant de 1764. L’éloge de l’oisivetĂ© Qu’il s’agisse de Bertrand Russell avec l’apologie de l’oisivetĂ© » publiĂ© en 1932, du concept de la dĂ©croissance soutenable mis en avant par certains mouvements anti-productivistes, anti-consumĂ©riste et Ă©cologistes, la rĂ©duction du temps de travail n’est pas simplement apologie de l’oisivetĂ©. Mais pour ses objecteurs de croissance il s’agit d’une vĂ©ritable prise de conscience humaniste et Ă©cologique. Pour B. Russell dans l’apologie de l’oisivetĂ© » la valeur travail est un prĂ©jugĂ© moral des classes privilĂ©giĂ©es qui estiment que l’absence d’activitĂ© conduirait la plupart des hommes, surtout ceux des classes les plus pauvres Ă  la dĂ©pravation. L’idĂ©e que les pauvres puissent avoir des loisirs a toujours choquĂ© les riches. Bertrand Russell, l’éloge de l’oisivetĂ©, 1935 Il va dĂ©fendre l’idĂ©e que quatre heures de travail par jour suffiraient pour assurer aux populations les ressources indispensables Ă  la vie. Le travail pourrait ĂȘtre partagĂ© Ă©quitablement et Ă©viter ainsi que le reste de la population ne sombre dans le chĂŽmage et la faim. Les faits et la rĂ©alitĂ© nous le dĂ©montre mais la croyance en la croissance est toujours plus forte. On veut toujours avoir plus, combler nos tensions dans l’accumulation matĂ©rielle en espĂ©rant pouvoir cesser, cesser quoi
? Mais c’est justement cette accumulation qui est facteur de tension sociale et de violence dans notre sociĂ©tĂ©. Cette croissance crĂ©e plus de misĂ©reux que de personnes Ă  qui elle pourrait donner un revenu dĂ©cent. Et que dire de la surexploitation des ressources naturelles
 Le reste du temps pour B. Russell serait consacrĂ© au loisir, Ă  l’oisivetĂ©. Quand je suggĂšre qu’il faudrait rĂ©duire Ă  quatre le nombre d’heures de travail, je ne veux pas laisser entendre qu’il faille dissiper en pure frivolitĂ© tout le temps qui reste. Je veux dire qu’en travaillant quatre heure par jour, un homme devrait avoir droit aux choses qui sont essentielles pour vivre dans un minimum de confort, et qu’il devrait pouvoir disposer du reste de son temps comme bon lui semble. Dans un tel systĂšme social, il est indispensable que l’éducation soit poussĂ©e beaucoup plus loin qu’elle ne l’est actuellement pour la plupart des gens, et qu’elle vise, en partie, Ă  dĂ©velopper des goĂ»ts qui puissent permettre Ă  l’individu d’occuper ses loisirs intelligemment. Bertrand Russell, l’éloge de l’oisivetĂ©, 1935 Une oisivetĂ© forme d’otium qui serait consacrĂ©e Ă  toutes les formes de cultures des plus populaires aux plus intellectuelles, de l’activitĂ© sociale Ă  l’activitĂ© citoyenne en prĂŽnant une Ă©ducation libĂ©rĂ©e. Les activitĂ©s ont Ă©tĂ© inhibĂ©es par le culte du profit. Aujourd’hui une activitĂ© valorisĂ©e et valorisante doit ĂȘtre une activitĂ© qui rapporte. L’idĂ©e que les activitĂ©s dĂ©sirables sont celles qui engendrent des profits a tout mis Ă  l’envers. Bertrand Russell, l’éloge de l’oisivetĂ©, 1935 En rĂ©duisant le temps de travail, la recherche et l’originalitĂ© ne serait pas entravĂ©e. Car toutes les formes de crĂ©ation de recherche, d’éducation
 ne dĂ©pendraient pas de nos besoins de survie. La fatigue nerveuse et la lassitude ne prendraient pas la place du temps libre et selon B. Russell l’homme serait plus enclin Ă  la bienveillance qu’à la persĂ©cution et Ă  la suspicion, il apprendrait le partage, le vivre ensemble et non l’accumulation et la ne peut que faire le rapprochement entre les idĂ©es dĂ©veloppĂ©es par B. Russell et les pensĂ©es de Nietzsche, sur le travail. Dans la glorification du “ travail ”, dans les infatigables discours sur la “ bĂ©nĂ©diction du travail ”, je vois la mĂȘme arriĂšre pensĂ©e que dans les louanges adressĂ©es aux actes impersonnels et utiles Ă  tous Ă  savoir la peur de tout ce qui est individuel. Au fond, ce qu’on sent aujourd’hui, Ă  la vue du travail – on vise toujours sous ce nom le dur labeur du matin au soir -, qu’un tel travail constitue la meilleure des polices, qu’il tient chacun en bride et s’entend Ă  entraver puissamment le dĂ©veloppement de la raison, des dĂ©sirs, du goĂ»t de l’indĂ©pendance. Car il consume une extraordinaire quantitĂ© de force nerveuse et la soustrait Ă  la rĂ©flexion, Ă  la mĂ©ditation, Ă  la rĂȘverie, aux soucis, Ă  l’amour et Ă  la haine, il prĂ©sente constamment Ă  la vue un but mesquin et assure des satisfactions faciles et rĂ©guliĂšres. Ainsi une sociĂ©tĂ© oĂč l’on travaille dur en permanence aura davantage de sĂ©curitĂ© et l’on adore aujourd’hui la sĂ©curitĂ© comme la divinitĂ© suprĂȘme. – Et puis ! Ă©pouvante ! Le “ travailleur ”, justement, est devenu dangereux ! Le monde fourmille d’ “ individus dangereux ” ! Et derriĂšre eux, le danger des dangers – l’individuum ! [
] Etes-vous complices de la folie actuelle des nations qui ne pensent qu’à produire le plus possible et Ă  s’enrichir le plus possible ? Votre tĂąche serait de leur prĂ©senter l’addition nĂ©gative quelles Ă©normes sommes de valeur intĂ©rieure sont gaspillĂ©es pour une fin aussi extĂ©rieure ! Mais qu’est devenue votre valeur intĂ©rieure si vous ne savez plus ce que c’est que respirer librement ? Si vous n’avez mĂȘme pas un minimum de maĂźtrise de vous-mĂȘme ? Nietzsche. Aurores 1881, Livre III, § 173 et § 206, trad. J. Hervier, Gallimard, 1970 Nietzsche ne critique pas le travail en lui-mĂȘme mais la valeur travail, la glorification du travail ». Il condamne cette idĂ©ologie qui tend Ă  en faire une valeur supĂ©rieure et qui pousse Ă  l’apologie de la croissance Ă©conomique. Pour Nietzsche cette survalorisation du travail conditionne l’individu et serait une volontĂ© politique de canalisation de rĂ©volte et d’épanouissement. Elle l’aliĂ©nerait et le dĂ©tournerait de sa propre humanitĂ©. L’énergie individuelle ne serait plus utilisĂ©e au service de l’individu mais au service de la productivitĂ©. Il n’aura plus la force de penser par lui-mĂȘme ni de se dresser contre l’État. Car le travail possĂšde une fonction policiĂšre qui occupe, soumet, Ă©puise et dĂ©tourne dans la poursuite d’autres buts que ceux que la sociĂ©tĂ© impose. On pourrait mĂȘme parler de valeur SĂ©curitĂ© autant valorisĂ©e aujourd’hui et Ă©rigĂ©e en fin en soi au dĂ©triment de la libertĂ© individuelle. Est-ce que trop de valeur sĂ©curitĂ© n’est pas Ă©gale Ă  un dĂ©sir de contrĂŽle des individus ? Troublant et troublĂ©e de retrouver les 2 thĂšmes phares de notre prĂ©sident Travail et sĂ©curitĂ©. Il faut laisser les gens travailler plus, pour gagner plus, c’est mon programme 
 Moi je veux ĂȘtre le candidat du travail. Nicolas Sarkozy – Extrait du journal Le Monde – FĂ©vrier 2007 On ne dira jamais assez le mal que les 35 heures ont fait Ă  notre pays. Comment peut-on avoir cette idĂ©e folle de croire que c’est en travaillant moins que l’on va produire plus de richesses et crĂ©er des emplois. Nicolas Sarkozy – TĂ©moignage Rembrandt – philosophe en mĂ©ditation 1632 A tort ou Ă  raison ? Est ce qu’il ne dĂ©pend pas de notre survie d’inventer une nouvelle forme de croissance ? On m’aurait menti, les ressources naturelles ne sont elles pas infinies ? Il est difficile d’aller vers un changement, vers une baisse de la consommation au sein de notre sociĂ©tĂ© quand le bonheur de la consommation, de la possession matĂ©rielle est indice de rĂ©ussite, d’épanouissement. La mesure du bonheur sur terre ne devrait pas seulement prendre en compte la croissance Ă©conomique. Je ne dis pas qu’il faudrait travailler quatre heures par jour ou encore ne pas travailler, je dis juste qu’il faudrait peut ĂȘtre revoir nos prioritĂ©s et rĂ©-injecter d’autres valeurs dans la sociĂ©tĂ©. Ne dit-on pas qu’il faut prendre le temps de se poser pour pouvoir rĂ©flĂ©chir. Prendre le temps, sortir du tumulte de nos activitĂ©s pour lĂ©zarder un peu, Ă  profit de soi et forcement des autres. Un temps mis Ă  profit de soi pourrait peut ĂȘtre nous rappeler que nous ne sommes pas tout seul. Toutes les pistes ne sont pas Ă  exclurent
 On peut se laisser rĂȘver Ă  un autre monde. Je vous laisse Ă  la rĂ©flexion et Ă  la paresse
 et la prochaine fois qu’on vous traitera de paresseux soyez en plus fier car l’argent ne mesure pas toutes les richesses. Bandeau de l’article © MusĂ©e d’Orsay, dist. RMN – Vincent van Gogh – La mĂ©ridienne dit aussi La sieste d’aprĂšs Millet – 1890 Elogede l'oisivetĂ© de Bertrand Russell Un document des plus intĂ©ressants sur la relation travail / loisir Avec ce livre Ă©crit en 1930, l'Ă©diteur poursuit son propre Ă©loge de la paresse, pour installer une vĂ©ritable collection. Et dans ce livre comme dans les autres, c'est «la morale du travail de l'Etat esclavagiste» qui est stigmatisĂ©e, l'oisivetĂ© Ă©tant supposĂ©e
Les mĂ©thodes de production modernes nous ont la possibilitĂ© pour l’ensemble de la vie Ă  la hausse et Ă  la sĂ©curitĂ©. Nous avons dĂ©cidĂ©, Ă  la place de la surcharge de travail pour les deux parties et de la misĂšre pour tous les autres ce que nous avons Ă  juste titre stupide, mais il n’y a aucune raison de notre bĂȘtise continuer Ă©ternellement. TĂ©lĂ©chargez gratuitement le livre Eloge de l’oisivetĂ©, publiĂ© le 18/01/2002 par l'Ă©diteur Allia en format .epub ou .pdf. Le fichier a des 38 pages et sa taille est de 182kb fichier .epub.TĂ©lĂ©charger .epubTĂ©lĂ©charger .pdfAcheter chez Amazon
Achetezet tĂ©lĂ©chargez ebook Eloge de l'oisivetĂ© (Petite Collection): Boutique Kindle - Essais : Cela inclut l'utilisation de cookies internes et tiers qui stockent ou accĂšdent aux informations standard de l'appareil tel qu'un identifiant unique. Les tiers utilisent des cookies dans le but d'afficher et de mesurer des publicitĂ©s personnalisĂ©es, gĂ©nĂ©rer des L’éloge de l’oisivetĂ© condamne l’excĂšs de travail. Bertrand Russell dĂ©fend dans son Éloge de l’oisivetĂ© une limitation du temps de travail afin de partager celui-ci et de gĂ©nĂ©raliser le loisir. Il prĂ©dit que, grĂące Ă  cette rĂ©volution, le bonheur remplacera la fatigue et que les hommes deviendront plus bienveillants les uns Ă  l’égard des autres, au point de rendre la guerre inutile. Le droit Ă  la paresse selon Paul Lafargue L’éloge de l’oisivetĂ© est d’abord une critique de l’idĂ©ologie du travail. Bertrand Russell distingue cependant le travail dĂ©sagrĂ©able et mal payĂ© consistant Ă  dĂ©placer de la matiĂšre de celui consistant Ă  commander Ă  quelqu’un de le faire. À part le propriĂ©taire foncier dont la rente lui permettait d’ĂȘtre oisif grĂące au travail des autres, aucune classe ne pouvait s’offrir le luxe de l’oisivetĂ© jusqu’à la rĂ©volution industrielle, car il Ă©tait difficile de produire un excĂ©dent. Or, les machines ont changĂ© la donne. Le culte du travail est donc une mentalitĂ© prĂ©industrielle qui perdure alors qu’elle n’est plus adaptĂ©e au monde moderne. La technique moderne, Ă©crit Bertrand Russell, a permis au loisir, jusqu’à un certain point, de cesser d’ĂȘtre la prĂ©rogative des classes privilĂ©giĂ©es minoritaires pour devenir un droit Ă©galement rĂ©parti dans l’ensemble de la collectivitĂ©. La morale du travail est une morale d’esclave, et le monde moderne n’a nul besoin de l’esclavage » Éloge de l’oisivetĂ©. Dans le monde prĂ©industriel, les guerriers, les prĂȘtres et l’État ont d’abord forcĂ© les paysans Ă  travailler pour leur accaparer le surplus ; puis l’éthique du travail a rendu la contrainte inutile. MĂȘme s’il admet que l’oisivetĂ© de l’élite a apportĂ© une contribution importante Ă  la civilisation, Bertrand Russell considĂšre que le devoir de travailler est une ruse idĂ©ologique pour soumettre la majoritĂ© aux puissants. La prospĂ©ritĂ© du vice selon Daniel Cohen L’éloge de l’oisivetĂ© de Bertrand Russell la prĂ©sente comme une nĂ©cessitĂ© Ă©conomique et sociale L’éloge de l’oisivetĂ© en rĂ©vĂšle l’intĂ©rĂȘt Ă©conomique. Bertrand Russell prend l’exemple de la PremiĂšre Guerre mondiale alors que, grĂące aux machines, seule une partie de la population a Ă©tĂ© nĂ©cessaire pour l’effort de guerre et subvenir en mĂȘme temps aux besoins de la population, la morale du travail a conduit Ă  remettre tout le monde au travail une fois la guerre terminĂ©e. La surproduction qui en dĂ©coule suscite une crise, laquelle condamne toute une partie des travailleurs Ă  l’oisivetĂ© et Ă  la misĂšre, tandis que l’autre se surmĂšne et n’a pas de loisir. C’est que les riches oisifs refusent toute forme d’oisivetĂ© aux pauvres sous prĂ©texte qu’ils la consommeraient forcĂ©ment dans le vice. Pour Bertrand Russell, le travail se justifie sur le plan Ă©conomique seulement dans la mesure oĂč l’individu doit produire au moins autant que ce qu’il consomme. Chaque ĂȘtre humain consomme nĂ©cessairement au cours de son existence une certaine part de ce qui est produit par le travail humain. Si l’on suppose, comme il est lĂ©gitime, que le travail est dans l’ensemble dĂ©sagrĂ©able, il est injuste qu’un individu consomme davantage qu’il ne produit » Éloge de l’oisivetĂ©. Au plan moral, cependant, les aristocrates se rĂ©servent l’oisivetĂ©, quand les ploutocrates ne l’accordent qu’aux femmes. Insensible Ă  ces prĂ©jugĂ©s, Bertrand Russell imagine que quatre heures quotidiennes de travail salariĂ© organisĂ©es rationnellement seraient suffisantes pour subvenir aux besoins de toute la sociĂ©tĂ©. Le capitalisme selon Marx L’éloge de l’oisivetĂ© en rĂ©vĂšle l’intĂ©rĂȘt social. Bertrand Russell affirme que l’individu a besoin du loisir pour accĂ©der aux meilleures choses de la vie, ce que les travailleurs reconnaissent eux-mĂȘmes. La pĂ©nibilitĂ© du travail n’est pas une fin en soi, elle n’est que le moyen de sa propre suppression, c’est-Ă -dire d’une existence plus heureuse. PlutĂŽt que d’étendre le travail manuel Ă  l’ensemble de la population comme en URSS, il faudrait donc, sitĂŽt couverts les besoins essentiels, rĂ©duire progressivement le temps de travail de maniĂšre dĂ©mocratique, par exemple en laissant le peuple choisir par rĂ©fĂ©rendum entre l’augmentation du loisir et celle de la production. Pour Bertrand Russell, c’est le divorce entre les fins individuelles et les fins sociales de la production qui entretient la confusion. De façon gĂ©nĂ©rale, explique-t-il, on estime que gagner de l’argent, c’est bien, mais que le dĂ©penser, c’est mal. Quelle absurditĂ©, si l’on songe qu’il y a toujours deux parties dans une transaction autant soutenir que les clĂ©s, c’est bien, mais les trous de serrure, non » Éloge de l’oisivetĂ©. Étant donnĂ© les idĂ©es fausses, l’éducation est particuliĂšrement importante pour rĂ©duire le temps de travail. Bertrand Russell appelle de ses vƓux la dĂ©mocratisation de la curiositĂ© intellectuelle et scientifique, afin de libĂ©rer les citoyens des loisirs passifs football, cinĂ©ma, radio, etc. qui les attirent quand toute leur Ă©nergie est dĂ©pensĂ©e au travail. En effet, les produits de la civilisation sont dus Ă  la classe oisive. Les bullshit jobs selon David Graeber BertrandRussell, Éloge de l'oisivetĂ©. (Ă©ditions ALLIA) - PHILOSOPHIE - BACCALAURÉAT 2010 - 2Ăšme groupe d'Ă©preuves Pour ceux (TL, TES1 OU TS1) qui sentiraient le besoin de prĂ©parer l'oral en philosophie, voici des indications pour prĂ©senter le texte de Bertrand Russell (ÉLOGE DE L'OISIVETÉ). Les mĂ©thodes de production modernes ont rendu possibles le confort et la sĂ©curitĂ© pour tous ; Ă  la place, nous avons choisi le surmenage pour les uns et la famine pour les autres. Jusqu’à prĂ©sent nous avons continuĂ© Ă  dĂ©ployer la mĂȘme activitĂ© qu’au temps oĂč il n’y avait pas de machines ; en cela nous nous sommes montrĂ©s stupides, mais rien ne nous oblige Ă  persĂ©vĂ©rer Ă©ternellement dans cette stupiditĂ©. Bertrand Russell, Eloge de l’oisivetĂ©, 1932 1 NDT Syndrome d’épuisement professionnel. 1Quatre-vingt ans et une crise Ă©conomique mondiale plus tard, notre intelligence n’a manifestement guĂšre progressĂ©, au contraire si depuis lors la productivitĂ© du travail dans l’industrie et l’agriculture s’est vue grosso modo dĂ©cuplĂ©e, on ne peut pas dire qu’elle ait apportĂ© Ă  tous confort et sĂ©curitĂ©. L’Europe, qui certes, pour le moment, s’est sort encore relativement bien, assiste Ă  une hausse record de son taux de chĂŽmage. Quant aux quelques Ăźlots qui demeurent compĂ©titifs au plan global, ils luttent depuis des annĂ©es dĂ©jĂ  contre les nouvelles pandĂ©mies provoquĂ©es par la contraction progressive de l’offre de travail du burn-out-syndrom1 Ă  la mort subite due au surmenage en passant par la consommation routiniĂšre de produits psychopharmaceutiques. 2Gardons-nous cependant d’imaginer que cette ardeur excessive au travail constatĂ©e par Russell ne serait rien d’autre qu’une habitude devenue obsolĂšte et qu’il nous suffirait de laisser tomber – une habitude hĂ©ritĂ©e du temps oĂč il n’y avait pas de machines. Au Moyen Age, oĂč le travail comme fin en soi Ă©tait chose inconnue, on travaillait en fait moins qu’aujourd’hui. La raison en est simple le travail tel que nous l’entendons, c’est-Ă -dire la dĂ©pense abstraite d’énergie humaine indĂ©pendamment de tout contenu particulier, est historiquement spĂ©cifique. On ne le rencontre que sous le capitalisme. Dans n’importe quelle autre formation sociale, l’idĂ©e aujourd’hui si universellement rĂ©pandue selon laquelle un travail, quel qu’il soit, vaut mieux que pas de travail » aurait paru, Ă  juste titre, complĂštement dĂ©lirante. 3Ce dĂ©lire est le principe abstrait qui rĂ©git les rapports sociaux sous le capitalisme. Si l’on fait abstraction des activitĂ©s criminelles, le travail – qu’il s’agisse du nĂŽtre ou de l’appropriation de celui d’autrui – est pour nous l’unique moyen de participer Ă  la sociĂ©tĂ©. Mais, en mĂȘme temps, il ne dĂ©pend pas du contenu de l’activitĂ© en question ; que je fasse pousser des pommes de terre ou que je fabrique des bombes Ă  fragmentation n’a aucune importance, du moment que mon produit trouve un acheteur et transforme ainsi mon argent en davantage d’argent. Base de la valorisation de la valeur, le travail constitue une fin en soi et un principe social contraignant dont l’unique but consiste Ă  accumuler toujours plus de travail mort » sous forme de capital. 2 On trouvera cette citation et presque toutes les suivantes sur le trĂšs intĂ©ressant site internet ww ... 4Une contrainte Ă  laquelle tout est soumis dans la mĂȘme mesure ne se maintiendra durablement qu’à condition que ceux qu’elle ligote apprennent Ă  aimer leurs chaĂźnes. En cela aussi la sociĂ©tĂ© bourgeoise se distingue des prĂ©cĂ©dentes. D’Aristote Ă  Thomas d’Aquin en passant par Augustin, les philosophes de l’AntiquitĂ© et du Moyen Age ont cĂ©lĂ©brĂ© l’oisivetĂ© – et surtout pas le travail – comme la voie menant Ă  une vie heureuse2 Au dire de la plupart des hommes, le bonheur ne va pas sans le plaisir. Aristote 384 – 322 av. Ethique Ă  Nicomaque L’apprentissage de la vertu est incompatible avec une vie d’artisan et de manƓuvre. Aristote, Politique Quittons ces vaines et creuses occupations abandonnons tout le reste pour la recherche de la vĂ©ritĂ©. Augustin 354 – 430 ap. Les Confessions Absolument et de soi la vie contemplative est plus parfaite que la vie active. Thomas d’Aquin 1125 – 1274, Somme thĂ©ologique 5D’autres ne seront pas du mĂȘme avis, tels par exemple les fondateurs de certains ordres monastiques qui verront dans le travail un moyen d’atteindre l’ascĂšse et l’abstinence. Mais c’est seulement au protestantisme qu’il reviendra d’en faire un principe Ă  grande Ă©chelle, appliquĂ© Ă  l’ensemble de la population L’oisivetĂ© est pĂ©chĂ© contre le commandement de Dieu, car Il a ordonnĂ© qu’ici-bas chacun travaille. Martin Luther 1483 – 1546 6Et les LumiĂšres n’auront de cesse d’élever l'ethos du travail, autrement dit l’obligation morale de travailler, au rang de fin en soi Il est de la plus haute importance que les enfants apprennent Ă  travailler. L’homme est le seul animal qui doit travailler. Kant, RĂ©flexions sur l’éducation, 1803 La plus grande perfection morale possible de l’homme est de remplir son devoir et par devoir. Kant, Principes mĂ©taphysiques de la morale, 1797 Il n’existe qu’une seule Ă©chappatoire au travail faire travailler les autres pour soi. Kant, Critique du jugement, 1790 De ces trois vices la paresse, la lĂąchetĂ©, la faussetĂ©, le premier semble ĂȘtre le plus mĂ©prisable. Kant, Anthropologie d’un point de vue pragmatique, 1798 Que l’on s’informe tout particuliĂšrement sur les personnes qui se distinguent par une conduite indigne ! On dĂ©couvrira invariablement soit qu’elles n’ont pas appris Ă  travailler, soient qu’elles fuient le travail. Fichte, Discours Ă  la nation allemande, 1807 7Comme il apparaĂźt dĂ©jĂ  dans les derniĂšres citations, l’amour du travail s’avĂšre Ă©troitement liĂ© Ă  la haine des oisifs Chacun doit pouvoir vivre de son travail, dit un principe avancĂ©. Ce pouvoir-vivre est donc conditionnĂ© par le travail et n’existe nullement lĂ  oĂč la condition ne serait pas remplie. Fichte, Fondement du droit naturel, 1796 Dans les pays chauds, l’homme est mĂ»r plus tĂŽt Ă  tous Ă©gards mais n’atteint pas la perfection des zones tempĂ©rĂ©es. L’humanitĂ© dans sa plus grande perfection se trouve dans la race blanche. Les Indiens jaunes n’ont que peu de capacitĂ©s, les Noirs leur sont bien infĂ©rieurs encore, et au plus bas de l’échelle se placent certaines peuplades amĂ©ricaines. Kant, GĂ©ographie physique, 1802 Le barbare est paresseux et se distingue de l’homme civilisĂ© en ceci qu’il reste plongĂ© dans son abrutissement, car la formation pratique consiste prĂ©cisĂ©ment dans l’habitude et dans le besoin d’agir. Hegel, Principes de la philosophie du droit, 1820 8Ces propos excluants et racistes sous la plume des philosophes des LumiĂšres ne sont nullement de simples accidents de parcours mais relĂšvent au contraire de l’essence mĂȘme de l’idĂ©ologie du travail. Parce que ce courant de pensĂ©e transfigure le travail en vĂ©ritable but de l’existence de l’homme », tous les dĂ©sƓuvrĂ©s se voient par contrecoup exclus de la race humaine » l’homme est tenu de travailler ; partant, celui qui ne travaille pas ne peut prĂ©tendre au statut d’ĂȘtre humain Ă  part entiĂšre. 3 NDT Allusion Ă  la vision nazie mais qui est aussi celle d’une partie de la gauche opposant un bo ... 9Ce qui s’exprime ici, c’est la colĂšre du bourreau de travail blanc envers la pression qu’il s’est lui-mĂȘme imposĂ©e, une colĂšre qui prend pour cible tout ce qui fait mine de ne pas se soumettre Ă  ladite pression et de mener une existence oisive les femmes, en charge de la vraie vie » au sein de la sphĂšre privĂ©e – dissociĂ©e du travail – de la famille bourgeoise ; toutes sortes de peuples les attributions sont, cette fois, plus variĂ©es vivant, sans travailler, d’amour et d’eau fraĂźche ; ou encore le capital accapareur3 », qui s’approprie sans travailler la survaleur créée par d’autres. Les idĂ©ologies modernes du sexisme, du racisme, de l’antitsiganisme et de l’antisĂ©mitisme sont fondĂ©es, elles aussi, sur l'ethos du travail. 4 NDT Le championnat fĂ©dĂ©ral allemand. 5 NDT Le championnat europĂ©en. 10À partir des annĂ©es 1970, en faisant disparaĂźtre du procĂšs de production des quantitĂ©s toujours croissantes de travail, le potentiel de rationalisation de la microĂ©lectronique a plongĂ© le capitalisme dans la crise. Pour autant, la pression intĂ©rieure et extĂ©rieure qui pousse les hommes Ă  travailler n’a pas diminuĂ© mais s’est mĂȘme au contraire accentuĂ©e Ă  mesure que se rarĂ©fiaient les emplois ». Pour les laissĂ©s pour compte, les conditions se sont durcies ils sont dĂ©sormais trop nombreux pour que leur entretien humain reste longtemps encore compatible avec le maintien de la compĂ©titivitĂ© au plan global. La nĂ©cessitĂ© incontournable de ramener les hommes au travail » Angela Merkel ne fait qu’obscurcir la perception du problĂšme la responsabilitĂ© du chĂŽmage ne serait plus imputable Ă  la disparition progressive du travail mais aux chĂŽmeurs eux-mĂȘmes, qu’il faudrait par consĂ©quent ramener, par tous les moyens de coercition dont on dispose, Ă  un travail qui n’existe plus. Quelque chose de semblable se dĂ©roule Ă©galement au niveau europĂ©en on impose aux pays en faillite » restĂ©s Ă  la traĂźne de l’Europe des politiques d’austĂ©ritĂ© grĂące auxquelles ils sont censĂ©s, une fois cette pĂ©nible Ă©preuve traversĂ©e, redevenir compĂ©titifs. C’est aussi crĂ©dible que si la FĂ©dĂ©ration allemande de football prĂ©tendait, par un entraĂźnement appropriĂ©, hisser tous Ă  la fois les dix-huit clubs de la Bundesliga4 aux quatre places possibles en Ligue des champions5. 11Il n’y a manifestement d’issue que dans l’abolition du travail, mais cela implique bien sĂ»r d’abolir Ă©galement le capitalisme. S’y oppose en outre notre ethos du travail, fruit de plusieurs siĂšcles de dressage D’aucuns diront qu’il est certes agrĂ©able d’avoir un peu de loisir, mais que les gens ne sauraient pas comment remplir leurs journĂ©es s’ils n’avaient Ă  travailler que quatre heures par jour. Dans la mesure oĂč cela est vrai dans le monde moderne, cela constitue un reproche adressĂ© Ă  notre civilisation ; Ă  toute autre Ă©poque antĂ©rieure, ce n’aurait pas Ă©tĂ© le cas. Bertrand Russell, Eloge de l’oisivetĂ©, 1932 12Le sort que Hegel assignait aux barbares » nous revient donc celui qui est sans emploi n’a plus qu’à rester plongĂ© dans son abrutissement ». Autrement dit si le sujet bourgeois rĂ©pugne tellement Ă  imaginer sa vie sans le travail, c’est aussi parce que derriĂšre son ethos du travail rĂŽde la peur panique de sa propre vacuitĂ©.
BertrandRussell, Eloge de l’oisivetĂ©, 1932 1 Quatre-vingt ans et une crise Ă©conomique mondiale plus tard, notre intelligence n’a manifestement guĂšre progressĂ©, au contraire : si depuis lors la productivitĂ© du travail dans l’industrie et l’agriculture s’est vue grosso modo dĂ©cuplĂ©e, on ne peut pas dire qu’elle ait apportĂ© Ă  tous confort et sĂ©curitĂ©. L’Europe, qui
C’est un essai qu’on regarde d’abord du coin de l’Ɠil, sourire aux lĂšvres. Son titre et son sous-titre en jaune fluo semblent plus provocateurs que dignes de la page psy du lundi. Voyez plutĂŽt Ne rien faire, une mĂ©thode approximative & contradictoire pour devenir paresseux sans se donner trop de mal Ed. Kero, 2019. Et puis, Ă  lire cette fine fugue du journaliste Thomas Baumgartner, on est frappĂ© par sa pertinence et sa profondeur. Pas seulement parce que SĂ©nĂšque, AndrĂ© Filliou, Paul Lafargue ou Stevenson sont conviĂ©s en renfort de cette thĂšse du moindre effort. Surtout, parce qu’il s’en dĂ©gage une sĂ©rĂ©nitĂ©, une dĂ©termination Ă  viser le moins d’encombrements pour le plus de libertĂ© et de fantaisie. Et puis, la flemme a ses hĂ©ros, Snoopy, Gaston Lagaffe, The Big Lebowski
 Des modĂšles qui nous rappellent qu’ĂȘtre humain, ce n’est pas se tuer Ă  la tĂąche, mais apprĂ©cier la richesse infime et infinie du quotidien. La paresse s’apprivoise, l’oisivetĂ© a son mode d’emploi. Suivez le guide!Ni dormir, ni mourirAvant tout, l’auteur, qui a brillĂ© Ă  France Culture avant de diriger pendant deux ans Radio Nova, prĂ©sente ce que ne rien faire» n’est pas. Ce n’est ni dormir, ni mourir. Car il faut ĂȘtre Ă©veillĂ© et vivant pour mener ce combat du rien, ce sublime dĂ©nuement qui permet l’éclosion d’une nouvelle dimension. Ce n’est pas le silence, non plus, car le silence renverrait le sujet Ă  ses acouphĂšnes – oui, le futur oisif a beaucoup fait la fĂȘte par le passĂ©. Mais ce peut ĂȘtre une musique sans dĂ©but, ni fin, une musique expĂ©rimentale, car si l’on Ă©coute de la pop, on chante le refrain et, du coup, on ne fait pas rien. Cela dit, comme Thomas Baumgartner cultive la contradiction, il autorise Jacques Higelin, chantre du moment prĂ©sent et de la chute dans l’inconnu. TombĂ© du ciel
Alors, ne rien faire, c’est quoi? C’est, impĂ©rativement, rester chez soi. Pour deux raisons. DĂ©jĂ  parce que sortir expose Ă  une interaction sociale et dans interaction, il y a action». Ensuite, parce que nos appartements recĂšlent des trĂ©sors totalement sous-estimĂ©s. En restant chez soi, parfaitement inactif, mais les yeux ouverts, on revisite son propre foyer, on en redĂ©couvre les charmes autrefois nĂ©gligĂ©s par un rapport fonctionnel et pressĂ© au aussi Osez vous reposer!Mieux habiter l’espace privĂ©, c’est aussi s’habiter soi-mĂȘme. RedĂ©couvrir son corps sans qu’il soit souffrant ou blessĂ©. Lorsqu’on travaille, on ne remarque le corps que quand il dĂ©faille. De fait, dans les bureaux, dit l’auteur, les corps souffrent beaucoup. La position assise perturbe votre digestion, affaisse votre sangle abdominale, prĂ©pare les phlĂ©bites.» Quant Ă  l’écran, il vous accapare. Sachez que des yeux qui ne s’exercent qu’à quelques centimĂštres dĂ©veloppent une myopie. Il faut voir court et loin dans la mĂȘme journĂ©e, plusieurs fois, pour maintenir souple le cristallin.» Enfin, le corps souffre aussi de s’habiller serrĂ©, rigide, haut perchĂ©, etc. A la maison, le corps dit sa joie en robe lĂ©gĂšre ou en pyjama. DĂ©couvrez notre grand-format Une semaine sans smartphone? Des lecteurs du Temps tentent l’expĂ©rience Vous vous ennuyez dĂ©jĂ ? C’est un risque, mais c’est un ennui fertile qui, une fois apprivoisĂ©, dĂ©bouche sur une richesse inouĂŻe. Ne dĂ©sire rien, ne dĂ©cide rien, ne choisis rien», enseignait l’artiste Robert Filliou Ă  qui voulait atteindre la crĂ©ation permanente». Dans l’inaction, la moindre sensation, le plus petit dĂ©tail visuel ou sonore prennent une immense importance, le sujet se transforme en plaque sensible».Et, bon Ă  savoir aussi, le mode par dĂ©faut permet de construire notre mĂ©moire. Quand on ne fait rien, le cerveau fait le point», complĂšte le journaliste qui, pour libĂ©rer l’espace mental, conseille de planter son smartphone dans les plantes prĂšs de l’entrĂ©e. Le sage SĂ©nĂšque recommande l’oisivetĂ© otius qui seule permet un recul mĂ©ditatif Ă  la fois positif et salvateur». Et puis, ironise l’auteur, il n’y a pas que les oisifs qui s’ennuient. DĂ©jĂ  bien documentĂ©, le phĂ©nomĂšne du bore-out ou ennui au travail est plus courant et toxique que l’ennui domestique. Egalement disponible S’ennuyer au travail? Un enfer qui tue Mais assez de tentatives de lĂ©gitimation! Le flemmard est politique et appelle Ă  la rĂ©bellion, se rĂ©jouit Thomas Baumgartner avant de citer ses auteurs phares. Je suis affamĂ© de libertĂ© et me saoule Ă  la paresse», clame ClĂ©ment Pansaers dans son Apologie de la paresse, en 1921. Avant lui, dans Le Droit Ă  la paresse, de 1883, Paul Lafargue fustige les ouvriers qui se rendent complices des bourgeois» en tentant de rivaliser de zĂšle avec la machine alors qu’ils pourraient simplement se reposer sur avant, dans son Apologie des oisifs, de 1877, Stevenson, l’écrivain aventurier, prĂŽne l’école buissonniĂšre et l’annĂ©e sabbatique pour que les jeunes dĂ©couvrent un savoir non normĂ©. Enfin, le philosophe britannique Bertrand Russell Ă©crit un Eloge de l’oisivetĂ©, en 1932, qui postule un monde oĂč l’on ne travaillerait pas plus de quatre heures par jour». Alors, le bonheur et la joie prendront la place de la fatigue nerveuse, les hommes et les femmes deviendront plus enclins Ă  la bienveillance et le goĂ»t de la guerre disparaĂźtra».Gaston le magnifiqueCe ne sont pas les pacifiques Gaston Lagaffe ou Snoopy, oisifs canoniques, qui contrediront ces propos. Le premier fait palpiter le cƓur de Mademoiselle Jeanne avec ses trouvailles aussi ingĂ©nieuses qu’inutiles. Le second est le poĂšte parfait, chien de chasse qui ne chasse jamais, prĂ©fĂ©rant vivre dans un univers imaginaire oĂč il se voit astronaute, pilote d’élite ou chevalier. Lire enfin Une sieste par jour, le meilleur mĂ©dicament L’auteur cite encore Antoine Doinel, personnage fĂ©tiche de François Truffaut, qui passe ses journĂ©es Ă  peindre des fleurs dans la cour d’un immeuble. Ou The Big Lebowski, des frĂšres Coen, inactif flamboyant, impermĂ©able aux angoisses communes», comme la trace que chacun a le souci de laisser. C’est que, avait prĂ©venu le journaliste dans son intro, ne rien faire suppose de dompter son ego et d’oublier l’idĂ©e mĂȘme de postĂ©ritĂ© au profit d’un prĂ©sent jouissif, car dĂ©saliĂ©né Oui, mais alors, comment marchera le monde, si tout le monde troque l’activitĂ© contre le dĂ©sƓuvrement? Comment fera-t-on pour manger, se loger, se dĂ©placer, etc.? En dandy dĂ©gagĂ©, Thomas Baumgartner ne rĂ©sout pas cette impossible Ă©quation. Il dĂ©fend uniquement l’idĂ©e du revenu universel, rente de base distribuĂ©e Ă  chacun sans distinction. Son rayon Ă  lui, c’est le temps retrouvĂ©, la rĂȘverie Ă©veillĂ©e, la libertĂ© de dire un peu non. Et c’est un rayon que, sans culpabilitĂ© aucune, nous gagnerons tous Ă  explorer. Pour complĂ©ter sur The Big Lebowski The Dude, la naissance du cool
Dansla tradition de Swift et Stevenson, Bertrand Russell manie le paradoxe pour s'attaquer aux fondements de la civilisation moderne dans ce bref texte de 1919. Sa réflexion à la fois philosophique et politique s'exprime avec humour, légÚreté et ironie. Electre 2014. Dans la tradition de Swift et Stevenson, Bertrand Russell manie le paradoxe pour s'attaquer aux

Le cĂ©lĂšbre mathĂ©maticien et philosophe Bertrand Russell a tentĂ© d'appliquer la clartĂ© qu'il admirait dans le raisonnement mathĂ©matique Ă  la solution de problĂšmes dans d'autres domaines, en particulier l'Ă©thique et la politique. Dans cet essai, publiĂ© pour la premiĂšre fois en 1932, Russell plaide en faveur d'une journĂ©e de travail de quatre heures. Examiner si ses arguments pour la paresse» mĂ©ritent un examen sĂ©rieux aujourd'hui. Éloge de l'oisivetĂ© par Bertrand Russell Comme la plupart de ma gĂ©nĂ©ration, j'ai Ă©tĂ© Ă©levĂ© sur le dicton Satan trouve quelque mĂ©fait Ă  faire pour des mains oisives. Étant un enfant trĂšs vertueux, j'ai cru tout ce qu'on m'a dit et j'ai acquis une conscience qui m'a permis de travailler dur jusqu'Ă  prĂ©sent. Mais bien que ma conscience ait contrĂŽlĂ© mes actions, mes opinions ont subi une rĂ©volution. Je pense qu'il y a beaucoup trop de travail accompli dans le monde, qu'un immense tort est causĂ© par la croyance que le travail est vertueux et que ce qui doit ĂȘtre prĂȘchĂ© dans les pays industriels modernes est trĂšs diffĂ©rent de ce qui a toujours Ă©tĂ© prĂȘchĂ©. Tout le monde connaĂźt l'histoire du voyageur de Naples qui a vu douze mendiants allongĂ©s au soleil c'Ă©tait avant l'Ă©poque de Mussolini, et a offert une lire aux plus paresseux d'entre eux. Onze d'entre eux se sont levĂ©s pour le rĂ©clamer, alors il l'a donnĂ© au douziĂšme. ce voyageur Ă©tait sur la bonne voie. Mais dans les pays qui ne jouissent pas du soleil mĂ©diterranĂ©en, l'oisivetĂ© est plus difficile, et une grande propagande publique sera nĂ©cessaire pour l'inaugurer. J'espĂšre qu'aprĂšs avoir lu les pages suivantes, les dirigeants du YMCA lanceront une campagne pour inciter les bons jeunes gens Ă  ne rien faire. Si c'est le cas, je n'aurai pas vĂ©cu en vain. Avant d'avancer mes propres arguments pour la paresse, je dois en disposer d'un que je ne peux pas accepter. Chaque fois qu'une personne qui a dĂ©jĂ  assez de quoi vivre propose de s'engager dans une sorte de travail quotidien, comme l'enseignement scolaire ou la dactylographie, on lui dit qu'une telle conduite prend le pain de la bouche des autres et est donc mĂ©chante. Si cet argument Ă©tait valable, il suffirait que nous soyons tous oisifs pour que nous ayons tous la bouche pleine de pain. Ce que les gens qui disent de telles choses oublient, c'est que ce qu'un homme gagne, il le dĂ©pense habituellement et, en dĂ©pensant, il donne un emploi. Tant qu'un homme dĂ©pense son revenu, il met autant de pain dans la bouche des gens en dĂ©penses qu'il en retire de la bouche des autres pour gagner. Le vrai mĂ©chant, de ce point de vue, est l'homme qui sauve. S'il se contente de mettre ses Ă©conomies dans un bas, comme le proverbe paysan français, il est Ă©vident qu'ils ne donnent pas d'emploi. S'il investit son Ă©pargne, la question est moins Ă©vidente et diffĂ©rents cas se prĂ©sentent. L'une des choses les plus courantes Ă  faire avec l'Ă©pargne est de la prĂȘter Ă  un gouvernement. Compte tenu du fait que la majeure partie des dĂ©penses publiques de la plupart des gouvernements civilisĂ©s consiste Ă  payer les guerres passĂ©es ou Ă  prĂ©parer les guerres futures, l'homme qui prĂȘte son argent Ă  un gouvernement est dans la mĂȘme situation que les hommes mauvais de Shakespeare qui embauchent assassins. Le rĂ©sultat net des habitudes Ă©conomiques de l'homme est d'augmenter les forces armĂ©es de l'État auquel il prĂȘte ses Ă©conomies. Évidemment, ce serait mieux s'il dĂ©pensait de l'argent, mĂȘme s'il le dĂ©pensait pour boire ou pour jouer. Mais, me dira-t-on, le cas est bien diffĂ©rent lorsque l'Ă©pargne est investie dans des entreprises industrielles. Lorsque de telles entreprises rĂ©ussissent et produisent quelque chose d'utile, cela peut ĂȘtre concĂ©dĂ©. De nos jours, cependant, personne ne niera que la plupart des entreprises Ă©chouent. Cela signifie qu'une grande partie du travail humain, qui aurait pu ĂȘtre consacrĂ©e Ă  la production de quelque chose qui pouvait ĂȘtre apprĂ©ciĂ©, a Ă©tĂ© consacrĂ©e Ă  la production de machines qui, une fois produites, Ă©taient inactives et ne faisaient de bien Ă  personne. L'homme qui investit son Ă©pargne dans une entreprise en faillite blesse donc aussi bien les autres que lui-mĂȘme. S'il dĂ©pensait son argent, disons, Ă  faire des fĂȘtes pour ses amis, ils on peut l'espĂ©rer auraient du plaisir, tout comme tous ceux Ă  qui il a dĂ©pensĂ© de l'argent, comme le boucher, le boulanger et le pirate. Mais s'il le dĂ©pense disons en posant des rails pour la carte de surface dans un endroit oĂč les voitures de surface s'avĂšrent ne pas ĂȘtre recherchĂ©es, il a dĂ©tournĂ© une masse de travail dans des canaux oĂč cela ne fait plaisir Ă  personne. NĂ©anmoins, lorsqu'il deviendra pauvre Ă  cause de l'Ă©chec de son investissement, il sera considĂ©rĂ© comme une victime d'un malheur immĂ©ritĂ©, tandis que le dĂ©pensier gay, qui a dĂ©pensĂ© son argent de maniĂšre philanthropique, sera mĂ©prisĂ© comme un imbĂ©cile et une personne frivole.. Tout cela n'est que prĂ©liminaire. Je veux dire, trĂšs sĂ©rieusement, que beaucoup de mal est fait dans le monde moderne par la croyance en la vertu du travail, et que le chemin du bonheur et de la prospĂ©ritĂ© rĂ©side dans une diminution organisĂ©e du travail. Tout d'abord qu'est-ce que le travail? Le travail est de deux types premiĂšrement, la modification de la position de la matiĂšre Ă  la surface de la Terre ou Ă  proximitĂ© de celle-ci par rapport Ă  une autre de ces matiĂšres; deuxiĂšmement, dire aux autres de le faire. Le premier type est dĂ©sagrĂ©able et mal payĂ©; le second est agrĂ©able et trĂšs bien payĂ©. Le deuxiĂšme type peut ĂȘtre prolongĂ© indĂ©finiment il y a non seulement ceux qui donnent des ordres, mais ceux qui donnent des conseils sur les ordres Ă  donner. Habituellement, deux types de conseils opposĂ©s sont donnĂ©s simultanĂ©ment par deux corps organisĂ©s d'hommes; c'est ce qu'on appelle la politique. La compĂ©tence requise pour ce type de travail n'est pas la connaissance des sujets sur lesquels les conseils sont donnĂ©s, mais la connaissance de l'art de parler et d'Ă©crire de maniĂšre persuasive, c'est-Ă -dire de la publicitĂ©. Dans toute l'Europe, mais pas en AmĂ©rique, il existe une troisiĂšme classe d'hommes, plus respectĂ©e que l'une ou l'autre des classes de travailleurs. Il y a des hommes qui, grĂące Ă  la propriĂ©tĂ© de la terre, peuvent faire payer Ă  d'autres le privilĂšge de pouvoir exister et travailler. Ces propriĂ©taires fonciers sont inactifs, et je dois donc les fĂ©liciter. Malheureusement, leur oisivetĂ© n'est rendue possible que par l'industrie des autres; en effet, leur dĂ©sir de paresse confortable est historiquement la source de tout l'Ă©vangile du travail. La derniĂšre chose qu'ils aient jamais souhaitĂ©e, c'est que les autres suivent leur exemple. Suite Ă  la page deux Suite de la premiĂšre pageDu dĂ©but de la civilisation jusqu'Ă  la rĂ©volution industrielle, un homme ne pouvait, en rĂšgle gĂ©nĂ©rale, produire par un travail acharnĂ© guĂšre plus que ce qui Ă©tait nĂ©cessaire Ă  sa subsistance et Ă  celle de sa famille, bien que sa femme ait travaillĂ© au moins aussi durement que lui et les enfants ont ajoutĂ© leur travail dĂšs qu'ils Ă©taient en Ăąge de le faire. Le petit surplus au-dessus des nĂ©cessitĂ©s nues n'Ă©tait pas laissĂ© Ă  ceux qui le produisaient, mais il Ă©tait appropriĂ© par les guerriers et les prĂȘtres. En pĂ©riode de famine, il n'y avait pas d'excĂ©dent; les guerriers et les prĂȘtres, cependant, ont obtenu autant que d'autres fois, de sorte que de nombreux travailleurs sont morts de faim. Ce systĂšme a persistĂ© en Russie jusqu'en 1917 [1], et persiste encore Ă  l'Est; en Angleterre, malgrĂ© la rĂ©volution industrielle, il est restĂ© en vigueur tout au long des guerres napolĂ©oniennes, et jusqu'Ă  il y a cent ans, lorsque la nouvelle classe de fabricants a acquis le pouvoir. En AmĂ©rique, le systĂšme a pris fin avec la RĂ©volution, sauf dans le Sud, oĂč il a persistĂ© jusqu'Ă  la guerre civile. Un systĂšme qui a durĂ© si longtemps et qui s'est terminĂ© si rĂ©cemment a naturellement laissĂ© une profonde impression sur les pensĂ©es et les opinions des hommes. Une grande partie de ce que nous tenons pour acquis quant Ă  l'opportunitĂ© du travail dĂ©rive de ce systĂšme et, Ă©tant prĂ©industriel, n'est pas adaptĂ© au monde moderne. La technique moderne a permis au loisir, dans certaines limites, d'ĂȘtre non pas l'apanage de petites classes privilĂ©giĂ©es, mais un droit uniformĂ©ment rĂ©parti dans toute la communautĂ©. La morale du travail est la morale des esclaves, et le monde moderne n'a pas besoin de l'esclavage. Il est Ă©vident que, dans les communautĂ©s primitives, les paysans livrĂ©s Ă  eux-mĂȘmes ne se seraient pas dĂ©partis du mince surplus sur lequel subsistaient les guerriers et les prĂȘtres, mais auraient soit produit moins, soit consommĂ© plus. Au dĂ©but, la force pure les a obligĂ©s Ă  produire et Ă  se sĂ©parer du surplus. Peu Ă  peu, cependant, il a Ă©tĂ© possible d’inciter nombre d’entre eux Ă  accepter une Ă©thique selon laquelle il Ă©tait de leur devoir de travailler dur, mĂȘme si une partie de leur travail consistait Ă  soutenir les autres dans l’oisivetĂ©. De cette façon, la contrainte nĂ©cessaire a Ă©tĂ© rĂ©duite et les dĂ©penses du gouvernement ont diminuĂ©. À ce jour, 99 pour cent des salariĂ©s britanniques seraient vĂ©ritablement choquĂ©s s'il Ă©tait proposĂ© que le roi ne dispose pas d'un revenu supĂ©rieur Ă  celui d'un travailleur. La conception du devoir, parlant historiquement, a Ă©tĂ© un moyen utilisĂ© par les dĂ©tenteurs du pouvoir pour inciter les autres Ă  vivre pour les intĂ©rĂȘts de leurs maĂźtres plutĂŽt que pour les leurs. Bien sĂ»r, les dĂ©tenteurs du pouvoir se cachent ce fait en parvenant Ă  croire que leurs intĂ©rĂȘts sont identiques aux intĂ©rĂȘts plus larges de l'humanitĂ©. Parfois c'est vrai; Les propriĂ©taires d'esclaves athĂ©niens, par exemple, consacraient une partie de leurs loisirs Ă  apporter une contribution permanente Ă  la civilisation, ce qui aurait Ă©tĂ© impossible dans un systĂšme Ă©conomique juste. Le loisir est essentiel Ă  la civilisation, et dans le passĂ©, le loisir de quelques-uns n'Ă©tait rendu possible que par les travaux du plus grand nombre. Mais leurs travaux Ă©taient prĂ©cieux, non pas parce que le travail est bon, mais parce que les loisirs sont bons. Et avec la technique moderne, il serait possible de rĂ©partir les loisirs Ă©quitablement sans nuire Ă  la civilisation. La technique moderne a permis de rĂ©duire Ă©normĂ©ment la quantitĂ© de travail requise pour assurer les nĂ©cessitĂ©s de la vie de chacun. Cela a Ă©tĂ© rendu Ă©vident pendant la guerre. À cette Ă©poque, tous les hommes des forces armĂ©es et tous les hommes et toutes les femmes engagĂ©s dans la production de munitions, tous les hommes et toutes les femmes engagĂ©s dans l'espionnage, la propagande de guerre ou les bureaux du gouvernement liĂ©s Ă  la guerre ont Ă©tĂ© retirĂ©s des activitĂ©s productives. MalgrĂ© cela, le niveau gĂ©nĂ©ral de bien-ĂȘtre des salariĂ©s non qualifiĂ©s du cĂŽtĂ© des AlliĂ©s Ă©tait plus Ă©levĂ© qu'avant ou depuis. L'importance de ce fait Ă©tait cachĂ©e par la finance l'emprunt donnait l'impression que l'avenir nourrissait le prĂ©sent. Mais cela, bien sĂ»r, aurait Ă©tĂ© impossible; un homme ne peut pas manger une miche de pain qui n'existe pas encore. La guerre a montrĂ© de maniĂšre concluante que, grĂące Ă  l'organisation scientifique de la production, il est possible de maintenir les populations modernes dans un bon confort sur une petite partie de la capacitĂ© de travail du monde moderne. Si, Ă  la fin de la guerre, l'organisation scientifique, qui avait Ă©tĂ© créée pour libĂ©rer les hommes pour les combats et les travaux de munitions, avait Ă©tĂ© prĂ©servĂ©e et les heures de la semaine rĂ©duites Ă  quatre, tout aurait Ă©tĂ© bien . Au lieu de cela, l'ancien chaos a Ă©tĂ© restaurĂ©, ceux dont le travail Ă©tait demandĂ© ont dĂ» travailler de longues heures, et les autres ont dĂ» mourir de faim comme chĂŽmeurs. Pourquoi? Parce que le travail est un devoir, et qu'un homme ne devrait pas recevoir un salaire proportionnel Ă  ce qu'il a produit, mais proportionnĂ© Ă  sa vertu comme en tĂ©moigne son industrie. Telle est la moralitĂ© de l'État esclave, appliquĂ©e dans des circonstances totalement diffĂ©rentes de celles dans lesquelles il est nĂ©. Pas Ă©tonnant que le rĂ©sultat ait Ă©tĂ© dĂ©sastreux. Prenons une illustration. Supposons qu'Ă  un moment donnĂ©, un certain nombre de personnes soient engagĂ©es dans la fabrication d'Ă©pingles. Ils fabriquent autant d'Ă©pingles que le monde en a besoin, travaillant disons huit heures par jour. Quelqu'un fait une invention grĂące Ă  laquelle le mĂȘme nombre d'hommes peut fabriquer deux fois plus d'Ă©pingles les Ă©pingles sont dĂ©jĂ  si bon marchĂ© que presque plus ne seront achetĂ©es Ă  un prix infĂ©rieur. Dans un monde sensĂ©, toutes les personnes concernĂ©es par la fabrication d'Ă©pingles prendraient quatre heures au lieu de huit, et tout le reste continuerait comme avant. Mais dans le monde rĂ©el, cela serait considĂ©rĂ© comme dĂ©moralisant. Les hommes travaillent encore huit heures, il y a trop d'Ă©pingles, certains employeurs font faillite, et la moitiĂ© des hommes qui s'occupaient auparavant de fabriquer des Ă©pingles sont licenciĂ©s. Il y a, en fin de compte, autant de loisirs que sur l'autre plan, mais la moitiĂ© des hommes sont totalement inactifs tandis que la moitiĂ© est encore surmenĂ©e. De cette façon, il est assurĂ© que le loisir inĂ©vitable causera la misĂšre tout autour au lieu d'ĂȘtre une source universelle de bonheur. Peut-on imaginer quelque chose de plus fou? Suite Ă  la page trois Suite de la page deuxL'idĂ©e que les pauvres devraient avoir des loisirs a toujours choquĂ© les riches. En Angleterre, au dĂ©but du dix-neuviĂšme siĂšcle, quinze heures Ă©taient le travail ordinaire d'un homme; les enfants en faisaient parfois autant, et trĂšs souvent douze heures par jour. Lorsque des corps occupĂ©s et indiscrets ont suggĂ©rĂ© que ces heures Ă©taient peut-ĂȘtre assez longues, on leur a dit que le travail empĂȘchait les adultes de boire et les enfants de mal. Quand j'Ă©tais enfant, peu de temps aprĂšs que les ouvriers urbains eurent obtenu le vote, certains jours fĂ©riĂ©s Ă©taient instituĂ©s par la loi, au grand dam des classes supĂ©rieures. Je me souviens avoir entendu une vieille duchesse dire Que veulent les pauvres en vacances? Ils devraient travailler. De nos jours, les gens sont moins francs, mais le sentiment persiste et est Ă  l'origine d'une grande partie de notre confusion Ă©conomique.

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BertrandRussell, mathĂ©maticien et philosophe entre autres, publia en 1932 un essai intitulĂ© “Éloge de l’OisivetĂ©â€. Tout en vous incitant Ă  vous procurer cet ouvrage pour le lire, nous souhaitons ici partager avec vous ce qu’il a inspirĂ© Ă  Dominique Rongvaux. Cet ancien ingĂ©nieur commercial belge, devenu comĂ©dien, s’est
Ayant un peu de temps, j'en ai profitĂ© pour relire quelques BD et notamment les aventures d'AstrĂ©rix. Je suis agrĂ©ablement tombĂ© sur l'album ObĂ©lix et compagnie, que j'ai re-dĂ©couvert sous un angle totalement diffĂ©rent de la derniĂšre fois que je l'ai lu. J'y ai dĂ©couvert une histoire qui est une critique du capitalisme. Pour ceux qui n'aurait pas lu horreur! ou relu cette BD derniĂšrement, voici un rĂ©sumĂ© de l'histoire. La domination par la dĂ©cadence AprĂšs de multiples dĂ©faites, CĂ©sar tente toujours de trouver un moyen de conquĂ©rir enfin ce petit village gaulois d'Armorique qui rĂ©siste encore et toujours Ă  l'envahisseur. Cette fois, il est conseillĂ© par Caius Saugrenus un petit jeune qui sort de l'NEA, La Nouvelle Ecole d'Affranchis... Ce personnage a une ressemblance troublante avec Jacques Chirac, qui Ă©tait, Ă  l'Ă©poque de la sortie de cet album 1976, premier ministre de la France.... Caius Saugrenus dĂ©clare que si les gaulois n'ont rien d'autre Ă  faire que de se battre, il faut les occuper. Il faut les tenter par l'appĂąt du gain et l'or pour les transformer en dĂ©cadents ! CĂ©sar constatant l'Ă©tat dĂ©cadent de tous ses riches conseillers est emballĂ© par l'idĂ©e et donne des crĂ©dits illimitĂ©s Ă  Caius Saugrenus pour rĂ©aliser son projet. L'appĂąt du gain, l'envie de reconnaissance Le plan de Saugrenus est simple, il propose Ă  ObĂ©lix de lui acheter ses menhirs en Ă©change de beaucoup de sesterces. Le prix double Ă  chaque livraison. Pour qu'ObĂ©lix accepte, il lui dit Mais oui ! C'est intĂ©ressant d'avoir de l'argent. Tu peux acheter des tas de choses Ă  manger... Tu seras l'homme le plus riche de ton village et donc le plus important. ObĂ©lix accepte. Le travail, organisation sociale ObĂ©lix va donc passer tout son temps Ă  tailler des menhirs pour tenter de combler la demande de Caius Saugrenus. Il passe tellement de temps dans sa carriĂšre de menhir qu'il n'a plus le temps de faire autre chose. Comme il le dit lui mĂȘme Ă  AstĂ©rix qui lui proposer d'aller Ă  la chasse J'ai du travail! J'ai un menhir Ă  faire ! Je n'ai pas le temps de rigoler, moi! ObĂ©lix n'a donc plus le temps de chasser. Ce qui pose tout de mĂȘme un problĂšme. Lui qui aime tellement manger du sanglier il n'en a pas ! Mais comme ObĂ©lix est riche de plein de sesterces, il paye AnalgĂ©six, un autre villageois pour aller chasser Ă  sa place. Au file du temps, Caius Saugrenus augmente toujours plus la demande, ce qui pousse ObĂ©lix a engager plusieurs tailleurs de menhirs et plusieurs chasseurs pour nourrir les tailleurs. La concurrence isole Puis Caius Saugrenus affine sa stratĂ©gie. Il suggĂšre Ă  ObĂ©lix qu'Ă©tant devenu un riche chef d'entreprise, il ne porte pas des habits dignes de son rang. ObĂ©lix va donc refaire sa garde robe et montrer ainsi Ă  tous le village son nouveau statut. Le statut de nouveau riche d'ObĂ©lix va engendrer beaucoup de jalousie dans le village et pousser de nombreux hommes du village Ă  se lancer dans la taille de menhir pour gagner plein de sesterces. La concurrence ainsi gĂ©nĂ©rĂ©e isole les uns des autres les anciens amis. Le plan de Saugrenus fonctionne Ă  merveille. Les gaulois ne sont plus unis et ils n'ont plus le temps de penser Ă  se battre. La surproduction mĂšne au marketing Le plan de Saugrenus fonctionne Ă  merveille, mais trĂšs vite il est submergĂ© de menhir. CĂ©sar n'est pas trĂšs content. Saugrenus lui propose alors de vendre les menhirs. CĂ©sar lui rĂ©torque Qui voudra des ces menhirs ? Ils ne servent Ă  rien ! Caius Saugrenus dĂ©cide alors de lancer une campagne de marketing ! Il faut provoquer le besoin chez le consommateur. Il explique que les gens achĂšte Ce qui est utile Ce qui est confortable Ce qui est amusant Ce qui rend jaloux les voisins C'est ce dernier crĂ©neau qui nous intĂ©resse! Une grande campagne de pub est donc lancĂ©e. Les murs de Rome sont placardĂ©s d'affiches, des publicitĂ©s pro menhir sont faites durant les jeux du cirque. Puis les produits dĂ©rivĂ©s arrivent. Des toges, des cadrans solaires, des bijoux, le kit marteau burin pour faire son menhir soi mĂȘme. Le menhir, Ă  la base objet inutile, devient un objet convoitĂ© de tous dans le monde romain. RĂšglementation du commerce et protectionnisme Voyant le succĂšs du menhir d'armorique, les romains eux aussi se lancent dans le taille et la vente de menhirs. Ce qui commence Ă  causer de grave problĂšme Ă  Jules CĂ©sar. Il tente le protectionnisme. Il doit lutter contre la baisse des prix du menhir romain qui l'empĂȘche de liquider ses menhirs gaulois achetĂ© Ă  prix d'or ! Mais lĂ  il est confrontĂ© aux manifestations des travailleurs romains qui bloquent la via Apia ! La crise Pour limiter la casse, CĂ©sar dĂ©cide de tout arrĂȘter. Il renvoie Caius Saugrenus en Armorique pour annoncer aux gaulois que Rome ne veut plus de menhir. En chemin sur la route on aperçois un cimetiĂšre de menhir ! La crise est lĂ  chez les gaulois. Plus aucun menhir ne se vend. Il sont prĂȘt Ă  se faire la guerre entre eux. Mais sur les sages paroles d'AstĂ©rix ils vont plutĂŽt taper sur les romains Tout est arrivĂ© Ă  cause d'eux, finalement ! La vie du village reprend son cours, l'album se termine par le traditionnel banquet et Rome est au bord de la faillite suite Ă  une dĂ©valuation du sesterce due Ă  la crise ! Analyse Je trouve que cette histoire illustre trĂšs bien l'absurditĂ© du systĂšme capitaliste. Motivation, besoin de reconnaissance Tout d'abord, comment dĂ©bute l'histoire ? Comment ObĂ©lix se fait il avoir par Saugrenus pour se lancer dans le capitalisme ? Il se lance dans le capitalisme par ce que Saugrenus lui dit Mais oui ! C'est intĂ©ressant d'avoir de l'argent. Tu peux acheter des tas de choses Ă  manger... Tu seras l'homme le plus riche de ton village et donc le plus important. ObĂ©lix avait dĂ©jĂ  suffisamment de choses Ă  manger. Il n'a donc pas besoin d'argent. Mais le fait de lier homme le plus riche avec homme le plus important est un argument qui a fait mouche. On remarque donc ici, que c'est le besoin de reconnaissance qui a motivĂ© ObĂ©lix. Ceci est vrai pour ObĂ©lix, mais c'est Ă©galement vrai pour la plupart d'entre nous. Le besoin de reconnaissance est un des moteurs de notre existence. Ici Saugrenus associe la possession de sesterces Ă  cette reconnaissance. Mais l'argent n'est pas l'unique moyen d'avoir la reconnaissance de ses pairs. C'est lĂ  le piĂšge qui nous est tendu. Le travail prend du temps Un autre point qu'il me semble important de signaler, c'est que travailler ça prend du temps. ObĂ©lix remarque rapidement que pour gagner de l'argent, il doit travailler plus. Si il travaille plus, il ne peut plus aller chercher Ă  manger tout seul. Il engage donc des chasseurs. C'est finalement toute la sociĂ©tĂ© qui est organisĂ©e autour de ce travail de cette production dans l'unique but de gagner de l'argent. C'est le principe de base de l'invention de la monnaie mĂ©tallique rendre la monnaie indispensable en l'imposant par l'impĂŽt et ainsi permettre Ă  celui qui crĂ©e la monnaie de vivre sur le dos des autres... Les gens sont obligĂ© des se spĂ©cialiser pour ĂȘtre plus efficace. C'est l'invention de l'Ă©conomie de marchĂ©. Le travail ça prend du temps. Beaucoup de gens se plaignent de n'avoir jamais le temps de faire telle ou telle chose par ce qu'il faut toujours travailler plus... C'est une rĂ©alitĂ©. Nous sommes enfermĂ© dans une spirale infernale qui nous bouffe notre temps. Petit exemple actuel d'une famille qui a plusieurs enfants. Monsieur travaille pour subvenir aux besoins de sa famille, madame s'occupe des enfants. Puis les enfants deviennent grands, ils ont plus de besoins qui coutent cher. Madame recommence Ă  travailler pour gagner plus d'argent. Mais comme elle n'est pas Ă  la maison, elle engage une babysitter pour s'occuper des enfants quand elle n'est pas lĂ . Puis pour payer la babysitter elle change de travail pour un travail un peu plus loin mais qui paye mieux. Mais voilĂ  que comme son travail est plus loin elle doit maintenant acheter une voiture. Puis le revenu des deux conjoints a augmentĂ©, ils changent de catĂ©gorie de revenus et payent plus d'impĂŽts ! Pour se serrer la ceinture, on dĂ©cide de rĂ©duire les couts de nourriture. On achĂšte de la nourriture bon marchĂ© de moins bonne qualitĂ©. Bilan Madame travaille plus, elle voit moins ses enfants, elle paye plus d'impĂŽt, elle passe du temps dans les embouteillages Ă  polluer, elle a moins d'argent qu'avant et donc tout le monde mange sur le pouce des aliments de moins bonne qualitĂ© ! Il faudra me dire Ă  quoi ça sert de travailler plus pour gagner plus d'argent !?! Il me semble que la vĂ©ritable seule richesse que l'on a, c'est du temps. Alors ne gĂąchons pas notre temps pour faire tourner un systĂšme stupide. Utilisons notre temps pour des activitĂ©s qui nous intĂ©resse. la concurrence Un bon filons, ça attire tout le monde! ObĂ©lix n'est pas longtemps tout seul Ă  tailler des menhirs. TrĂšs vite, d'autres veulent aussi obtenir le niveau social d'ObĂ©lix et donc se lancent dans la taille de menhir. Cette concurrence transforme vite l'ambiance paisible du village en une ambiance tendue. Les valeurs de camaraderie et de rigolade sont remplacĂ©es par des valeurs de rendement, vitesse et profit. La jalousie rĂšgne. Un des sacro-saints principes du libĂ©ralisme c'est la concurrence. Mais est ce que la concurrence est vraiment un bon principe ? Je ne suis pas certain que l'idĂ©e de vouloir Ă  tout prix une concurrence dans le domaine de la tĂ©lĂ©phonie mobile ai Ă©tĂ© une rĂ©ussite. Ainsi avec 3 opĂ©rateurs ont a 3 fois plus d'antennes de tĂ©lĂ©phonie pour la mĂȘme couverture ! La concurrence est bien souvent inutile. En SuĂšde, au lieu de se concurrencer, les fournisseurs d'accĂšs internet se sont mis Ă  collaborer. Ils ont construit ensemble un superbe rĂ©seau de fibre optique pour accĂ©der Ă  chaque maison. Ainsi mĂȘme les iles les plus reculĂ©es du reste du monde ont une excellente connexion rĂ©seau. Avec la collaboration tout le monde est gagnant. Cessons de se concurrencer, apprenons Ă  collaborer. Ensemble nous sommes plus fort. le marketing Une fois Jules CĂ©sar envahi par les menhir, il faut trouver quoi faire avec cet objet inutile ! Comment faire pour vendre de l'inutile, il faut faire une campagne de marketing. Comme le dit Caius Saugrenus Il faut provoquer le besoin chez le consommateur. Ainsi le systĂšme capitaliste doit pousser le plus loin possible son absurditĂ© de base. Comme il faut pouvoir vendre Ă  tout prix. Il faut que les gens achĂštent Ă  tout prix, que l'objet qu'on leur vend soit utile ou non. Pour ça, on s'appuie sur la psychologie humaine. Le capitalisme se rĂ©pand grĂące Ă  la jalousie, Ă  l'envie et au besoin de reconnaissance des autres. cette fois-ci plus en fonction de sa richesse en argent, mais de sa richesse en objet Les voisins ont un menhir si l'on ne veut pas passer pour un con, il nous faut un menhir. C'est la mode! C'est ainsi qu'une foule de produit dĂ©rivĂ©s dĂ©barquent sur le marchĂ©. Puis toute une foule de services complĂ©mentaires, la publicitĂ©, les outils de communication et de transport. On industrialise la production de nourriture, vu qu'il y a moins de monde disponible pour s'occuper des champs, il faut amĂ©liorer le rendement. Toute la sociĂ©tĂ© vit sur cette absurditĂ© de vouloir absolument un menhir ! Dans cette album des aventures d'AstĂ©rix c'est le menhir qui est le hĂ©ros de l'histoire. Mais dans notre rĂ©alitĂ©, on peut trouver beaucoup d'exemples d'objets inutiles qui font tourner le systĂšme et qui gĂ©nĂšrent avec eux tout un systĂšme de services et besoins qui tourne autour. Pour ne prendre qu'un exemple, l'horlogerie en est un bon. Nous n'avons pas vraiment besoin de savoir l'heure qu'il est. Mais la montre est aussi un objet de luxe qui montre sa position sociale. Ainsi tout le monde en a une. Toute une industrie de l'horlogerie se crĂ©e. Il faut des moyens de communication et de transport pour acheminer les montres. Pour synchroniser tous ces moyens de transports, de communication et de production, il faut des horaires, et donc il faut des montres ! Le systĂšme s'auto-alimente. Les ressources naturelles Il y a un point qui n'est pas traitĂ© dans cette BD, c'est le problĂšme des ressources naturelles. Comment ObĂ©lix et ses voisins ont ils pu inonder le marchĂ© romain de menhirs en les taillant tous dans les deux trois rochers qui jouxtent leur village ?!? Cette gigantesque construction sociale qu'a conçue le capitalisme repose sur la production de biens. Pour produire ces biens, on exploite des ressources naturelles. Notre terre elle-mĂȘme. Mais ce que l'on a tendance a oublier, c'est que ces ressources ne sont pas infinies. Elles sont limitĂ©es. Le systĂšme capitaliste est une vĂ©ritable machine Ă  transformer des ressources naturelles en dĂ©chets. Des ressources inutilisables. Le PIB est la mesure de la vitesse Ă  laquelle tourne cette machine. Dans la bande dessinĂ©e, on voit, au bord d'une route, un cimetiĂšre de menhirs. C'est bel et bien une dĂ©charge. C'est ça la finalitĂ© du capitalisme. Le systĂšme s'arrĂȘtera de lui mĂȘme lorsque toutes les ressources naturelles auront Ă©tĂ© transformĂ©es en dĂ©chets. Mais lĂ , le systĂšme ne sera pas le seul Ă  disparaitre ! Conclusions Conclusions est ce que nous avons toujours envie de favoriser un systĂšme qui nous bouffe notre temps? qui remplace des valeurs de solidaritĂ©s et de collaboration par des valeurs d'individualisme et de concurrence ? qui nous pousse a transformer nos ressources naturelles en dĂ©chets ? Est ce que c'est vraiment ça que nous voulons ? Moi pas. Alors sortons du capitalisme ! Pour plus d'infos sur les mĂ©faits du capitalisme je recommande le livre Pour sauver la planĂšte, sortez du capitalisme. De HervĂ© Kempf. Que faire pour sortir du capitalisme ? Il suffit dĂ©jĂ  de regarder tous les objets autour de soi et de se demander si l'on en a vraiment besoin. Si par hasard je ne suis pas entourĂ© de menhirs inutiles ?
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