🕛 France Mùre Des Arts Des Armes Et Des Lois

PierreDebray – Maurras et le Fascisme; L’Action française dans la Grande Guerre; Mai 68; Recherche Recherche » France, mĂšre des arts, des armes et des lois « vendredi 5 juillet 2019 lundi 11 aoĂ»t 2014 sur JSF. François Marcilhac vient de publier dans Pouzet a Ă©crit En 1558 'joachim" du bellay' pouvait Ă©crire un poĂšme dans lequel il disait "France mĂšre des arts, des armes et des lois".Lorsque ce poĂšme fut Ă©crit, le but Ă©tait loin de s'inscrire dans la poĂ©sie laudative. Pour s'en assurer, il suffit de le lire entiĂšrement. Depuis l'AntiquitĂ©, la poĂ©sie obĂ©it Ă  des codes, des ... poĂšme est tirĂ© d'un recueil "Les Regrets". Ce recueil a Ă©tĂ© Ă©crit Ă  partir de 1555. De nos jours, nous avons la version "retapissĂ©e" ; gĂ©nĂ©ralement il n'y avait pas de titre et les titres furent mis en fonction du premier vers. Les poĂštes avaient plutĂŽt tendance Ă  numĂ©roter."Les Regrets" contient 191 sonnets. Si la forme du "sonnet" est choisie, ce n'est pas au poĂšmes ont Ă©tĂ© Ă©crits pour la plupart en Italie. Quelques uns font allusion au voyage de retour, les derniers environ 40 ont sans doute Ă©tĂ© rĂ©digĂ©s en souligne le caractĂšre nouveau du recueil. Il renonce Ă  la grande inspiration philosophique Ronsard, Ă  l'imitation des Grecs, d'Horace ou de PĂ©trarque il a dĂ©jĂ  utilisĂ© cette veine. Les souffrances d'un sĂ©jour Ă  Rome lui font dĂ©couvrir la "poĂ©sie personnelle". Il faut voir "Regrets" comme un carnet de voyage, voyage douloureux oĂč du Bellay voit la fin de ses ambitions, l'amertume qu'il en conçoit, l'ennui de cette vie et l'envie du douleur et cette sincĂ©ritĂ© exprimĂ©es font de du Bellay le poĂšte le plus "moderne" de la du poĂšte est Jean du Bellay, ambassadeur Ă  Rome dĂšs 1534. Il connaĂźt des heures de disgrĂące au dĂ©but du rĂšgne d'Henri II. En 1553, le roi entre en guerre contre Charles Quint et recourt Ă  Jean du Bellay pour nĂ©gocier avec le pape Jules III. Jean du Bellay s'attache alors son neveu Joachim en 1553. Investi d'une mission de confiance il discutera des "capitulations" signĂ©es sous SĂ©lim II avec l'Empire ottoman et se verra chargĂ© d'en attĂ©nuer l'impact auprĂšs de certains ambassadeurs de diverses cours d'Europe, le poĂšte est déçu dans ses ambitions. ChargĂ© de l'intendance de Jean du Bellay, ces occupations s'avĂšrent vite ennuyeuses "Je suis nĂ© pour la Muse, on me fait mesnager" sonnet XXXIX, puis vient la nostalgie "La France et mon Anjou dont le dĂ©sir me point..." XXV. Il a plusieurs fois le dĂ©sir de retour toujours "la flatteuse espĂ©rance" le retient auprĂšs de son maĂźtre et de quelques exilĂ©s comme le spectacle des mƓurs romaines qui attise sa verve satirique "Les vieux singes de Cour...", "Lorsque je vois ces Messieurs...".Avec "France... " IX, tournĂ© vers sa lointaine patrie, il souffre et pour exprimer cette dĂ©tresse, du Bellay trouve l'image de l'agneau Ă©garĂ©. Dans la "chute", le poĂšte pointe l'injustice de son sort ou "si" est renforcĂ© par "pourtant" "Entre les loups cruels, j'erre parmi la plaine 
 / Las, tes autres agneaux 
. /Ils ne craignent le loup, le vent ni la froidure / Si ne suis-je pourtant le pire du troupeau."A son retour en France, tout a changĂ©. Il retrouve Paris "sans pair". Repris par sa surditĂ© un temps calmĂ©e en Italie, il publie les "AntiquitĂ©s de Rome", "Poemata", "Jeux rustiques" et "Regrets". Au dĂ©cĂšs d'Henri II, tout est Ă  refaire et il se voit contraint -pour une pension- de devenir le "poĂšte courtisan" de François II. Pour les Ɠuvres de ce moment, Ă  l'exemple de Mellin de Saint-Gelais, du Bellay se gardera de les publier afin d'Ă©chapper Ă  la critique."Tu seras bien venu entre les grands seigneurs, / Desquels tu recevras les biens et les honneurs / Et non la pauvretĂ©, des Muses l'hĂ©ritage, / Laquelle est Ă  ceux-lĂ  rĂ©servĂ©e en partage, / Qui, dĂ©daignant la Cour, fĂącheux et mal plaisants, /Pour rallonger leur gloire accourcissent leurs ans." Du Bellay n'atteindra pas 40 l'Histoire, un poĂšme s'analyse de maniĂšre rigoureuse et sortir un vers de son contexte afin d'amener un questionnement peut parfois s'avĂ©rer est-il toujours bon de connaitre la biographie d'un Ă©crivain et le contexte de l'Ă©criture. Jean-Marc Labbat en fait la dĂ©monstration avec son d'OrlĂ©ans sera prisonnier des Anglais pendant la Guerre de Cent ans, il passera vingt annĂ©es dans les geĂŽles anglaises sans que sa rançon ne soit payĂ©e. C'est lĂ  qu'il Ă©crira l'essentiel de son oeuvre. Le contexte explique le poĂšme une laudation extrĂȘme de la France et puis une chute qui fait comprendre toute l'amertume du prisonnier, se voyant oubliĂ© oĂč sont donc les valeurs d'antan ?bourbilly21 a Ă©crit ... çà ne vous rappelle rien ?Du Bellay a Ă©crit "Vision" concernant ... a Ă©crit Tout comme Louis XIV et NapolĂ©on ont eux-mĂȘme forcĂ© la main au pape... Philippe IV "le Bel" l'a fait en son temps, Charles Quint le fera...Ici, il s'agit de la France mais je pense que n'importe quel endroit aurait donnĂ© autant d'arguments historiques Florence, le Saint Empire, l'Autriche, l'Espagne, l'Empire ottoman... concernant arts, armes et a Ă©crit Bref, il ne faut pas faire dire Ă  un texte du Moyen-Age ce qu'il ne veut pas dire ...Vous avez la dĂ©finition philosophique "Dans l'AntiquitĂ©, l'Art visait Ă  exprimer la beautĂ©"- du Bellay, nous avons un peu dĂ©passĂ© le Moyen-Âge - ... %C3%A7aisePouzet a Ă©crit ... qun avaient par exemple conquis l'ameriqueVous auriez pu poser cette question et prendre comme "appui" "Heureux qui comme Ulysse...", tirĂ© aussi de "Les Regrets". On peut y voir le bonheur des voyages et de la dĂ©couverte mais la suite, lĂ  encore, montre la tristesse de l'Ă©loignement et le besoin du ... _________________"... we shall fight on the seas and oceans, we shall fight ... whatever the cost may be ... we shall never surrender...." W. L. Churchill"... The ship is anchor’d safe and sound, its voyage closed and done, ... From fearful trip the victor ship comes in with object won ..." W. Whitman Jr France mĂšre des arts, des armes et des lois France, mĂšre des arts, des armes et des lois, Tu m'as nourri longtemps du lait de ta mamelle : Ores, comme un agneau qui sa nourrice appelle, Je remplis de ton nom les antres et les bois. Si tu m'as pour enfant avouĂ© quelquefois, Que ne me rĂ©ponds-tu maintenant, ĂŽ cruelle ? France, France
France, mĂšre des arts, des armes et des lois, Tu m’as nourri longtemps du lait de ta mamelle Ores, comme un agneau qui sa nourrice appelle, Je remplis de ton nom les antres et les bois. Si tu m’as pour enfant avouĂ© quelquefois, Que ne me rĂ©ponds-tu maintenant, ĂŽ cruelle ? France, France, rĂ©ponds Ă  ma triste querelle. Mais nul, sinon Écho, ne rĂ©pond Ă  ma voix. Entre les loups cruels j’erre parmi la plaine, Je sens venir l’hiver, de qui la froide haleine D’une tremblante horreur fait hĂ©risser ma peau. Las, tes autres agneaux n’ont faute de pĂąture, Ils ne craignent le loup, le vent ni la froidure Si ne suis-je pourtant le pire du troupeau. Johachim Du Bellay, Les Regrets, Paris, 1558
Cest dommage que la "France mÚre des arts des armes et des lois" reste insensible. De quoi seront faits les musées d'armes des décennies prochaines ? Lire l'article complet en français . Categorie A and B for collectors ? Read the article in english Appel à la résistance Bafoués, méprisés et maintenant trahis avec l'affaire des A1-11°, les amateurs d'armes vont-ils rester
ï»żFrance, mĂšre des arts, des armes et des lois, Tu m’as nourri longtemps du lait de ta mamelle Ores, comme un agneau qui sa nourrice appelle, Je remplis de ton nom les antres et les bois. Si tu m’as pour enfant avouĂ© quelquefois, Que ne me rĂ©ponds-tu maintenant, ĂŽ cruelle ? France, France, rĂ©ponds Ă  ma triste querelle. Mais nul, sinon Écho, ne rĂ©pond Ă  ma voix. Entre les loups cruels j’erre parmi la plaine, Je sens venir l’hiver, de qui la froide haleine D’une tremblante horreur fait hĂ©risser ma peau. Las, tes autres agneaux n’ont faute de pĂąture, Ils ne craignent le loup, le vent, ni la froidure Si ne suis-je pourtant le pire du troupeau. Joachim Du Bellay, Les Regrets 1558 LisezFrance, mĂšre des arts, des armes et des lois en Document sur YouScribe - France, mĂšre des arts, des armes et des lois* A francophonie fait recette : nĂ© Ă  Niamey en 1969Livre numĂ©rique en ActualitĂ© et dĂ©bat de sociĂ©tĂ© France, mĂšre des arts
 France, mĂšre des arts, des armes et des lois, Tu m’as nourri longtemps du lait de ta mamelle; Ores, comme un agneau qui sa nourrice appelle, Je remplis de ton nom les antres et les bois. Si tu m’as pour enfant avouĂ© quelquefois, Que ne me rĂ©ponds-tu maintenant, ĂŽ cruelle? France, France, rĂ©ponds Ă  ma triste querelle. Mais nul, sinon Echo, ne rĂ©pond Ă  ma voix. Entre les loups cruels j’erre parmi la plaine, Je sens venir l’hiver, de qui la froide haleine D’une tremblante horreur fait hĂ©risser ma peau. Las, tes autres agneaux n’ont faute de pĂąture, Ils ne craignent le loup, le vent ni la froidure; Si ne suis-je pourtant le pire du troupeau. Joachim du Bellay.
\n\n \n \n\nfrance mĂšre des arts des armes et des lois
DUBELLAY : FRANCE, MÈRE DES ARTS, DES ARMES ET DES LOIS => extrait du recueil Les regrets, publié en 1558. C'est l'un des poÚmes les plus célÚbres de Joachim du Bellay.
Vingt-cinq aprĂšs l’adoption de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant, les Etats-Unis restent l’un des trĂšs rares Etats Ă  ne pas l’avoir ratifiĂ©e. Le 20 novembre 1989 Ă  New York, l’AssemblĂ©e GĂ©nĂ©rale des Nations Unies adopte la Convention internationale des droits de l’enfant CIDE. Vingt-cinq ans plus tard, ce jour est devenu JournĂ©e mondiale de l’enfance en France, et la CIDE a Ă©tĂ© ratifiĂ©e par 193 Etats. Deux ne l’ont pas signĂ©e, le Soudan du Sud et la Palestine, du fait de leur statut ambigu au sein de la communautĂ© internationale. Deux autres l’ont seulement signĂ©e, sans la ratifier. C’est le cas de la Somalie, mais aussi des Etats-Unis, troisiĂšme pays le plus peuplĂ© au monde, et premiĂšre puissance mondiale. De quoi s’interroger. Oui Ă  la signature, non Ă  la ratification Ce n’est pas pour rien si l’on distingue signature et ratification. La simple signature par un Etat ne fait pas entrer la convention dans le droit interne », explique Jacques Fierens, juriste et philosophe spĂ©cialisĂ© dans les droits de l’enfant. Autrement dit, se contenter de signer la CIDE n’oblige en aucun cas l’Etat Ă  appliquer les dispositions qui y sont prĂ©vues. BenoĂźt Van Keirsbilck, directeur de DĂ©fense des Enfants International DEI, renchĂ©rit La signature est un simple engagement politique. La ratification implique la mise en Ɠuvre de cette convention, en mettant en place des services, en adoptant certaines mesures, en faisant appliquer les dispositions de la convention devant les juges. » Si la signature est faite par le pouvoir exĂ©cutif, la ratification revient gĂ©nĂ©ralement au pouvoir lĂ©gislatif. Aux Etats-Unis, c’est donc le rĂŽle du CongrĂšs. Les Etats Unis ont signĂ© la Convention Internationale des Droits de l’Enfant le 16 fĂ©vrier 1995, soit dĂ©jĂ  cinq ans aprĂšs les 60 premiers Etats signataires. Mais la ratification ne suit pas, et par consĂ©quent, les dispositions de la CIDE n’ont pas force obligatoire aux Etats-Unis. Si certains des droits de l’enfant qu’elle garantit sont bafouĂ©s sur le territoire amĂ©ricain, les citoyens ne peuvent s’en prĂ©munir devant les tribunaux. La peine de mort des mineurs, obstacle Ă  la ratification Certaines dispositions de la CIDE ont-elles pu dissuader les Etats-Unis de la ratifier ? On y parle pourtant de non discrimination, de droit Ă  l’éducation, Ă  la santĂ©, ou mĂȘme au repos et au loisir. Mais un article a en effet bien pu gĂȘner le CongrĂšs amĂ©ricain, et c’est l’article 37 Nul enfant ne soit soumis Ă  la torture ni Ă  des peines ou traitements cruels, inhumains ou dĂ©gradants. Ni la peine capitale ni l’emprisonnement Ă  vie sans possibilitĂ© de libĂ©ration ne doivent ĂȘtre prononcĂ©s pour les infractions commises par des personnes ĂągĂ©es de moins de dix-huit ans . Selon les juristes, cette mention de la peine de mort et de la prison Ă  la perpĂ©tuitĂ© est sans aucun doute Ă  l’origine de la rĂ©ticence des Etats-Unis Ă  ratifier la Convention. En 1989, annĂ©e d’adoption de la CIDE, nombre d’Etats des Etats-Unis pratiquaient encore ces deux peines radicales sur les mineurs de plus de 16 ans. Mais en 2005, la cour suprĂȘme a dĂ©noncĂ© la peine de mort des mineurs lors d’un procĂšs , souligne BenoĂźt Keirbilck La cour a mĂȘme fait rĂ©fĂ©rence Ă  la Convention internationale des droits de l’enfant dans son arrĂȘt, ce qui Ă©tait assez Ă©tonnant. Mais la loi n’a pas changĂ© ; nous ne sommes pas tout Ă  fait Ă  l’abri d’un revirement de jurisprudence. » Aux Etats-Unis, les dĂ©cisions de la cour suprĂȘme ont toutefois une trĂšs forte portĂ©e, et ce jugement Ă©quivaut quasiment Ă  l’abolition de la peine de mort sur les mineurs. MalgrĂ© cette avancĂ©e, le CongrĂšs, qui n’a pas entĂ©rinĂ© dans une loi cette dĂ©cision, n’a toujours pas ratifiĂ© la CIDE. Lors de ses deux campagnes, Barack Obama s’était pourtant engagĂ© Ă  le faire. Un excĂšs d’ego des Etats-Unis ? Jacques Fierens donne une raison qu’il dit plus subjective » et personnelle » Ă  ce que les Etats-Unis rechignent Ă  signer cette convention Ils se croient les maĂźtres du monde, et ne sont donc pas trĂšs enclins Ă  ratifier les conventions internationales. C’est une maniĂšre de signifier qu’ils sont au-dessus de cela. » BenoĂźt Van Keirsbilck le rejoint sur ce point Les Etats-Unis n’aiment pas avoir le regard d’une instance extĂ©rieure sur leur droit interne. » Pourtant, chose paradoxale et assez inĂ©dite dans le droit international, les Etats-Unis ont ratifiĂ© deux des trois protocoles facultatifs annexes Ă  la CIDE, qui traitent respectivement de l’exploitation sexuelle des enfants, de leur implication dans les conflits armĂ©s, et d’une saisine directe du ComitĂ© des droits de l’enfant. Des protocoles que mĂȘme certains Etats parties Ă  la CIDE n’ont toujours pas signĂ©, rappelle BenoĂźt Keirbilck, qui ajoute GĂ©nĂ©ralement, les Etats qui ratifient des protocoles facultatifs ont dĂ©jĂ  signĂ© la convention originale. » Le cas des Etats-Unis apparaĂźt donc comme une raretĂ© » du droit international, conclut le juriste.
France mĂšre des arts, des armes et des lois, Tu m’as nourri longtemps du lait de ta mamelle : Ores, comme un agneau qui sa nourrice appelle, Je remplis de ton nom les antres et les bois. Si tu m’as pour enfant avouĂ© quelquefois, Que ne me rĂ©ponds-tu maintenant, ĂŽ cruelle ? France, France, rĂ©ponds Ă  ma triste querelle. Mais nul, sinon Écho, ne rĂ©pond Ă  ma voix. Entre les
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France, mĂšre des arts, des armes et des lois, Tu m'as nourri longtemps du lait de ta mamelle : Ores, comme un agneau qui sa nourrice appelle, Je remplis de ton nom les antres et les bois. Si tu m'as pour enfant avouĂ© quelquefois, ____________________________________________________________________________________________________ France, mĂšre des arts, des armes et des lois, Tu m'as nourri longtemps du lait de ta mamelle Ores, comme un agneau qui sa nourrice appelle, Je remplis de ton nom les antres et les bois. Si tu m'as pour enfant avouĂ© quelquefois, Que ne me rĂ©ponds-tu maintenant, ĂŽ cruelle ? France, France, rĂ©ponds Ă  ma triste querelle. Mais nul, sinon Écho, ne rĂ©pond Ă  ma voix. Entre les loups cruels j'erre parmi la plaine, Je sens venir l'hiver, de qui la froide haleine D'une tremblante horreur fait hĂ©risser ma peau. Las, tes autres agneaux n'ont faute de pĂąture, Ils ne craignent le loup, le vent ni la froidure Si ne suis-je pourtant le pire du troupeau. Recueil poĂ©tique de Joachim du Bellay 1522-1560, Les Regrets fut publiĂ© sous le titre les Regrets et Autres ƒuvres poĂ©tiques Ă  Paris chez FĂ©dĂ©ric Morel en 1558. Avant d’ĂȘtre rassemblĂ©s, nombre des sonnets qui composent le recueil circulaient soit en manuscrits, soit imprimĂ©s sans l’autorisation de l’auteur. En 1553, le poĂšte avait accompagnĂ© Ă  Rome son illustre parent, le cardinal Jean du Bellay, qui lui avait confiĂ© l’intendance de sa maison. MĂȘme si l’enthousiasme des premiers temps cĂ©da la place au dĂ©senchantement, le sĂ©jour romain fut loin d’ĂȘtre stĂ©rile aprĂšs avoir quittĂ© Rome, en aoĂ»t 1557, Du Bellay publia coup sur coup, l’annĂ©e suivante, les Regrets, les Divers Jeux rustiques, les AntiquitĂ©s de Rome, et un recueil de PoĂ«mata latins; en outre, le poĂšte revenait en France pourvu de substantiels bĂ©nĂ©fices ecclĂ©siastiques, et l’avenir se prĂ©sentait pour lui sous de bons auspices. Il ne faut donc pas faire une lecture trop littĂ©rale des sonnets relatifs Ă  la dĂ©solation du sĂ©jour romain et Ă  l’obligation navrante de courtiser». Les Regrets se nourrissent Ă©videmment de rĂ©fĂ©rences littĂ©raires dĂšs le sonnet liminaire “À son livre”, Du Bellay se place sous l’invocation d’Ovide, dont il traduit plusieurs vers mot pour mot; mais tandis que les Tristes gĂ©missaient sur l’éloignement de Rome, les Regrets renversent la perspective et font de la Ville Ă©ternelle le bord incogneu d’un estrange rivage». Au souvenir d’Ovide s’ajoute l’influence dĂ©cisive de la satire horatienne paraphrasant dans le deuxiĂšme sonnet l’auteur des Satires, Du Bellay se rĂ©clame d’une simplicitĂ© qu’il qualifie de prose en ryme» ou de ryme en prose»; il est ainsi conduit Ă  adopter l’alexandrin, vers prosaĂŻque aux yeux des poĂštes du temps. Le sonnet France, mĂšre des arts, des armes et des lois » est le neuviĂšme du recueil. Au XVI° siĂšcle, c’est l’Italie qu’on appelle mĂšre des arts ». En donnant ce surnom Ă  la France, dans le sonnet IX, Du Bellay continue la mĂ©ditation du sonnet VII Cependant que la Cour mes ouvrages lisait » ce poĂšme, l’un des plus cĂ©lĂšbres du recueil, poursuit la mĂ©ditation sur les liens entre un poĂšte et le pays qui l’inspire. Mais le ton de la plainte se fait plus pathĂ©tique. Nous verrons dans une premiĂšre partie.... Plan Introduction I L’appel pathĂ©tique A/ Le poĂšte et la France rimes masculines et fĂ©minines B/ L’élĂ©gie et le regret » du pays perdu la poĂ©sie patriotique C/ La France bergĂšre la poĂ©sie pastorale II Le dĂ©tournement des rĂ©fĂ©rences et l’institution d’une poĂ©tique propre A/ France et Italie les sƓurs belligĂ©rantes B/ Le dĂ©tournement de la poĂ©tique pĂ©trarquiste C/ Sonnet et alexandrin Conclusion L'accĂšs au reste du commentaire littĂ©raire est protĂ©gĂ© par un code d'accĂšs. Pour l'obtenir, il vous suffit d'appeler le numĂ©ro de tĂ©lĂ©phone correspondant Ă  votre pays et votre mot de passe vous sera dictĂ© par un robot vocal. Veillez Ă  bien noter quelque part votre numĂ©ro d'accĂšs afin de ne pas l'oubier ! Entrez ensuite le code dans le champ en dessous des drapeaux puis cliquez sur "envoyer". Cet appel vous est facturĂ© 1,68 euros. Le code est valable 2 fois ! Si vous rencontrez des problĂšmes, contactez-nous. Pour avoir des accĂšs gratuits envoyez nous vos devoirs ! Plus d'informations Ce fichier contient un commentaire composĂ© avec introduction, conclusion et transitions rĂ©digĂ©es Plan ; I L’appel pathĂ©tique A/ Le poĂšte et la France rimes masculines et fĂ©minines B/ L’élĂ©gie et le regret » du pays perdu la poĂ©sie patriotique C/ La France bergĂšre la poĂ©sie pastorale II Le dĂ©tournement des rĂ©fĂ©rences et l’institution d’une poĂ©tique propre A/ France et Italie les sƓurs belligĂ©rantes B/ Le dĂ©tournement de la poĂ©tique pĂ©trarquiste C/ Sonnet et alexandrin Conclusion Attention Le site propose des documents qui peuvent vous servir de base ou de modĂšle dans vos travaux scolaires. Il est vivement conseillĂ© de ne pas les recopier mais seulement de s'en inspirer. Le webmaster de ce site ne saurait en aucun cas ĂȘtre responsable des notes ou des sanctions rĂ©sultant de l'utilisation de la banque de donnĂ©es du site. 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Rappelez-vous qu'il peut y avoir de bons devoirs trĂšs diffĂ©rents entre eux. © - Tous droits rĂ©servĂ©s. Toute reproduction complĂšte ou partielle est formellement interdite. Les commentaires de texte, et les fiches hĂ©bergĂ©es sur le site sont la propriĂ©tĂ© de Etplus que l'air marin la douceur Angevine. France, mĂšre des arts, des armes et des lois ( tirĂ© des Regrets - 1558) France, mĂšre des arts, des armes et des lois, Tu m'as nourri longtemps du lait de ta mamelle : Ores, comme un agneau qui sa nourrice appelle, Je remplis de ton nom les antres et les bois. Si tu m'as pour enfant avouĂ© quelquefois,

PubliĂ© le 4 nov. 2009 Ă  101Les organisations patronales ne se disent pas particuliĂšrement effrayĂ©es par les mesures de rĂ©torsion prĂ©vues dans le collectif budgĂ©taire contre les entreprises impliquĂ©es dans les paradis fiscaux. Pour elles, la vocation du plan est d'inciter les pays non coopĂ©ratifs » Ă  rentrer dans le rang, plus qu'Ă  entraver le fonctionnement des grands groupes mondiaux. Ces textes ont essentiellement pour finalitĂ© d'inciter les Etats qui n'auraient pas signĂ© d'accords d'Ă©change de renseignements avec la France Ă  le faire », confirme Nicolas Jacquot, associĂ© chez Landwell. Le projet de loi, qui tient en trois grands principes dĂ©signation des paradis fiscaux, mesures de rĂ©torsion, obligation de transparence des entreprises, s'inscrit dans la droite ligne des G20 de Pittsburgh et de prioritĂ© la France se donne les moyens de sanctionner des pays qui ne figurent pas sur la liste noire de l'OCDE. Pourquoi une telle prĂ©caution ? C'est qu'Ă  terme, la liste de l'OCDE a toutes les chances d'ĂȘtre vierge. Pour en sortir, il suffit de signer des conventions fiscales avec une douzaine de pays, quels qu'ils soient. RĂ©cemment, les paradis fiscaux ont donc signĂ© des conventions entre eux. Le gouvernement espĂšre avoir trouvĂ© la riposte la liste des paradis fiscaux sera actualisĂ©e par arrĂȘtĂ© chaque annĂ©e, le 1er janvier, pour y intĂ©grer les Etats ayant signĂ© une convention fiscale avec la France, mais dont la mise en oeuvre n'a pas permis Ă  l'administration d'obtenir les renseignements nĂ©cessaires Ă  l'application de la lĂ©gislation fiscale », selon le texte de loi dont Les Echos » ont obtenu copie. Ainsi, la France se donne notamment les moyens de vĂ©rifier, sur le long terme, si la Suisse et le Liechtenstein jouent vraiment le jeu. Contre les particuliers »DeuxiĂšme principe le gouvernement va surtaxer les transactions rĂ©alisĂ©es entre la France et les paradis fiscaux pour inciter les acteurs Ă©conomiques Ă  restreindre leurs opĂ©rations avec des juridictions non coopĂ©ratives ». Ainsi, les taux de retenue Ă  la source sur les revenus passifs dividendes, intĂ©rĂȘts, redevances seront-ils majorĂ©s Ă  50 % dĂšs lors que les flux bĂ©nĂ©ficient Ă  des rĂ©sidents de paradis fiscaux. Aujourd'hui, ils sont compris entre 15 % et 35 %. Les entreprises s'estiment, lĂ  encore, peu concernĂ©es C'est une arme contre les particuliers, non contre les entreprises », dĂ©crypte Michel Taly, prĂ©sident de la commission fiscale de l'Institut de l'entreprise, le niveau de taxation prĂ©cĂ©dent Ă©tant dĂ©jĂ  rĂ©dhibitoire pour les professionnels. En outre, les dividendes perçus par des sociĂ©tĂ©s en France, et versĂ©s par leurs filiales installĂ©es dans les paradis fiscaux, seront aussi prioritĂ© le gouvernement va renforcer l'obligation de transparence des entreprises internationales et des trusts. C'est le point qui embarrasse le plus les organisations patronales. Les entreprises n'ont pas envie de dĂ©voiler l'ensemble de leur comptabilitĂ© », estime l'un de leurs reprĂ©sentants. Les entitĂ©s françaises devront produire l'ensemble des documents demandĂ©s aux sociĂ©tĂ©s passibles de l'impĂŽt sur les sociĂ©tĂ©s, en particulier ceux justifiant des prix de transfert entre maison mĂšre et affronter la montĂ©e des incertitudes ?Inflation, hausse des taux d’intĂ©rĂȘt, Ukraine et maintenant incertitude politique, les chocs se multiplient. Pour Ă©voluer dans un environnement de plus en plus complexe, l’expertise de la rĂ©daction des Echos est prĂ©cieuse. Chaque jour, nos enquĂȘtes, analyses, chroniques et Ă©dito accompagnent nos abonnĂ©s, les aident Ă  comprendre les changements qui transforment notre monde et les prĂ©parent Ă  prendre les meilleures dĂ©couvre les offres

citation1. France, mĂšre des arts, des armes et des lois, - Tu m'as nourri longtemps du lait de ta mamelle: - Ores, comme un agneau qui sa nourrice appelle, - Je remplis de ton nom les antres et les bois. Les Regrets de.
1 À propos de l’essor nouveau des recherches en sciences sociales sur le sujet, voir l’état des lieu ... 1Des amazones mythiques aux viragos des romans, de Nikita Ă  Lara Croft, des hĂ©roĂŻnes de mangas aux sorciĂšres, nombreuses sont les figures fĂ©minines violentes qui peuplent l’imaginaire des productions culturelles et mĂ©diatiques. HĂ©roĂŻques ou monstrueuses, dĂ©signĂ©es parfois comme les instigatrices de la violence des hommes, elles suscitent Ă  la fois l’engouement, la fascination et la rĂ©pulsion. La violence des femmes, jusqu’à une date rĂ©cente en France1, est pourtant restĂ©e une question trĂšs peu explorĂ©e dans le champ des sciences humaines et sociales, en particulier en sociologie de la dĂ©viance et des institutions pĂ©nales. On rĂ©pugne Ă  aborder le sujet, reproduisant au niveau de l’analyse 
 la rĂ©ticence Ă  s’approcher du corps des femmes, autre que maternel Perrot, 2002, 125. Cette formule de Michelle Perrot Ă  propos des violences faites aux femmes s’applique Ă©galement aux violences exercĂ©es par les femmes, comme si le corps des femmes Ă©tait, jusque dans les recherches, toujours associĂ© au maternel et donc au care Paperman, Laugier, 2006, Ă  la sollicitude et au soin. Les femmes violentes contribuent ainsi Ă  brouiller les frontiĂšres, Ă  instaurer un trouble qui est bien social et non pas seulement de l’ordre de l’exceptionnalitĂ© historique ou clinique. Le dĂ©fi est double. Non seulement il s’agit de s’attaquer Ă  une notion – la violence – dĂ©finie par les anthropologues et les philosophes comme ce rĂ©sidu impensable, irrationnel, intolĂ©rable qui dĂ©fie les catĂ©gories de l’analyse Lenclud, Claverie, Jamin, 1984 ; Lavergne, Perdoncin, 2010, mais il faut en plus la dĂ©cliner au fĂ©minin – alors mĂȘme que l’ordre des sexes et des genres et, au-delĂ , l’ordre social, fait de la violence un attribut du masculin viril. 2En proposant ce numĂ©ro spĂ©cial de Champ PĂ©nal, il s’agit par consĂ©quent d’interroger ce couple en apparence impossible. En apparence seulement si la violence constitue un domaine rĂ©servĂ© des hommes, ils n’en ont pas pour autant le monopole. Oui, les femmes sont violentes malgrĂ© leur douce nature, affirmaient ironiquement Arlette Farge et CĂ©cile Dauphin Dauphin, Farge, 1997, 12 dans leur ouvrage pionnier De la violence et des femmes. IndĂ©niablement minoritaire en termes d’occurrence statistique, la violence des femmes est un phĂ©nomĂšne constant. Et ceci se vĂ©rifie aussi bien Ă  la pĂ©riode contemporaine que dans les Ă©poques prĂ©cĂ©dentes, et dans des aires gĂ©ographiques trĂšs variĂ©es. De la mĂȘme maniĂšre que pour Durkheim, le suicide ou le crime, loin d’ĂȘtre pathologiques, sont des phĂ©nomĂšnes rĂ©guliers et dignes d’investigation sociologique, nous voudrions monter tout l’intĂ©rĂȘt pour les sciences sociales de penser l’accĂšs des femmes Ă  la violence. 3La violence des femmes peut ĂȘtre analysĂ©e sous des angles divers. Pour ce numĂ©ro, nous avons fait le choix de nous intĂ©resser Ă  la dimension sexuĂ©e du contrĂŽle social de la violence, formalisĂ© dans des institutions lĂ©gales, non limitĂ©es aux institutions pĂ©nales institutions disciplinaires, judiciaires, para-pĂ©nales, cliniques, qui jouent Ă  la fois comme des instances de reconnaissance et d’occultation de la violence fĂ©minine. Comment, dans quels espaces et selon quelles modalitĂ©s s’exercent concrĂštement la prise en charge de la violence des femmes ? Pour rĂ©pondre Ă  ces questions, il convient de se pencher sur les pratiques professionnelles, le fonctionnement des institutions de rĂ©gulation, mais aussi d’interroger l’articulation entre savoir et pouvoir Foucault, 1975 dans sa dimension sexuĂ©e. En quoi les catĂ©gories profanes et savantes contribuent-elles Ă  rejouer les processus de diffĂ©renciation des sexes et confĂšrent Ă  la violence des femmes un caractĂšre contre-nature ou privĂ© ? Ce faisant, il s’agit de poursuivre le chantier ouvert par d’autres et de contribuer Ă  Ă©clairer la maniĂšre dont les sociĂ©tĂ©s vivent, pensent et imaginent la violence fĂ©minine Dauphin, Farge, 1997, 11 et de mettre au jour la dimension sexuĂ©e de l’ordre et du contrĂŽle social pour mesurer, in fine, l’enjeu social et politique que revĂȘt la reconnaissance de cette violence fĂ©minine. 4Cette reconnaissance ne relativise pas celle des violences faites aux femmes, elle ne conduit pas non plus Ă  proposer une symĂ©trie entre violences des et violences sur les femmes. Par ailleurs, dire que les femmes sont des ĂȘtres douĂ©s de violence n’érige pas pour autant les hommes en victimes de femmes surpuissantes, comme le prĂ©tendent les discours masculinistes et antifĂ©ministes. Se complexifie en revanche le jeu des interactions et des assignations de rĂŽle. I - L’euphĂ©misation du phĂ©nomĂšne 5La violence fĂ©minine se prĂ©sente sous le mode d’une prĂ©sence/absence. HypertrophiĂ©e, ultravisible, elle n’en est pas moins occultĂ©e, voire dĂ©niĂ©e – les deux processus, on le verra, allant souvent de pair. Comment expliquer cette invisibilitĂ©, qui concerne aussi bien le monde social que les recherches scientifiques ? 1. La dĂ©finition de la violence une savonnette 2 À dĂ©faut de pouvoir nous appuyer sur une Ă©tude historique de l’apparition et de la disparition du ... 6Cette invisibilisation tient d’abord Ă  la violence elle-mĂȘme. Il est convenu, dans les analyses sur la violence, de rappeler combien le terme demeure Ă  la fois difficile Ă  dĂ©finir et Ă  dĂ©crire. Il suffit, pour s’en convaincre, de se plonger dans diffĂ©rents codes pĂ©nal, civil, code de procĂ©dure pĂ©nale2. Sur le plan pĂ©nal, la violence ne constitue pas une infraction ou une catĂ©gorie en soi comme le vol, le viol, les coups et blessures volontaires. Il s’agit surtout d’une circonstance aggravante pour qualifier une infraction, comme par exemple le vol avec violence ou dans le code civil un motif de rupture de contrat, que la violence ait eu lieu ou pas la menace de violence ». Dans les codes, le terme de violence » est le plus souvent employĂ© au pluriel et dĂ©fini par dĂ©faut dans une Ă©chelle de comportements et d’infractions coups, ruse, intimidation, violence, torture et actes de barbarie. Il constitue une forme de mot valise qui permet aux acteurs de la chaĂźne policiĂšre et judiciaire d’englober toute une sĂ©rie d’infractions et d’activitĂ©s en les qualifiant de violentes », sans qu’il y ait un rĂ©pertoire de faits et gestes a priori constituĂ© de ces formes de violence. C’est en quelque sorte une case vide, laissĂ©e Ă  l’apprĂ©ciation des lĂ©gislateurs, au mĂȘme titre qu’une autre notion, celle de danger » article 375 du code civil. Ce constat invite Ă  beaucoup de prudence Ă  l’égard d’une dĂ©finition prĂ©cise d’une notion dont on voit bien qu’elle a vocation Ă  rester floue, y compris pour le droit. Ce qui implique, du point de vue de la recherche, de s’interroger sur les opĂ©rations de qualifications des infractions et des actes. 7Se pose en effet un problĂšme mĂ©thodologique majeur quand on Ă©tudie la violence faut-il s’intĂ©resser uniquement au processus d’étiquetage par les acteurs de ce qu’ils/elles considĂšrent comme violent et non-violent, sachant que les seuils de tolĂ©rance Ă  la violence diffĂšrent d’un groupe social Ă  l’autre, d’une Ă©poque Ă  l’autre, d’une situation Ă  l’autre ? Sont-ce les chercheur-e-s en sciences sociales qui dĂ©signent tel Ă©vĂ©nement, tel fait comme violent – au risque de proposer une dĂ©finition trĂšs extensive de la violence ? En ce qui concerne l’étude des femmes, les opĂ©rations de requalification et de traduction sont trĂšs importantes car il ne s’agit pas seulement de mettre en Ă©vidence la violence fĂ©minine la plus spectaculaire, mais d’exhumer des situations de violence fĂ©minine, dĂ©niĂ©es comme telles, ou euphĂ©misĂ©es, obligeant Ă  dĂ©coder les archives. Dans tous les cas, la dĂ©signation de la violence, qu’elle Ă©mane des acteurs Ă©tudiĂ©s ou du discours scientifique qui produit ses propres catĂ©gories, n’est pas neutre, elle oblige Ă  procĂ©der Ă  une sĂ©lection dont les effets sont performatifs. 2. Le tabou fĂ©ministe de la violence des femmes 8La difficultĂ© Ă  rendre compte de la violence, Ă  la fois sur le plan empirique et sur le plan thĂ©orique, est redoublĂ©e par un processus d’invisibilisation des femmes - ces fameuses silencieuses de l’Histoire » Perrot, 1998. Comme le montre l’ouvrage dirigĂ© par FrĂ©dĂ©ric Chauvaud et Gilles Malandain 2009, les femmes qui passent devant la justice aux XIXe et XXe siĂšcles se trouvent dans un double bind impossibles victimes » et impossibles coupables », les femmes peinent Ă  faire reconnaĂźtre comme non pathologiques ou non exceptionnelles les violences dont elles sont victimes, mais aussi les violences qu’elles infligent. Indissociables, ces deux opĂ©rations tĂ©moignent de la position mineure » des femmes. 9L’organisation sociale repose en effet sur la mise en scĂšne matĂ©rielle et symbolique d’une bipolaritĂ© qui distribue tĂąches et stĂ©rĂ©otypes, opposant nature/culture, espace privĂ©/espace public, donner la vie/donner la mort, force/faiblesse, virilitĂ©/fĂ©minitĂ©, sexe masculin/sexe fĂ©minin Ortner, 1998 ; HĂ©ritier, 1996. Cette division sexuelle des rĂŽles, des stĂ©rĂ©otypes et des symboles confine le groupe des femmes Ă  ĂȘtre des agents de pacification des mƓurs et non des guerriĂšres – ou plus exactement Ă  se voir interdire les armes les plus sophistiquĂ©es. Tel est le principe mis au jour par l’anthropologue Paola Tabet qui a enquĂȘtĂ© sur les rĂšgles de rĂ©partition des outils et a constatĂ© un gap technologique entre les sexes Tabet, 1979, 10. Il va sans dire que ces usages se dĂ©clinent de maniĂšre trĂšs variable et que les systĂšmes de distribution, tout en Ă©tant Ă©minemment sexuĂ©s, prĂ©voient des exceptions. Il existe bel et bien des femmes Ă  cƓur d’homme HĂ©ritier, 1996, qui jettent le trouble et dĂ©placent les normes, jusqu’à Ă©roder les fondements mĂȘmes du principe de monopole masculin des armes Pruvost, 2008. 10Du point de vue chronologique, l’étude scientifique de l’appropriation par les femmes du pouvoir de violence s’est faite aprĂšs la mise en Ă©vidence des violences faites aux femmes, et ce, pour des raisons stratĂ©giques. Les Ă©tudes sur les genres, liĂ©es au mouvement de libĂ©ration des femmes, ont obĂ©i Ă  la logique de l’urgence politique de changement des lois et des pratiques il Ă©tait impĂ©ratif de rendre visible l’oppression, structurelle, matĂ©rielle et physique, imprimĂ©e sur le corps mĂȘme des femmes. Le recensement des actes concrets dont sont victimes les femmes constitue un enjeu majeur de reconnaissance du phĂ©nomĂšne comme fait social Jaspard et alii, 2003 car en la matiĂšre, il peut y avoir trois pas en avant et deux pas en arriĂšre Chetcuti et alii, 2007. Il Ă©tait crucial que les violences faites aux femmes deviennent un problĂšme public Gusfield, 2009. Elles sont dĂ©sormais entrĂ©es dans l’agenda politique et lĂ©gislatif. La table des matiĂšres du dernier code pĂ©nal en tĂ©moigne une entrĂ©e Ă  part entiĂšre est rĂ©servĂ©e aux violences faites aux femmes cf. le DĂ©cret n°2010-671 du 18 juin 2010 - art. 2. Le phĂ©nomĂšne est dĂ©sormais sexuĂ© les femmes sont dĂ©signĂ©es en tant que telles comme victimes de la violence dans le code de procĂ©dure pĂ©nale, civil et pĂ©nal. 3 Il faut noter qu’une troisiĂšme victime » de violence est nommĂ©ment citĂ©e, il s’agit des agents d ... 11Ainsi, alors mĂȘme que les codes français restent flous, comme on l’a vu, quant Ă  la caractĂ©risation des violences et des auteurs de ces mĂȘmes violences, les contours des victimes potentielles de ces violences sont en revanche plus prĂ©cis. Le relevĂ© systĂ©matique des usages du terme de violence » dans les codes rĂ©vĂšle que les femmes et les mineurs constituent les deux catĂ©gories de victimes principales associĂ©es au terme de violence »3. Cette inscription dans le droit traduit plus largement l’association paradigmatique entre la catĂ©gorie femme » et la catĂ©gorie de victime », mais aussi entre femme » et non-violence ». 4 Butler, 2005. 12Dans un tel cadre, la mise en Ă©vidence de l’hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© du groupe des femmes et notamment de la participation des femmes Ă  la violence est pĂ©rilleuse sur le plan politique et peut conduire, pour des questions de rationalitĂ© politique, Ă  une forme d’essentialisation4 Butler, 2005. De fait, rares sont les fĂ©ministes comme la philosophe Marie-Jo Dhavernas Ă  mettre en lumiĂšre, Ă  l’époque du Mouvement de LibĂ©ration des Femmes, la participation implicite des fĂ©ministes au mythe de la non-violence fĂ©minine. Il me semble, que l’évitement du problĂšme provient en grande partie d’un implicite du Mouvement [de LibĂ©ration des Femmes], toutes tendances confondues, qui, au nom de la critique de la violence, cautionne le mythe de la non-violence des femmes que celle-ci vienne de la biologie, de l’inconscient ou de la culture, peu importe en l’occurrence. On a entendu dire, hors du Mouvement mais parfois aussi dans le Mouvement, que le "sexe qui donne la vie ne peut pas vouloir donner la mort", ce qui est faire bon marchĂ© de l’ambivalence de l’amour notamment maternel ou parental et oublier que donner la vie, c’est aussi, par dĂ©finition, donner la mort puisque s’il y a mort absolue, il n’y a pas de vie qui ne contienne de la mort. [
] Par ailleurs, le fait mĂȘme que les femmes puissent avoir quelque chose Ă  voir avec la violence, dans un autre espace que celle de victime, apparaĂźt souvent comme presque sacrilĂšge [
], il contrevient Ă  l’image de la femme douce et pire, de la Bonne MĂšre et dĂ©range l’ordre dichotomique de la sociĂ©tĂ© Dhavernas, 1981. 5 Cf. supra notre Ă©tat des lieux bibliographique. 13Mais le point de vue de Marie-Jo Dhavernas est restĂ© isolĂ© au sein du MLF comme de la scĂšne acadĂ©mique. Les Ă©tudes sur les genres ont suivi l’agenda militant en s’intĂ©ressant d’abord aux violences faites aux femmes et Ă  la domination masculine avant de trouver un intĂ©rĂȘt scientifique Ă  la violence des femmes. L’ouvrage dirigĂ© par A. Farge et C. Dauphin, s’il est prĂ©cĂ©dĂ© de recherches historiques monographiques5 est le premier Ă  oser rĂ©unir des travaux portant Ă  la fois sur les violences faites aux femmes et les violences exercĂ©es par les femmes. Le titre de l’ouvrage De la violence et des femmes, 1997 est Ă  la mesure de cette double ambition. Ce projet ne s’est cependant pas fait sans mal. Voici comment l’anthropologue Marie-Élisabeth Handman retrace le projet de recherche collectif qui est Ă  l’origine du livre Je me souviens avoir mis un an et demi Ă  dĂ©cider les historiennes fĂ©ministes, tenant sĂ©minaire Ă  l’EHESS dont certaines avaient participĂ© Ă  l’ouvrage dirigĂ© par G. Duby et M. Perrot, Histoire des femmes [
], Ă  travailler sur la violence des femmes. Elles craignaient que celle-ci ne soient, une fois de plus, stigmatisĂ©es ; or, il me paraĂźt nĂ©cessaire de dire que les femmes ne sont pas moins violentes que les hommes ; simplement les causes de leurs violences et les formes qu’elles empruntent sont le plus souvent diffĂ©rentes de celles des hommes et s’inscrivent dans les marges que leur laissent les hommes pour les exercer Handman, 2003, 73. 14De fait, l’ouvrage Ă  sa sortie, n’a pas Ă©tĂ© plĂ©biscitĂ© par la communautĂ© des historien-ne-s et plus largement des sciences humaines. 6 CĂ©cile Prieur La justice est plus clĂ©mente envers les femmes qu’envers les hommes », Le Monde, 2 ... 15Sur une tout autre scĂšne, celle des mĂ©dias nationaux, il est intĂ©ressant de noter la rĂ©ception faite Ă  l’étude sociodĂ©mographique de France-Line Mary sur les femmes et la justice pĂ©nale 1996a et b. Dans les mois qui ont suivi la parution de ses rĂ©sultats, plusieurs articles de journaux en avaient conclu Ă  une justice pĂ©nale plus clĂ©mente Ă  l’égard des femmes » et dĂ©nonçaient ce phĂ©nomĂšne6. L’auteure raconte qu’aprĂšs la mĂ©diatisation parfois erronĂ©e ou en tout cas caricaturĂ©e de son travail, certaines chercheuses lui ont reprochĂ© d’entacher la cause des femmes. 16Le fĂ©minisme d’Etat, Ă  la fois issu et critiquĂ© par le Mouvement de LibĂ©ration des Femmes, semble Ă  premiĂšre vue occuper une position de surplomb par rapport aux dĂ©bats fĂ©ministes sur la non-violence des femmes. Les diverses secrĂ©taires et ministres Ă  la condition fĂ©minine, aux droits de la » puis des » femmes tranchent en posant l’égalitĂ© professionnelle des hommes et des femmes comme un droit valant thĂ©oriquement pour tous les corps de mĂ©tier LĂ©vy, 1988 ; Bride Stetson, Mazur, 1995 les mĂ©tiers d’arme n’échappent pas Ă  la rĂšgle de la fĂ©minisation des mĂ©tiers d’hommes, d’autant qu’une partie d’entre eux relĂšve de la fonction publique. Le fĂ©minisme d’État se trouve ainsi Ă  mener de front deux chantiers tout au long des annĂ©es 1970 et des annĂ©es 1980 la fĂ©minisation de l’armĂ©e, de la police, de l’administration pĂ©nitentiaire et des douanes d’une part, la lutte contre les violences faites aux femmes, d’autre part. AprĂšs avoir obtenu la fĂ©minisation de l’ensemble des grades, la levĂ©e des quotas discriminants pour les femmes dans les mĂ©tiers qui avaient nĂ©gociĂ© un rĂ©gime d’exception, les fĂ©ministes d’État se sont dĂ©sintĂ©ressĂ©es des inĂ©galitĂ©s persistantes Pruvost, 2008. La lenteur du processus de fĂ©minisation dans ces mĂ©tiers d’armes est cependant emblĂ©matique de la difficultĂ© Ă  lever ces monopoles masculins. La permanence de coutumes bloquant ou restreignant l’accĂšs des femmes aux brigades les plus outillĂ©es en armes sophistiquĂ©es et les plus exposĂ©es Ă  la violence traduisent en outre la persistance des stĂ©rĂ©otypes de sexe et la transgression que constitue l’officialisation de la prĂ©sence des femmes dans ces secteurs. Il est implicite que les femmes recrutĂ©es dans les mĂ©tiers d’ordre doivent rester minoritaires Pruvost, 2007. L’égalitĂ© recherchĂ©e par le fĂ©minisme d’État est plus formelle que rĂ©elle. 17Ainsi peut-on dire que la participation des femmes Ă  la violence constitue un objet embarrassant pour le mouvement fĂ©ministe, Ă  la fois sur le plan militant et scientifique. Il faut dire que la reconnaissance du phĂ©nomĂšne est Ă  haut risque dĂ©clarer les femmes du cĂŽtĂ© de la non-violence, c’est redoubler l’interdit qui leur est fait de revendiquer la violence comme ressource propre, c’est accentuer leur marginalitĂ© politique au dĂ©triment d’autres groupes dominants les colonisĂ©s, par exemple pour lesquels la ressource de la violence est lĂ©gitimĂ©e, c’est aussi jouer le jeu de l’essentialisme qui place les femmes du cĂŽtĂ© d’un pacifisme intemporel et intangible. Mais dans le mĂȘme temps, reconnaĂźtre l’usage de la violence par les femmes comme possible et souhaitable, c’est postuler que l’accĂšs Ă  la violence est un progrĂšs social, c’est valider l’idĂ©e d’un alignement des femmes sur les stĂ©rĂ©otypes masculins, et non l’inverse, c’est poser comme horizon l’indissolubilitĂ© de la citoyennetĂ© et de la violence, et par lĂ  renoncer Ă  l’utopie de la non-violence. Autant dire que le malaise, suscitĂ© par ce double-bind, est loin d’ĂȘtre dissipĂ©. 3. Le sous-enregistrement des actes de la violence des femmes 7 En 2004, selon l’observatoire national de la dĂ©linquance, on compte, parmi les personnes mises en ... 8 Parmi les personnes condamnĂ©es en 2008, on comptait 60 216 femmes contre 577 449 hommes, soit un t ... 9 Selon les statistiques fournis par le ministĂšre de la Justice, au 1er septembre 2010, on comptait ... 18Faire du fĂ©minisme militant et acadĂ©mique le principal obstacle Ă  l’émergence de la violence des femmes comme objet d’étude serait toutefois partial et erronĂ©. Si les femmes violentes ont longtemps Ă©tĂ© Ă©cartĂ©es du champ des recherches, c’est en premier lieu en raison des difficultĂ©s du monde scientifique, en France notamment, Ă  accorder une lĂ©gitimitĂ© aux Ă©tudes de genre en tant que telle. Dans ce processus d’occultation, il faut prendre en compte la raretĂ© numĂ©rique des violences fĂ©minines. RaretĂ© qu’il convient d’interroger en mettant en Ă©vidence l’effet d’aveuglement que produit l’évidence statistique Ă  toutes les Ă©tapes du processus pĂ©nal, les femmes, quel que soit leur Ăąge, constituent une trĂšs nette minoritĂ©, validant ainsi les stĂ©rĂ©otypes de sexe autour de la violence comme propriĂ©tĂ© masculine. Les femmes reprĂ©sentent aujourd’hui en France 16% des individus mis en cause par la police7 et la gendarmerie, 9% des individus traduits en justice8 et 3,4% des personnes incarcĂ©rĂ©es9. Cette nette dissymĂ©trie entre les sexes, alors mĂȘme qu’elle reflĂšte la dimension sexuĂ©e du contrĂŽle et de la rĂ©gulation sociale a rarement Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©e en France et la violence des femmes son traitement comme son actualisation a Ă©tĂ© occultĂ©e – lĂ  oĂč d’autres travaux ont pu interroger la perception et les modes de sanction de la violence des hommes Mucchielli, 2007. Cela tient Ă©galement Ă  une acception restrictive de la notion de contrĂŽle social, rĂ©duite Ă  la rĂ©action pĂ©nale Cardi, 2008, 2007a et b ; Laberge, 1992. En interrogeant essentiellement l’expĂ©rience masculine de la dĂ©viance, les Ă©tudes sur la rĂ©action sociale » se sont le plus souvent centrĂ©es sur les sphĂšres carcĂ©rales et pĂ©nales. Et inversement en considĂ©rant exclusivement ces espaces, les chercheurs ont contribuĂ© Ă  Ă©carter la question de la dĂ©viance des femmes. 19Travailler sur la violence des femmes implique alors de se doter d’outils mĂ©thodologiques pour apprĂ©hender le phĂ©nomĂšne. Une analyse critique des sources et des instances d’étiquetage de la violence et de la non-violence s’impose. Il s’agit tout d’abord de rappeler le sous-enregistrement de ces violences par les instances du contrĂŽle social, habilitĂ©es Ă  comptabiliser ce type d’acte police, justice, travail social, prison et de montrer ensuite que l’invisibilisation est entretenue par une prise en charge des femmes diffĂ©renciĂ©e de celle des hommes, sous d’autres appellations, entretenant dĂšs lors une dissymĂ©trie entre les sexes Cardi, 2008. 20Ce travail en cours de recensement alternatif des violences fĂ©minines ne conduit cependant pas Ă  Ă©tablir une paritĂ© numĂ©rique. La dissymĂ©trie demeure. Comment la qualifier ? Faut-il dĂšs lors poser la violence des femmes en termes d’égalitĂ©/inĂ©galitĂ©, de retard/rattrapage, de phĂ©nomĂšne mineur/majeur ? Un tel vocabulaire suppose un horizon social dans lequel la violence serait sexuellement indiffĂ©renciĂ©e. Spectre redoutĂ© qui s’est traduit de facto par la mise Ă  l’écart de cet objet sale », par crainte d’un mĂ©susage politique des recherches scientifiques pointant la fĂ©minisation des groupes revendiquant l’usage de la violence. 21Penser la violence des femmes oblige en tout cas Ă  ne pas uniquement s’intĂ©resser Ă  la seule participation des femmes Ă  des formes de violences rĂ©pertoriĂ©es, mais Ă  mettre aussi l’accent sur des formes plus discrĂštes, plus microscopiques de violence Handman, 1995 – obligeant ici Ă  mettre en Ă©vidence la variĂ©tĂ© des formes de la violence empruntĂ©e par les femmes. En ce sens, le gap » matĂ©riel et cognitif entre les hommes et les femmes en matiĂšre d’usage des armes Tabet, 1979, n’implique pas que ces derniĂšres ne font pas usage des objets qu’elles ont Ă  leur disposition. À trop mettre l’accent sur la diffĂ©rence d’accĂšs aux outils et aux armes les plus Ă©laborĂ©s, on peut en oublier que la violence peut emprunter d’autres voies. 22Ainsi, pour comprendre la violence des femmes, comme pour comprendre le contrĂŽle social qui leur est rĂ©servĂ©, il est important de ne pas se cantonner aux lieux les plus visibles de circulation de la violence, comme les guerres, les monopoles de la violence lĂ©gitime ou les institutions pĂ©nales qui sanctionnent les formes les plus visibles de la violence Cardi, 2008. Affirmer que les femmes sont moins violentes parce que moins prĂ©sentes en prison ne suffit pas. Il convient de renverser la question et de se demander si les femmes violentes ne sont pas en prison, oĂč sont-elles ? Il faut alors aller regarder du cĂŽtĂ© de la protection sociale, dans la mesure oĂč la violence des femmes peut se loger au cƓur mĂȘme des institutions du care. Cela conduit Ă  revisiter ces lieux de protection sociale qui semblent garantir des formes douces de socialisation et Ă  mettre en Ă©vidence la violence qui peut dĂ©couler de certaines formes de protection sociale Cardi, 2008. Il s’agit ainsi de rĂ©interroger les frontiĂšres du public et du privĂ© qui fondent bien souvent les typologies de la violence la violence qui a lieu en privĂ©, doit-elle pour autant ĂȘtre dĂ©politisĂ©e ? 23Si travailler sur la violence des femmes, c’est avant tout exhumer de nouvelles sources, procĂ©der Ă  une relecture des archives, changer de perspective pour rendre visible l’invisible, c’est aussi travailler sur l’envers de ce processus d’occultation. II - Les mises en rĂ©cit typiques entre rĂ©duction et extension du domaine de la lutte 24L’un des moyens de prĂ©server la distinction entre les sexes, puisque tel est l’un des ressorts de l’invisibilisation des femmes violentes par les institutions du contrĂŽle social, peut ĂȘtre Ă  l’inverse de rĂ©duire la focale Ă  quelques cas spectaculaires, en associant la violence fĂ©minine Ă  des figures, significativement dotĂ©es d’un prĂ©nom, d’un nom propre qui les particularisent, et Ă  un rĂ©pertoire d’action typiquement fĂ©minin sans dĂ©cliner la variĂ©tĂ© des classifications qui traversent les Ă©poques et des mondes sociaux, on se contentera de citer l’infanticide, le crime passionnel, l’empoisonnement, l’avortement. Ces crimes seraient le domaine rĂ©servĂ© des femmes. Parce qu’ils sont liĂ©s Ă  la scĂšne domestique et conjugale, ils ne contreviennent pas aux stĂ©rĂ©otypes de sexe. 25Du cĂŽtĂ© des violences politiques, les femmes seraient plutĂŽt une force d’appoint plus ou moins spontanĂ©e, des Ă©meutiĂšres de la faim s’élevant contre la vie chĂšre ou des mĂšres et Ă©pouses endeuillĂ©es qui manifestent contre la tyrannie d’un pouvoir qui enferme et tue leurs » hommes. Ces figures correspondent Ă©galement Ă  la division sexuelle du travail qui confĂšre aux femmes la fonction de nourriciĂšres et de protectrices, et en ce sens, elles ne perturbent pas non plus l’ordre des sexes. Autre forme de catĂ©gorisation qui permet d’éviter toute confusion entre les rĂŽles de sexe aux garçons, les atteintes Ă  l’ordre public, les rixes et aux filles, la violence retournĂ©e contre soi, avec les tentatives de suicide, l’anorexie, l’hystĂ©rie. Ces classifications tĂ©moignent de l’état des rapports sociaux de sexe, de ce qui est tolĂ©rable en matiĂšre de violences fĂ©minines Ă  une Ă©poque donnĂ©e. Prise isolĂ©ment, chaque interprĂ©tation opĂšre une rĂ©duction de l’apprĂ©hension de la diversitĂ© des femmes et des causes de la violence fĂ©minine. 26Notre projet ici est de proposer un recensement des mises en rĂ©cit typiques qui traversent le monde social discours scientifique inclus et qui permettent de donner un sens Ă  l’irruption de la violence fĂ©minine. On en a dĂ©nombrĂ© huit, Ă  commencer par le cas spĂ©cifique du non-rĂ©cit, que Goffman appellerait le hors-cadre » Goffman, 1974 et qui peut conduire certains Ă©vĂ©nements impensables comme la violence des femmes Ă  ne pas ĂȘtre reconnus comme Ă©vĂ©nement au moment de leur survenue. Minoration, sous-enregistrement, occultation, dĂ©ni constituent le premier rĂ©cit en creux de la violence des femmes. Les sept autres rĂ©cits que nous avons relevĂ©s reconnaissent la violence des femmes. 27Le deuxiĂšme rĂ©cit que nous avons relevĂ©reconnaĂźt Ă  l’inverse la violence des femmes et propose une interprĂ©tation biologique du phĂ©nomĂšne, liĂ©e Ă  la nature » fĂ©minine. InvoquĂ©e Ă  charge ou Ă  dĂ©charge, la violence des femmes est soit expliquĂ©e par la nature excessive et impulsive propre aux femmes ou Ă  certaines femmes diabolisĂ©es, soit par l’argument inverse de la dĂ©naturation les femmes par nature douce seraient corrompues par la violence qui serait ici le symptĂŽme d’un manque ou d’un trop de fĂ©minitĂ©, en somme d’une nature dĂ©rĂ©glĂ©e. C’est ainsi que les criminologues, en particulier au XIXe siĂšcle, ont fait de la criminalitĂ© des femmes un mal de mĂšre », stipulant non seulement une diffĂ©rence de nature entre hommes et femmes, mais aussi entre les femmes, les criminelles et les normales ». Pour Cesare Lombroso 1896 par exemple, si les femmes sont, par nature, plus cruelles et immorales que les hommes, leur folie morale » serait partiellement anĂ©antie par la pudeur et l’instinct maternel qui leur seraient propres – ce qui se manifesterait par leur moindre participation Ă  la criminalitĂ© et leur plus grande religiositĂ©. Si malgrĂ© tant d’obstacles, une femme commet des crimes, c’est une preuve que sa perversitĂ© est Ă©norme puisqu’elle est parvenue Ă  renverser tous les empĂȘchements Lombroso, 1896, 361. La plupart des femmes criminelles le seraient ainsi par occasion » ou par passion ». Chez ces derniĂšres, la pudeur et l’instinct maternel demeurent elles passent Ă  l’acte du fait d’une situation de misĂšre ou sous l’influence d’un homme. On y trouve toutefois, selon les deux criminologues italiens, les signes d’une certaine virilitĂ©. Pour exemple, les criminelles par occasion prĂ©sentent un goĂ»t pour les armes, un caractĂšre fier, Ă©nergique et rĂ©solu, elles peuvent avoir des passions politiques et une grande tendance et presque du plaisir Ă  s’habiller en homme Lombroso, 1896, 406. Les criminelles-nĂ©es » ou les prostituĂ©es-nĂ©es », sont, quant Ă  elles, des femmes dĂ©naturĂ©es elles prĂ©sentent Ă  la fois les signes d’une fĂ©minitĂ© hypertrophiĂ©e par exemple, cruautĂ© raffinĂ©e par vengeance, extra-sensibilitĂ© chez la prostituĂ©e-nĂ©e et certains attributs de la virilitĂ©, quand ils sont associĂ©s aux peuples primitifs » Ă  propos des criminelles nĂ©es » et de leur sexualitĂ© exagĂ©rĂ©e », on peut lire Cet Ă©rotisme exagĂ©rĂ©, anormal pour la femme ordinaire devient pour beaucoup le point de dĂ©part de leur vices et de leurs crimes ; et contribue Ă  en faire des ĂȘtres insociables, ne cherchant qu’à satisfaire leurs violents dĂ©sirs, comme ces luxurieux barbares chez qui la civilisation et le besoin n’ont pas encore disciplinĂ© la sexualitĂ© Lombroso, 1896, 361. Ce type d’explication biologisante a largement Ă©tĂ© mis en cause par les criminologues eux-mĂȘmes. Toutefois, des Ă©tudes encore relativement rĂ©centes, en particulier sur la dĂ©linquance et la violence des filles, Ă©tablissent des corrĂ©lations entre prĂ©cocitĂ© des menstruations et propension Ă  commettre des illĂ©galismes. 28Un troisiĂšme type de rĂ©cit consiste Ă  psychologiser la violence des femmes et dans le mĂȘme temps Ă  l’individualiser et Ă  la privatiser. Dans ce cas, soit on renvoie la violence Ă  une psychologie fĂ©minine spĂ©cifique, soit on l’inscrit dans une histoire purement familiale qui lui donnerait sens – la violence est alors le symptĂŽme d’un mal-ĂȘtre profondĂ©ment individuel. Dans ce cas, il est moins question de violence que de marginalitĂ© » ou de symptĂŽme psychique » – la violence dĂ©signant avant tout un rapport Ă  soi avant d’ĂȘtre perçue comme un rapport aux autres et si les femmes sont perçues comme dangereuses, c’est avant tout pour elles-mĂȘmes Cardi, 2008. Ce type d’interprĂ©tation conduit Ă  l’invisibilisation de la violence des femmes dont on parlait prĂ©cĂ©demment. En prison par exemple, les suicides et automutilations des dĂ©tenues ne sont jamais considĂ©rĂ©s comme des modes de rĂ©sistance Ă  l’ordre carcĂ©ral. Devant la justice des mineurs, les actes violents de filles criminalisĂ©es sont interprĂ©tĂ©s Ă  travers les catĂ©gories de la psychologie et contribuent Ă  faire disparaĂźtre les filles des statistiques judicaires pĂ©nales. 29L’interprĂ©tation culturaliste offre un quatriĂšme rĂ©cit de la violence des femmes, perçue alors comme l’idiosyncrasie d’un groupe avec ses rituels et sa culture propres. Cette interprĂ©tation repose souvent sur un regard ethnocentrique, visant Ă  dĂ©grader un autre groupe social, jugĂ© infĂ©rieur, en qualifiant comme violent un phĂ©nomĂšne exogĂšne qui n’est pas toujours qualifiĂ© de la sorte par les groupes Ă©tudiĂ©s. On peut intĂ©grer dans ce type d’interprĂ©tation le sort fait au XIXe siĂšcle Ă  la femme populaire rebelle » et Ă  l’homme ouvrier, qui ont Ă©tĂ© considĂ©rĂ©s comme moins civilisĂ©s, moins Ă©duquĂ©s et donc dangereux en tant que classe aux yeux des classes supĂ©rieures Perrot, 1979 ; Scott, 1990. De la mĂȘme maniĂšre, les femmes noires esclaves sont caricaturĂ©es en femmes viriles et brutales, en mĂšres monstrueuses, en vue d’asseoir par voie de comparaison la suprĂ©matie des femmes blanches, mĂšres d’une race supĂ©rieure Dorlin, 2006. 30Un cinquiĂšme type de mise en rĂ©cit consiste Ă  penser la violence des femmes Ă  l’intĂ©rieur du cadre de la domination masculine. Il s’agit d’une violence subordonnĂ©e Ă  la violence des hommes qui restent considĂ©rĂ©s comme les vĂ©ritables bras armĂ©s de la violence ou les plus dangereux, tandis que les femmes seraient plus inoffensives ou useraient des armes du faible. Dans ce cadre d’analyse, tantĂŽt les femmes perdent leur statut de sujet violent. Elles sont dĂ©responsabilisĂ©es, et passent mĂȘme du statut de bourreau mineur Ă  celui de victime. TantĂŽt au contraire, elles prennent la figure de la manipulatrice Ă  l’origine des violences infligĂ©es. Il s’agit alors d’une violence dĂ©lĂ©guĂ©e, et non autonome. Dans tous les cas, les femmes n’accĂšdent pas au statut de sujet Ă  part entiĂšre, susceptible de revendiquer la pleine possession et maĂźtrise des fins et des moyens de leurs actes. 31Le sixiĂšme type de rĂ©cit dĂ©coule du prĂ©cĂ©dent la violence des femmes est reconnue comme un acte politique, mais comme une exception qui confirme la rĂšgle, soit parce que le cas est isolĂ©, soit parce qu’il s’agit d’un groupe trĂšs minoritaire, soit parce que cet accĂšs Ă  la violence est provisoire, le temps d’une crise. La prĂ©sence des femmes dans les violences est alors soit hĂ©roĂŻsĂ©e dans le but de cĂ©lĂ©brer des figures exemplaires qui s’élĂšvent au-dessus de leur sexe, soit Ă©rigĂ©e en indice d’une dissolution de l’ordre social, comme on a pu le dire au moment de la RĂ©volution française Godineau, 1996 ou encore aujourd’hui sur la dĂ©linquance des filles, lorsque l’on met en scĂšne leur cruautĂ© pour appuyer un discours sĂ©curitaire de retour Ă  l’ordre social. Le retour Ă  l’ordre passe alors par un retour Ă  l’ordre des sexes. Ainsi sont communĂ©ment traitĂ©es les femmes en armes, comme des parenthĂšses, des enclaves dans des territoires masculins, avec dans la plupart des cas, la re-crĂ©ation d’une division sexuelle du travail violent. Cette conception que l’on pourrait qualifier de carnavalesqueBakhtine, 1965 tend finalement Ă  faire de ces transgressions des non-Ă©vĂ©nements, puisqu’elles n’entraĂźnent pas le reste des femmes dans ce sillon. Au nom de l’universalitĂ© de la domination masculine, toutes celles et tous ceux pour qui cette expĂ©rience va ouvrir une brĂšche sont alors mis de cĂŽtĂ©. 32SeptiĂšme rĂ©cit, l’accĂšs des femmes au pouvoir de la violence peut ĂȘtre identifiĂ© comme le signe tangible de l’émancipation des femmes et d’une indiffĂ©renciation possible. L’accĂšs de toutes les femmes et non seulement quelques exceptions Ă  la violence lĂ©gale et illĂ©gale peut ĂȘtre interprĂ©tĂ© a minima comme l’appropriation d’un pouvoir qui confĂšre une citoyennetĂ© Ă  part entiĂšre, du point de vue de la stricte Ă©galitĂ© des sexes Pruvost, 2008. Ce phĂ©nomĂšne peut a maxima consacrer, dans certains cas, l’avĂšnement de la dĂ©mocratie et de communes libres. L’accĂšs des femmes au pouvoir de violence ne conduit en tout cas pas nĂ©cessairement et mĂ©caniquement, en tant que tel, Ă  la plus grande dĂ©mocratisation du fonctionnement interne et des pratiques des groupes armĂ©s. Si les femmes alignent leurs pratiques sur celles du groupe viril qu’elles intĂšgrent, leur prĂ©sence permet seulement de contribuer au processus d’égalitĂ© des sexes, sans transformer vĂ©ritablement le rapport de force entre les groupes dotĂ©s du pouvoir des armes et ceux qui en sont dĂ©pourvus Pruvost, 2008. L’idĂ©e du caractĂšre caduc de la diffĂ©rence de sexe sur le plan du droit, des pratiques et parfois des corps constitue le principe qui sous-tend cette mise en rĂ©cit. 33HuitiĂšme mise en rĂ©cit possible la violence des femmes dessine un horizon peuplĂ© d’Amazones qui inversent la domination masculine pour faire accĂ©der les femmes Ă  une sociĂ©tĂ© matriarcale dans laquelle les femmes ont pris durablement le pouvoir sur les hommes. Fantasmatique, ce type d’organisation sociale n’a pas encore Ă©tĂ© recensĂ© Ă  ce point d’aboutissement dans les sociĂ©tĂ©s connues HĂ©ritier, 1996. Il s’agit surtout d’un discours. L’imagination d’un monde dans lequel les femmes auraient gagnĂ© la guerre des sexes donne lieu Ă  deux conclusions opposĂ©es, l’une crĂ©pusculaire sur la fin de la civilisation, l’autre enchantĂ©e, sur une sociĂ©tĂ© de femmes, libĂ©rĂ© de l’hĂ©tĂ©rosexisme. 34Il va sans dire que ces rĂ©cits typiques ne sont pas exclusifs l’un de l’autre, que les auteurs citĂ©s pour chaque mise en rĂ©cit se trouvent tantĂŽt dans la position de dĂ©nonciation, tantĂŽt de description scientifique, tantĂŽt de participation intellectuelle Ă  ce mĂȘme rĂ©cit et qu’il ne s’agit pas ici de faire un recensement exhaustif des Ă©pigones de chaque posture, ni de quantifier la part de chacun de ces rĂ©cits, encore moins de les inscrire dans une chronologie. On retiendra de cette typologie, partielle et partiale, que discours profanes et discours savants peuvent ĂȘtre confondus, qu’ils sont prolifĂ©rants, et rĂ©ductibles Ă  deux tendances opposĂ©es les rĂ©cits tantĂŽt discrĂ©ditent, tantĂŽt valorisent la violence des femmes. ÉpiphĂ©nomĂšne, Ă©vĂ©nement subordonnĂ© ou symptĂŽme imparable, transgression majeure, l’occurrence de la violence fĂ©minine, quand elle est reconnue, oblige en tout cas Ă  prendre position. III - Le contrĂŽle social des femmes violentes 35Quel sens est donnĂ© par les institutions du contrĂŽle social Ă  la violence des femmes ? Quelles sont les sanctions qu’elles encourent ? En quoi ces femmes perturbent-elles les rapports sociaux de sexe ? Quels sont les problĂšmes mĂ©thodologiques que rencontrent les chercheur-e-s qui travaillent sur la violence des femmes ? Telles sont les interrogations auxquelles permettent de rĂ©pondre les contributions rĂ©unies dans ce dossier. 36Une partie des articles pointe tout d’abord la propension des institutions du contrĂŽle social Ă  nier la violence des femmes en tant que telle. C’est en particulier le cas pour l’inceste au XIXe siĂšcle comme le souligne Fabienne Giuliani, le phĂ©nomĂšne incestueux est, depuis cette Ă©poque, intrinsĂšquement associĂ© Ă  la gestuelle masculine. Et l’auteure d’historiciser cette masculinisation de la figure de l’incestueux, inscrite Ă  la fois dans le code pĂ©nal et les discours philanthropiques qui se focalisent sur le pĂšre ouvrier, alcoolique et violent, perçu comme l’acteur unique de l’inceste et de la dĂ©chĂ©ance morale de son foyer ». La figure de la mĂšre auteure d’agression sexuelle sur son enfant reste de l’ordre de l’impensable. Les arts de l’époque suivent ce mouvement en prĂ©fĂ©rant mettre en scĂšne les figures de la sƓur et de la fille incestueuse Ă  celle de la mĂšre. À une toute autre pĂ©riode et dans un tout autre espace social, on retrouve le mĂȘme processus Ă  l’Ɠuvre c’est le footballeur homme qui est censĂ© commettre les actes d’incivilitĂ© et d’agression physique recensĂ©s par l’Observatoire des comportements. Nicolas PĂ©nin, Fatia Terfous et Oumaya Hidri Neys notent ainsi dans leur article que les occurrences de violence fĂ©minine sont d’autant moins relevĂ©es qu’elles sont noyĂ©es dans le flot numĂ©rique des cas de violences masculines. Les entretiens avec les responsables des instances de sanction confirment cette interprĂ©tation ils considĂšrent la violence des femmes comme quantitĂ© nĂ©gligeable. Loin de dĂ©couler mĂ©caniquement des faits observĂ©s sur le terrain de jeu, cette minoration de la violence fĂ©minine relĂšve d’une stratĂ©gie de communication pour les clubs, il est important que les footballeuses se distinguent de leurs homologues masculins, physiquement en apparaissant comme des garçons manquĂ©s et en termes de comportement en Ă©tant plus civilisĂ©es ». La violence est enfin dĂ©jouĂ©e par les arbitres qui sifflent davantage par crainte des blessures, optent pour le dialogue, contribuant Ă  dĂ©samorcer une partie des violences qui auraient pu avoir lieu. On comprend alors en quoi non seulement la violence des femmes est occultĂ©e mais Ă©galement comment se mettent en place des mĂ©canismes sociaux qui cherchent Ă  la prĂ©venir. 37La sous-reprĂ©sentation n’est pas seulement le fait du sous-enregistrement, mais aussi d’une division sexuelle du travail violent qui maintient les stĂ©rĂ©otypes de sexes. Dans ce cas, la violence est reconnue, mais interprĂ©tĂ©e sous le prisme de la domination masculine. C’est ainsi qu’une partie des rares cas d’incestes fĂ©minins est au XIXe siĂšcle imputĂ©e au conjoint qui en serait l’instigateur et qui maintiendrait sa femme en Ă©tat de faiblesse matĂ©rielle et affective, permettant ainsi selon la formule de Fabienne Giuliani de prĂ©server la barriĂšre de l’instinct maternel. C’est aussi ce qu’Isabelle Lacroix montre Ă  partir du terrorisme basque qui, certes, connaĂźt une progression du nombre de femmes militantes, mais qui dans le mĂȘme temps, leur rĂ©serve, tout au moins publiquement, le travail du soin, du care des combattants et des prisonniers. Les mĂ©dias tendent aussi Ă  maintenir l’image de militantes continuant Ă  mener une vie normale de mĂšre de famille. 38Dans la justice des mineurs s’observe un autre type de rĂ©cit la psychologisation. VĂ©ronique Blanchard, Ă  travers son Ă©tude de dossiers judicaires pendant les Trente Glorieuses montre que certaines de ces jeunes filles ont des comportements jugĂ©s dangereux pour elles et pour les autres, avec de rĂ©elles atteintes aux personnes. Mais [
] ces phĂ©nomĂšnes de violence sont considĂ©rĂ©s comme relevant le plus souvent du soin et non du pĂ©nal. PsychologisĂ©e, la violence fĂ©minine est Ă©galement culturalisĂ©e, les filles d’origine Ă©trangĂšre faisant l’objet d’un phĂ©nomĂšne de virilisation. Dans son analyse sur l’observation mĂ©dico-pĂ©dagogique des jeunes dĂ©linquantes en Belgique 1912-1965, David Niget souligne quant Ă  lui que, jusqu’au dĂ©but du XXe siĂšcle, si la brutalitĂ© paraĂźt ĂȘtre constitutive d’une masculinitĂ© en construction, la violence des jeunes filles reste impensable, secrĂšte ou symptomatique de leur Ă©tat pathologique. Avec la nouvelle doctrine pĂ©nologique qui prĂ©vaut en Belgique au dĂ©but du siĂšcle dernier et le dĂ©veloppement, au sein de la justice des mineurs, des sciences du psychisme pour Ă©valuer l’éducabilitĂ© des jeunes dĂ©linquants, on assiste Ă  un nouveau type de catĂ©gorisation de la violence fĂ©minine. PensĂ©e du cĂŽtĂ© des troubles du comportement », elle est Ă  la fois mise en visibilitĂ© et niĂ©e comme forme d’expression en tant qu’elle est pathologisĂ©e. Qu’elle soit banalisĂ©e ou dramatisĂ©e, la mise en forme de la violence fĂ©minine par l’étiologie mĂ©dicale et psychologique, relĂšvent, dans les institutions d’observation, d’une nĂ©gation de tout caractĂšre collectif ou social de toute dimension politique de cette rĂ©sistance. Ici, le rĂ©cit psychologisant, voire psychiatrisant, tend Ă  dĂ©contextualiser, individualiser et dĂ©politiser la violence exercĂ©e par les filles. 39CĂ©dric Le Bodic prolonge cette analyse en proposant une lecture critique des travaux cliniques et criminologiques des vingt derniĂšres annĂ©es sur la violence sexuelle des femmes l’homme est posĂ© comme la mesure de toute chose, relĂ©guant d’une part les dĂ©viantes sexuelles au rang de population spĂ©cifique et ancrant d’autre part, les dĂ©viances dans des qualitĂ©s propres Ă  chaque sexe. Les auteurs de ces Ă©tudes cliniques en viennent Ă  considĂ©rer que les femmes ne peuvent pas ĂȘtre des criminelles sexuelles, Ă  moins de se transformer en homme sous l’effet d’un trouble de l’image de ce qu’est une femme. Ces discours essentialistes permettent de ne pas perturber les stĂ©rĂ©otypes de sexe. 40Soumise Ă  davantage d’obstacles organisationnels et symboliques, la violence fĂ©minine n’en est pas moins sanctionnĂ©e. Tel est l’autre point saillant qui Ă©merge des articles de ce numĂ©ro qui porte sur le contrĂŽle social de cette violence. PlutĂŽt que de se poser la question directe d’un traitement plus sĂ©vĂšre ou plus clĂ©ment par rapport aux hommes, impliquant une comparaison dĂ©licate supposant de mettre en relation pour les deux sexes des infractions Ă©quivalentes, accomplies par de acteurs de mĂȘme classe sociale dans des circonstances comparables, les auteurs de ce numĂ©ro ont explorĂ© le cheminement des femmes dans les institutions du contrĂŽle social les femmes violentes suivent-elles les mĂȘmes voies disciplinaires que leurs comparses masculins ? 41Fabienne Giuliani constate Ă  ce propos que les femmes incestueuses, ne pouvant ĂȘtre inculpĂ©es pour viol, le sont pour attentat Ă  la pudeur ou de complicitĂ© d’attentat Ă  la pudeur. VĂ©ronique Blanchard montre quant Ă  elle, comment le processus de psychologisation de la violence des mineures conduit Ă  une prise en charge au plan civil. A contrario, lorsque l’on pĂ©nĂštre dans la sphĂšre des dangers fĂ©minins » le vagabondage, la prostitution, les mƓurs, les filles peuvent faire l’objet de mesure de privation de libertĂ©, sans qu’aucune infraction n’ait Ă©tĂ© commise et reconnue Ce qui lĂ©gitime l’enfermement, c’est alors moins la norme pĂ©nale que les stĂ©rĂ©otypes de genre transgressĂ©s par ces jeunes filles et qui obligent les femmes Ă  faire preuve de pudeur. L’étude de David Niget conduit Ă  mettre en Ă©vidence l’importance de la prise en charge psychiatrique imposĂ©e aux jeunes dĂ©linquantes placĂ©es en institution Ă  Saint-Gervais institution publique d’observation situĂ©e prĂšs de Namur, nombreuses sont les filles jugĂ©es violentes ou rebelles » qui font l’objet de traitements psychotropes et/ou sont enfermĂ©es pour une pĂ©riode plus ou moins longue au pavillon d’isolement ». MĂ©dicalisĂ©, il constitue une vĂ©ritable section disciplinaire. L’invention de nouveaux psychotropes s’accompagne ainsi d’un retour Ă  l’ordre disciplinaire et Ă  une lecture trĂšs dĂ©terministe des troubles du comportement, associant la violence fĂ©minine Ă  une corporĂ©itĂ© pathologique. Il y a donc dĂ©placement des frontiĂšres du contrĂŽle social du pĂ©nal vers le civil, de l’éducation vers la psychiatrie. Se dessinent ainsi des espaces largement sexuĂ©s de prise en charge et de traitement de la violence, qui s’appuient et empruntent Ă  des savoirs genrĂ©s. 42Les sanctions diffĂ©rentielles peuvent permettre de rĂ©instaurer l’ordre des sexes forts et faibles. Isabelle Lacroix montre ainsi que dans le cas du terrorisme basque, les militantes d’ETA tĂ©moignent en plus grand nombre sur les tortures sexuelles subies pendant leurs gardes Ă  vue, rĂ©vĂ©lant la rĂ©assignation de ces femmes qui ont transgressĂ© les normes de genre au rang d’objets de la domination sexuelle masculine. La sanction ne passe du reste pas seulement par les institutions du contrĂŽle social, mais aussi par le traitement mĂ©diatique qui Ă©tablit des portraits de ces femmes terroristes, comme plus froides, plus sanguinaires que les hommes. Dans le cas du football fĂ©minin, Nicolas PĂ©nin, Fatia Terfous et Oumaya Hidri Neys montrent que la sanction des footballeuses violentes passe moins par les instances disciplinaires que par la rumeur et par l’exclusion informelle ou formelle des joueuses incontrĂŽlables, qui n’arrivent pas Ă  passer d’un club Ă  un autre. 43Qu’elle soit euphĂ©misĂ©e ou rĂ©duite Ă  des cas exceptionnels, la violence des femmes a nĂ©anmoins bien lieu. C’est en ce sens que les articles de ce recueil abordent la question des bouleversements que provoque l’irruption de la violence fĂ©minine sur les rapports sociaux de sexe. Les femmes violentes sont en effet doublement dĂ©viantes dĂ©viantes par rapport Ă  la loi ou aux rĂšglements qui proscrivent l’usage de la violence, dĂ©viantes par rapport aux frontiĂšres de genre qu’elles transgressent en usant d’un attribut masculin la violence. Il n’est pas anodin que les Ă©crivains - consacrĂ©s et moins lĂ©gitimes, se soient emparĂ©s de l’inceste fĂ©minin au XIXe siĂšcle. Comme le montre Fabienne Giuliani, il s’agit, certes, de retranscrire le crĂ©puscule humain et la dĂ©cadence de la sociĂ©tĂ© française, mais dans le mĂȘme temps, de donner Ă  voir l’érotisme et la voluptĂ© de femmes initiatrices du dĂ©sir et non seulement passives. Pour David Niget et VĂ©ronique Blanchard, la dĂ©linquance juvĂ©nile de ces jeunes filles de la premiĂšre moitiĂ© du XXe siĂšcle peut ĂȘtre interprĂ©tĂ©e comme l’expression politique d’une libertĂ© Ă©gale Ă  celle des garçons – expression inaudible par les institutions qui les enferment, mais lisible entre les lignes des archives. Isabelle Lacroix montre de la mĂȘme maniĂšre que l’accĂšs des femmes au rang de membre armĂ© de l’ETA dĂ©place les frontiĂšres traditionnelles d’une culture basque qui inscrit les femmes du cĂŽtĂ© des mĂšres de » et des femmes de » et d’une hagiographie militante qui met Ă  l’honneur les hĂ©ros masculins la maternitĂ© ne semble plus comme par le passĂ© constituer un barrage inconditionnel Ă  l’activitĂ© militante. Que l’accroissement de la fĂ©minisation des rangs guerriers de l’ETA tienne Ă  la difficultĂ© Ă  trouver de nouvelles recrues ou Ă  la volontĂ© stratĂ©gique d’adoucir l’image du groupe terroriste, il ne coĂŻncide cependant pas Ă  la fin de la lutte armĂ©e. En d’autres termes, l’arrivĂ©e des femmes n’implique en aucun cas un virage pacifiste du mouvement, mais bien plutĂŽt un alignement des femmes sur les normes guerriĂšres, marquant quoi qu’il en soit la prĂ©dominance du genre viril. Plus encore, la violence des femmes instaure un trouble dans la rĂ©itĂ©ration claire et continue de la diffĂ©rence des sexes. CĂ©dric Le Bodic l’explique Ă  partir de la violence sexuelle exercĂ©e par les femmes, qui surgit comme un ratĂ© » dans la rĂ©pĂ©tition des normes de genre comme celle du fĂ©minin pacifique et du masculin guerrier, ouvrant une brĂšche qui questionne le principe mĂȘme de la binaritĂ© des sexes. CĂ©dric Le Bodic invite Ă  considĂ©rer les comportements humains sur le mode de la gamme », plutĂŽt que sur celui des frontiĂšres incommensurables entre les sexes. 44Les contributions de ce volume conduisent enfin Ă  poser des questions d’ordre mĂ©thodologique comment rendre compte d’un phĂ©nomĂšne marginal ? OccultĂ©es, renvoyĂ©es du cĂŽtĂ© de l’impensable ou de la pathologie, les violences exercĂ©es par les femmes ne figurent pas toujours dans les archives criminelles, ce qui oblige Ă  dĂ©placer la focale de l’analyse. Ainsi, VĂ©ronique Blanchard a dĂ» exhumer les archives civiles de la justice des mineurs, lĂ  oĂč, pour repĂ©rer des cas d’inceste fĂ©minin, Fabienne Giuliani a dĂ» approcher les dossiers de maltraitance » Parler des femmes et de l’inceste oblige l’historien Ă  multiplier les hypothĂšses de recherche en raison de la raretĂ© des cas qui s’offrent Ă  son regard. Les archives beaucoup trop lacunaires laissent pourtant supposer l’existence d’un phĂ©nomĂšne bien prĂ©sent tout au long du siĂšcle. 45L’étude d’un mouvement terroriste encore en activitĂ© et recherchĂ© par la police confronte les chercheurs Ă  d’autres problĂšmes d’accĂšs au terrain. Isabelle Lacroix le souligne Ă  plusieurs reprises comment apprĂ©hender clairement l’actuelle division sexuelle du travail, notamment dans les commandos, quand il est impossible de procĂ©der Ă  une observation directe ? Les taux d’arrestation et d’emprisonnement fĂ©minin rendent-ils compte de leur part sur le terrain terroriste ou plutĂŽt du processus de sĂ©lection des institutions policiĂšres et judiciaires ? Isabelle Lacroix Ă©voque Ă©galement tous les biais qu’impliquent de passer par des informateurs hommes qui tendent Ă  rendre invisibles leurs comparses. 46L’observation de pratiques tout Ă  fait lĂ©gales, comme les activitĂ©s sportives ne permettent pas nĂ©cessairement davantage d’observation directe la raretĂ© des agressions physiques rĂ©alisĂ©es par des femmes sur le terrain de football obligerait Ă  mettre en place un dispositif d’observation continue et sur plusieurs annĂ©es pour voir se dessiner des rĂ©gularitĂ©s. D’oĂč l’intĂ©rĂȘt, pour Nicolas PĂ©nin, Fatia Terfous et Oumaya Hidri Neys, de s’appuyer sur les donnĂ©es de l’Observatoire des comportements sur les violences et incivilitĂ©s dans le football, ainsi que sur les feuilles de match », renseignĂ©es par l’arbitre et les procĂšs-verbaux des commissions de discipline. Le croisement de ces sources avec les tĂ©moignages des responsables de ces institutions et des encadrants du football fĂ©minin permet de rendre compte de la maniĂšre dont s’organise la marginalitĂ© d’un phĂ©nomĂšne dont la raretĂ© n’a rien de naturel ». 47CĂ©dric Le Bodic propose pour sa part d’en finir avec le principe de la comparaison de la criminalitĂ© fĂ©minine et de la criminalitĂ© masculine, qui institue la diffĂ©rence des sexes comme indĂ©passable et incontournable au point de l’ontologiser. Reprenant Ă  son compte la formule de Pat Carlen selon laquelle la femme criminelle n’existe pas, il prĂ©conise d’envisager une criminalitĂ© sans sexe a priori dans laquelle l’appartenance de sexe ne renverrait pas unilatĂ©ralement pour les uns au fĂ©minin et pour les autres au masculin. 48Se dissout alors l’objet mĂȘme de ce volume qui, dans un horizon queer, ne porterait dĂšs lors plus sur la dualitĂ© du sexe des acteurs de la violence, ni sur les genres fĂ©minins et virils convoquĂ©s dans ce type d’action, mais sur la violence elle-mĂȘme, qui suivrait d’autres lignes de partage. Ceci nous conduit Ă  dĂ©finir la violence avant tout comme un opĂ©rateur de distinction entre des groupes sociaux qui ont le droit lĂ©gal, le pouvoir matĂ©riel et symbolique d’en user et des groupes sociaux qui en sont lĂ©galement, matĂ©riellement et symboliquement dĂ©pourvus.
France mĂšre des arts, des armes et des lois ! Joachim du Bellay. Contexte historique : 1558. Joachim du BELLAY (1522-1560), Les Regrets (1558). La France, au cƓur de cette histoire. Renaissance et patriotisme. Il renonce Ă  faire la guerre pour faire des vers, autre preuve d’amour pour le pays. L’éloge de la France est un thĂšme France, mĂšre des arts, des armes et des lois, Tu m’as nourri longtemps du lait de ta mamelle Ores, comme un agneau qui sa nourrice appelle, Je remplis de ton nom les antres et les bois. Si tu m’as pour enfant avouĂ© quelquefois, Que ne me rĂ©ponds-tu maintenant, ĂŽ cruelle ? France, France, rĂ©ponds Ă  ma triste querelle. Mais nul, sinon Écho, ne rĂ©pond Ă  ma voix. Entre les loups cruels j’erre parmi la plaine, Je sens venir l’hiver, de qui la froide haleine D’une tremblante horreur fait hĂ©risser ma peau. Las, tes autres agneaux n’ont faute de pĂąture, Ils ne craignent le loup, le vent, ni la froidure Si ne suis-je pourtant le pire du troupeau. 1"France, mĂšre des arts, des armeset des lois" Joachim du Bellay (XVI° siĂšcle) 2 Pour plus de dĂ©tails voir « L’artillerie, mĂšre d’autres armes » par le gĂ©nĂ©ral de corps d’armĂ©e A. Boussarie, Revue historique des armĂ©es, N°1-2, 1975, pp. 181-217. Mais les artilleurs ne s’avouĂšrent pas vaincu et au cours de la
Depuis la Renaissance, la mĂšre allĂ©gorique » incarne la France ou la RĂ©publique, dans les poĂšmes, les chansons, les discours. Au XXe siĂšcle, on peut tourner en dĂ©rision cette allĂ©gorie. France, mĂšre des arts, des armes et des lois ! »390 1522-1560, Les Regrets 1558 PoĂšte inspirĂ© comme beaucoup d’autres par l’amour du pays, il renonce Ă  la carriĂšre militaire pour faire des vers. La trilogie des arts, des armes et des lois » rĂ©sume l’histoire de cette Ă©poque si riche, si contrastĂ©e Le dialogue tour Ă  tour sanglant et serein qu’on appela Renaissance » Malraux, Les Voix du silence. L’historien du XIXe siĂšcle confirme L’aimable mot de Renaissance ne rappelle aux amis du beau que l’avĂšnement d’un art nouveau et le libre essor de la fantaisie ; pour l’érudit, c’est la rĂ©novation des Ă©tudes de l’AntiquitĂ© ; pour les lĂ©gistes, le jour qui commence Ă  luire sur le discordant chaos de nos vieilles coutumes. » Michelet, Histoire de France Toutes les citations qui suivent sont commentĂ©es dans nos Chroniques. Supplie trĂšs humblement ceux auxquels les Muses ont inspirĂ© leurs faveurs de n’ĂȘtre plus latiniseurs ni grĂ©caniseurs, comme ils sont plus par ostentation que par devoir, et prendre pitiĂ©, comme bons enfants, de leur pauvre mĂšre naturelle. »394 RONSARD, PrĂ©face de La Franciade 1572 Au cƓur des guerres de Religion, l’allĂ©gorie s’impose plus que jamais sous la plume du poĂšte patriote qui se bat aussi pour le français, langue en pleine Ă©volution. Combat gagnĂ© Ă  la fin du siĂšcle, contribuant Ă  faire l’unitĂ© de la France. Je veux peindre la France une mĂšre affligĂ©e,Qui est, entre ses bras, de deux enfants chargĂ©e. »545 Agrippa d’AUBIGNÉ, Les Tragiques 1616 TĂ©moin Ă  8 ans des horreurs de la guerre civile qui commence Ă  dĂ©chirer le pays, il combattra toute sa vie, Ă©pĂ©e ou plume Ă  la main. Cri de haine contre les catholiques, hymne Ă  la gloire des protestants, chant d’amour Ă  la France incarnĂ©e en femme. Par la voix du canon d’alarme, / La France appelle ses enfants. Allons, dit le soldat, Aux armes ! / C’est ma mĂšre, je la dĂ©fends. »Mourir pour la patrie, / C’est le sort le plus beau, / Le plus digne d’envie. »2128 MAQUET, paroles, et VARNEY, musique, Chant des Girondins 1847, entonnĂ© le 22 fĂ©vrier 1848 au matin, place de la Concorde ChƓur tirĂ© du Chevalier de Maison-Rouge, version théùtrale du roman historico-hĂ©roĂŻco-rĂ©volutionnaire signĂ© Dumas et Maquet. Grand succĂšs populaire, ce morceau va devenir la Marseillaise de la RĂ©volution de 1848 ». La RĂ©volution et la RĂ©publique sont indivisibles. L’une est la mĂšre, l’autre est la fille. L’une est le mouvement humain qui se manifeste, l’autre est le mouvement humain qui se fixe. La RĂ©publique, c’est la RĂ©volution fondĂ©e [
] On ne sĂ©pare pas l’aube du soleil. »2214 Victor HUGO, AssemblĂ©e lĂ©gislative, Discours du 17 juillet 1851 DeuxiĂšme RĂ©publique. PoĂšme en prose, violent et cĂ©lĂšbre, prononcĂ© devant une assemblĂ©e houleuse. Hugo est contre la rĂ©vision de la Constitution. Échec de Louis-NapolĂ©on Bonaparte
 avant le coup d’État du 2 dĂ©cembre, bientĂŽt l’Empire. La rĂ©conciliation des enfants au chevet de la mĂšre malade. »2652 Édouard HERRIOT, parlant avec ironie du nouveau gouvernement PoincarĂ©, 23 juillet 1926 TroisiĂšme RĂ©publique. AprĂšs-guerre, l’agriculture et l’industrie se redressent, pas les finances. L’inflation galope, les possesseurs de capitaux se mĂ©fient d’un gouvernement de gauche et Herriot est renversĂ©. Retour de PoincarĂ©, soutenu par l’Union nationale socialistes exclus saluĂ©e avec ironie par le partant.
Elleest lĂ , la singularitĂ© de la France, « mĂšre des arts, des armes et des lois ». Il est lĂ , l’apport de ce peuple maĂźtre du rĂ©cit universel : croire et assumer que ses rĂ©ponses ont The requested URL /la_bernique/2011/10/france-mĂšr was not found on this server. France, mĂšre des arts, des armes et des lois", pourquoi veut-on toujours y brouiller les premiers avec les derniers? Citation de cĂ©lĂ©britĂ©. Françoise Sagan. Artiste, Ă©crivaine (1935 - 2004) Images : citation de françoise sagan sur mere Belle phrase avec photo (Citation armes) TĂ©lĂ©chargez. Images d'une pensĂ©e : armes et lois. Veuillez trouver 2 formats d'image PubliĂ© le 21/10/2009 Ă  2136 Arrestation Ă  Villiers-le-Bel. Outre le trafic de drogue et le recel de vĂ©hicules volĂ©s, le millier de clans qui tient l'Ă©conomie des quartiers en France investit dans la contrefaçon. Le Figaro Des armes juridiques vont permettre de les dĂ©possĂ©der de leur patrimoine. Au palmarĂšs de l'Ă©conomie souterraine, les Hadjeras, de Tourcoing, dĂ©crochent la mĂ©daille d'or. Le pĂšre, la mĂšre et les six fils, trafiquants notoires, tous condamnĂ©s, pointaient au RMI mais possĂ©daient 95 comptes en banque, sur lesquels ils avaient dĂ©posĂ© quelque 900 000 euros. Ils dĂ©tenaient aussi onze appartements, 40 000 euros en bijoux. MĂȘme la grand-mĂšre, pourtant dĂ©cĂ©dĂ©e depuis dix ans, avait placé» plus de 13 000 euros Ă  la banque. Quand le commissaire Perez-Baquey, patron de l'Office central pour la rĂ©pression de la grande dĂ©linquance financiĂšre OCRGDF, Ă©voque l'argent sale en banlieue, l'exemple de cette famille lui vient instantanĂ©ment Ă  l' l'entendre, les voyous ont parfaitement intĂ©grĂ© dans leur plan de carriĂšre» le passage par la case prison. Mais pas la confiscation du grisbi», assure l'un de ses adjoints. Or c'est bien ce qui chagrine toutes ces familles versĂ©es dans le recel ou les stups. Dans quelques semaines, la justice sera en droit de confisquer les avoirs criminels dĂšs la phase de l'enquĂȘte prĂ©liminaire ou du flagrant dĂ©lit. Le parquet pourra prendre des mesures conservatoires, comme le fait le juge d'instruction prises de gages, d'hypothĂšques sur des biens meubles ou immeubles. Pour Ă©viter que les gens se rendent insolvables avant le jugement», confie le commandant Patricia Mathys, chef de la plateforme d'identification des avoirs criminels Piac de la PJ.Une vĂ©ritable rĂ©volution juridique»Toutes ces mesures figurent dans la proposition de loi Warsmann bientĂŽt discutĂ©e au SĂ©nat. C'est une vĂ©ritable rĂ©volution juridique», s'enthou­siasme Christophe Perez-Baquey. DĂ©sormais, les 4 × 4 et autres voitures de luxe des voyous pourront ĂȘtre vendues sans attendre par les Domaines. Le scandale de la conservation des vĂ©hicules en plein air dans les fourriĂšres, qui induit des frais de garde considĂ©rables pour l'État» est terminĂ©, se rĂ©jouit Jean-Luc Warsmann, prĂ©sident de la commission des lois Ă  l'AssemblĂ©e. La justice pourra aussi saisir leurs parts de sociĂ©tĂ©s selon une procĂ©dure simplifiĂ©e. Jusqu'alors, beaucoup de magistrats prĂ©fĂ©raient jour-lĂ , Ă  l'OCRGDF, quinze suspects sont en garde Ă  vue. Le gĂ©rant de fait d'une boĂźte de nuit vient de tomber en rĂ©gion parisienne avec tout son rĂ©seau. Ils sont malins, explique un policier. DĂ©sormais, les gros voyous ne sont plus propriĂ©taires. Sur le papier, tout appartient Ă  des proches. Et ils louent leurs voitures Ă  des sociĂ©tĂ©s créées sous des prĂȘte-noms pour apparaĂźtre comme de simples clients.» Le commissaire Julien Santaga, numĂ©ro deux du service, l'affirme Dans cette logique clanique, chacun joue son rĂŽle le trafic pour les garçons, le blanchiment pour les filles et le bas de laine chez les parents.»Sur les murs de son service s'Ă©tendent des listings de plusieurs mĂštres, comme des arbres gĂ©nĂ©alogiques Ă©tablis pour remonter aux bĂ©nĂ©ficiaires de montages parfois complexes. Les familles sont multicartes», explique l'un des cinq gendarmes affectĂ©s Ă  la Piac. Outre le trafic de drogue et le recel de vĂ©hicules volĂ©s, le millier de clans qui tient l'Ă©conomie des quartiers en France investit dans la contrefaçon. Par ailleurs, les escroqueries au guichet de l'État sont devenues un sport», assure le chef de l'OCRGDF fraudes aux Assedic, Ă  l'Assurance-maladie, sur fond de fausse dĂ©claration d'accident. Ce ne sont pas des cas isolĂ©s, c'est un systĂšme qui prospĂšre et s'amplifie avec la crise», commissaire Perez-Baquey a, depuis son bureau, une vue imprenable sur la citĂ© Pablo-Picasso Ă  Nanterre. Ce quartier, mis en coupe rĂ©glĂ©e par quelques familles, n'a pas bougĂ© une oreille durant les Ă©meutes de 2005. Un signe» inquiĂ©tant, estime le divisionnaire. Il faut les viser au portefeuille, c'est le seul moyen», dit-il. Au pied de ces tours sans Ăąme, un guetteur de 12 ans touche jusqu'Ă  1 500 euros par semaine?LIRE AUSSI » Train de vie et patrimoine seront scrutĂ©s par le fisc
LaFrance est fille de Rome, qui peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme la grand mĂšre des arts, des armes et des lois. C'est une opinion courante Ă  l'Ă©poque. C'est une opinion courante Ă  l'Ă©poque. Il
Louis XVI, exĂ©cutĂ© le 21 janvier 1793 La France n'abolit pas le deuil de son roi. Un trĂšs grand nombre de messes de Requiem sont dites aujourd'hui dans les villes de la tour du Temple oĂč il est incarcĂ©rĂ©, le roi est rĂ©veillĂ© Ă  5 heures du matin, il entend la messe. Il est conduit en voiture - et non dans le tombereau des condamnĂ©s - Ă  l'Ă©chafaud oĂč l'attend le bourreau Sanson avec ses Archives nationales conservent l'acte de dĂ©cĂšs tel qu'il rend compte de l'exĂ©cution Ă  10 de Louis Capet, 39 ans, le 21 janvier 1793. Lla tour du Temple. A la tour du Temple, il Ă©crit le 20 janvier ses derniĂšres volontĂ©s " Je demande un dĂ©lai de trois jours pour me prĂ©parer Ă  paraĂźtre devant la prĂ©sence de Dieu...Je recommande Ă  la bienveillance de la Nation toutes les personnes qui m'Ă©taient attachĂ©es..." Aucune de ses requĂȘtes ne sont accordĂ©es. Le bourreau Sanson tĂ©moignera des derniĂšres paroles du roi Messieurs, je suis innocent de tout ce qu'on m'inculpe. Je souhaite que mon sang puisse cimenter le bonheur des Français. France, mĂšre des arts, des armes, et des lois..."Joachim du Bellay Les Regrets XVI Ăšme siĂšcle.NB L'article de ce blog datĂ© du 21 janvier 2016 " A-t-on des nouvelles de M. de La PĂ©rouse ?" comporte une erreur de date. Il faut lire 21 janvier 1793. .